Damien Abad, ministre des Solidarités de l'Autonomie et des Personnes handicapées, est depuis quelques semaines visé par trois témoignages de femmes l'accusant de violences sexuelles, révélés par Mediapart.

L'une d'entre elles, "Laetitia" (le prénom a été modifié), une élue centriste, a porte plainte pour "tentative de viol", ce lundi 27 juin 2022, a appris France Télévisions, confirmant une information de Mediapart.

Au micro de FranceInfo, l'avocate de la plaignante, Me Raphaële Bialkiewicz, explique les raisons qui ont motivé sa cliente a entamé une procédure judiciaire : "Parce qu’elle est élue, parce qu’elle est décidée à tout faire pour éviter qu’il n’y ait d’autres victimes, et parce qu’elle entend démontrer sa foi en la justice".

Des faits non-prescrits

"Je suis allée déposer la plainte tout à l'heure pour des faits [qui se seraient] produits au premier semestre 2010", déclare l'avocate, précisant que "la prescription [pour "tentative de viol", NDLR] est la même qu’en matière de "viol", soit, de 20 ans." Ainsi, "les faits ayant été commis en 2010, ma cliente peut porter plainte jusqu’en 2030", poursuit-elle.

Les faits dénoncés remontent à l'époque où "Laetitia" était présidente de la fédération des Jeunes centristes, le mouvement de jeunesse du Nouveau Centre. Damien Abad venait d'être élu député au Parlement européen. 

Ma tête était coincée sous son bras, contre son torse, je ne pouvais pas me défaire, j'avais peur, j'étais sidérée.

Alors invitée à une soirée chez l'homme politique, à Paris, elle assure avoir vu "quelque chose" au fond du verre, servi par Damien Abad. Elle s'est immédiatement rendue aux toilettes pour "recracher" sa gorgée. Tout serait ensuite allé "très vite", selon son glaçant témoignage.

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L'eurodéputé l'aurait "poussée dans une pièce en face", avant d'essayer de la contraindre à une fellation. "Ma tête était coincée sous son bras, contre son torse, je ne pouvais pas me défaire, j'avais peur, j'étais sidérée. Je me suis débattue, je l'ai frappé dans le ventre."

Contestation de Damien Abad

Damien Abad a toujours réfuté ces allégations. Face à la plainte pour "tentative de viol" déposé contre lui, le ministre a à son tour porté plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre l'élue centriste.

À France Télévisions, il déclare : "Une nouvelle fois, je conteste avec la plus grande fermeté toute accusation de tentative de viol ou d'agression sexuelle portée contre moi". "Je ne laisserai pas ces accusations mensongères et scandaleuses sans réponse."

Borne attendue sur le maintien de Damien Abad au gouvernement 

Les premières accusations contre le fraichement nouveau ministre des Solidarités de l'Autonomie et des Personnes handicapées ont été rendues publiques par une enquête de Mediapart, le 21 mai 2022.

Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, nous tirerons toutes les conséquences de cette décision.

Maintenu à son poste par le gouvernement d'Elisabeth Borne, la Première ministre assurait le 22 mai 2022 : "Je vais être très claire  : sur tous ces sujets de harcèlement et d’agression sexuelle, il ne peut y avoir aucune impunité. […] Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, nous tirerons toutes les conséquences de cette décision". 

"Comme le dit la Première ministre depuis l’origine, il est important que les plaignantes saisissent la justice qui est la seule à pouvoir établir la vérité dans cette affaire de manière impartiale et dans le respect de la parole des femmes", ont déclaré à France Télévisions les services de la Première ministre.

Concernant les deux autres femmes qui ont accusé Damien Abad, l'une d'elle avait déposé plainte pour viol à deux reprises, en 2012 et 2017. Les deux fois, les plaintes ont été classées sans suite, d'abord pour "carence de la plaignante", puis "faute d’infraction suffisamment caractérisée".

Quant à la seconde femme, elle a transmis le 13 mai 2022 son témoignage à la justice par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles, dénonçant des faits de viol. Le 25 mai, le parquet a fait savoir qu'il n'ouvrirait pas d'enquête préliminaire "en l’état" sur ces accusations, faute "d’élément permettant d’identifier la victime."