Lectrices et lecteurs de Marie Claire Maison, passionnés de décoration n’avez-vous jamais déjà rêvé d’en faire votre métier ? Devenir architecte d’intérieur, faire de la décoration votre quotidien. 

Se réinventer professionnellement est une idée qui séduit de plus en plus. Selon un sondage réalisé en partenariat avec le CSA en janvier 2021 auprès de 1600 actifs français, un actif sur cinq est actuellement dans « un processus de reconversion professionnelle.* Faire toute sa vie le même métier est désormais révolu. Au même titre que l’on change d’entreprise, on peut désormais changer de métier. Mais il n’est pas toujours évident de se réinventer sans passer par la case formation. Une idée maintenant possible et accessible avec les formations proposées spécialement pour se reconvertir après une première vie professionnelle. Ces formations - pour certaines éligibles au CPF - esquissent la possibilité d’un nouvel avenir professionnel. 

Des questionnements qui font écho à l’actualité

La récente pandémie a également rebattu les cartes et nous a fait repenser notre bien-être au travail, mais aussi la définition que l’on mettait derrière le mot travail. En parallèle de ça, les confinements à répétition et le télétravail largement démocratisé nous ont poussés à revoir notre habitation. Certains ont développé un intérêt très fort pour la décoration et la nécéssité de se composer un intérieur confort, esthétique et surtout en accord avec leur mode de vie. Faire un nouveau métier, se réinventer et faire de sa passion pour la décoration, une activité professionnelle, c’est donc envisageable !

Vidéo du jour

Devenir architecte d’intérieur en reconversion professionnelle

Perte de sens dans le travail ou encore urgence de découvrir un nouveau métier, ces 5 architectes d’intérieur ont sauté le pas de la reconversion professionnelle. Formées à l’École Boulle en partenariat avec le GRETA, au LISAA ou encore au CREAD, ces architectes d’intérieur sont retournées des années après sur les bancs de l’école pour apprendre les bases et notions indispensables au métier d’architecte d’intérieur. Un métier connu pour être technique, dont certaines notions nécessitent une grande méthodologie et des connaissances très précises (mesures de passage, écartement sanitaire, électricité, plomberie...) mais aussi des apprentissages plus récents via des logiciels de 3D et de construction de plans professionnels tels que SketchUp ou encore AutoCad. Des compétences qui ne s’apprennent pas seul ou alors difficilement. Les formations proposées - pour la plupart à temps plein - permettent de se consacrer pleinement à cet apprentissage et de sortir avec une solide formation donnée par des professionnels du milieu. 

Quelles formations d'architecte d’intérieur choisir ? Comment financer cette formation ? Comment se lancer en tant qu’architecte d’intérieur ? Comment en vivre ? 5 architectes d'intérieur ont répondu à nos questions.

*source Le Point, février 2021

1/5

Caroline Andréoni

Caroline Andréoni Photograhe Neige Thebault
  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

Je m’appelle Caroline Andréoni, j’ai 41 ans, maman de 2 petites filles de 3 et 5 ans. J’ai grandi dans une famille d’artistes et de bâtisseurs et naturellement, je me suis orientée vers un cursus artistique. Après mes études, j’ai décidé de travailler dans l’immobilier. Très vite, j’ai ouvert mon agence immobilière à Nice et ai exercé ce métier pendant 10 ans. Lors des visites, je conseillais souvent mes clients sur les aménagements à faire pour optimiser leurs intérieurs. Je voyais tout de suite le potentiel des lieux que je visitais et avec le temps, je me suis forgé un vrai œil d’expert. Mais j’étais frustrée de ne pas pouvoir plus m’impliquer dans les rénovations des biens que je vendais. J’aimais le côté commercial, mais il me manquait le côté plus créatif, artistique. 

À 30 ans, j’ai décidé de tout plaquer, rentrer à Paris et reprendre mes études pour me former au métier d’architecte d’intérieur.

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Comment l'avez-vous financée ?  

Une amie m’a conseillé de suivre le cursus de l’École Boulle avec le GRETA que j’ai financé en fonds propres. J’ai foncé, enthousiasmé par l’idée de faire autre chose et de renouer avec mes premiers amours.

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu ? 

Se retrouver sur les bancs de l’école à 33 ans, c’est particulier, mais j’ai adoré retrouver mon carnet et mes crayons ! Les cours de perspectives, dessin et couleur, quel bonheur ! . En revanche, nous faisions à l’époque les plans à la main et j’avoue que j’étais assez perplexe de ne pas directement apprendre sur AutoCAD. La formation fut courte (6 mois, pour apprendre un nouveau métier, c’est quand même peu !) mais m’a beaucoup plu. Il me manquait néanmoins de l'expérience terrain.

Projet Foch - Caroline Andréoni

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s'est passé ? 

En sortant de l’école, j’ai postulé à un nombre incalculable d’offres, j’ai contacté de nombreuses agences d’architecture parisiennes, mais je n’ai jamais été rappelé. N’ayant aucune expérience dans l’architecture d’intérieur, mon profil n'intéressait personne. J’ai eu l’énorme chance de pouvoir reprendre un chantier en cours dont le client n’était autre que l’acquéreur de l’appartement de mes grands-parents dans lequel 20 ans plus tôt, j’apprenais à dessiner avec mon grand-père. Incroyable non ? Au fur et à mesure, de petits projets en petits projets les clients m’ont fait confiance. Par un effet de bouche à oreille, on a commencé à me confier des projets des plus en plus importants. Je me suis mise à tout relayer sur les réseaux sociaux, ce qui m’a permis de me créer une communauté fidèle et de toucher de nouveaux clients. L’aventure était lancée… Instagram a clairement été et est encore aujourd’hui un outil indispensable pour faire connaître notre travail. 

Ma petite revanche suite à ma reconversion ? Je recrute essentiellement des décorateurs reconvertis au sein de l’agence. Ils ont une énergie et une créativité débordante, ne se prennent pas trop au sérieux, et ont des profils aux multiples casquettes. 

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Bien, très bien même ! Aujourd’hui, nous sommes douze à l’agence et je ne regrette rien ! Certes, nous avons énormément de travail et les projets de rénovation réservent toujours leurs lots de surprises… Mais j’ai la chance d’avoir un carnet de commandes bien rempli et de pouvoir proposer de magnifiques projets de rénovation à mes clients. J’essaye de me challenger au maximum et de toujours proposer de nouvelles choses à mes clients, mais aussi à ma communauté qui me suis en ligne depuis sept ans ! 

Je souhaite rester accessible et continuer à travailler avec mon instinct, car pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien !

  • Qu'est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ?

De croire en vous ! De faire des stages, car il n’y a que sur le terrain que l’on apprend ! Et d’être persévérante, car c’est un métier difficile, dans lequel il est dur de se faire respecter (surtout lorsqu'on est une femme !) et qui demande d’être extrêmement polyvalente : vous devez être à la fois créatif, commercial, opérationnel, soigner votre relation client, gérer votre propre communication, faire votre comptabilité, être un bon manager pour vos équipes… C’est un métier qui demande énormément d’énergie et qui n’offre pas beaucoup de répit mais qui procure un bonheur immense !

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

L'année 2022 est un vrai tournant pour notre agence : de beaux projets B2B, une ouverture à l’international, une série sur les aventures de l’agence et le lancement de notre marque de mobilier et d’objets de décoration ! Rendez-vous le 15 Mai sur notre site Internet pour y découvrir notre toute première collection ! Et sinon, après Caroline Andréoni design d’intérieur en 2014,Caroline Andréoni la Maison en 2022, on se donne rendez-vous en 2023 pour Caroline Andréoni l’Ecole ? Why not ! Stay tuned ! 

2/5

Constance Laurand

Boucles d'or photographe
  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J'ai fait une école de commerce et j’ai travaillé dans les médias pendant 18 ans à Paris. J’ai toujours baigné dans l’univers de la décoration en travaillant notamment pour différents magazines et sites de déco. J’ai fait différents métiers et le dernier en date était dans une cellule créative d’un groupe de presse. Un jour, j’ai eu envie de donner plus de sens à mon métier. J’ai quitté mon boulot et suis partie à Lyon rejoindre mon mari. À l’aube de mes 40 ans, j’avais envie de donner du sens et l’arrivée à Lyon a précipité les choses. J’ai rénové notre appartement et là, j’ai eu un déclic : il fallait que j’en fasse mon métier et que je devienne architecte d'intérieur ! Je ne me voyais pas me lancer en autodidacte, j’avais besoin de suivre une formation diplômante pour me rassurer et pour me sentir légitime face à de potentiels clients.

À l’aube de mes 40 ans, j’avais envie de donner du sens, j’ai eu le déclic : devenir architecte d'intérieur !

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Comment l'avez-vous financée ? 

J’ai cherché sur internet et j’ai trouvé une école à Lyon CREAD qui propose une formation de "Décorateur d’intérieur". Après quelques démarches - lettre de motivation, dossiers - j’ai été prise. Arrivée en décembre à Lyon, j’ai démarré la formation très rapidement chez CREAD, établissement qui forme notamment des architectes d’intérieur. Au même moment, CREAD a lancé une formation "Architecte d’intérieur" en reconversion professionnelle. J’en ai profité et j’ai donc enchaîné les deux formations. Soit six mois suivis de neufs mois, donc 2 ans. Quand on retourne à l’école à 40 ans, on se donne à 100%. Ma première formation de décorateur a été financé à 50% par Pôle Emploi et 50 % par mes fonds propres, tandis que j’ai financé à 100% la formation d’Architecte d’intérieur.

Le métier d’architecte d’intérieur est un métier où votre responsabilité peut facilement être engagée et qui nécessite des assurances obtenues uniquement si on est reconnu en tant qu’architecte d’intérieur.

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu ? 

Durant la formation, la charge de travail a été colossale, il faut être prêt à travailler tout le temps. Quand on se reconvertit à 40 ans, on a souvent une famille et il est essentiel que celle-ci vous soutienne dans votre projet. C’est la clé de la réussite de vos études.

Il y a des matières qu’on aime plus que d’autres mais j’ai adoré retourner à l’école ! Apprendre des choses que vous aimez et qui vous passionnent donne tellement d’énergie. 

Durant la formation, il faut être prêt à travailler tout le temps.

Projet Léon Constance Laurand

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s'est passé ? 

J’ai fini mes études en juillet alors que j’étais enceinte de quelques mois de ma fille. Elle est née au mois de novembre et en décembre, des amis m’ont proposé de rénover un plateau vide à Boulogne. Ce n’était pas le chantier le plus simple car tout était à faire, ma fille avait un mois mais j’ai accepté. C’était intense en émotions mais ça s’est très bien passé. C’était un très gros premier chantier ! Cela a été une vraie chance pour moi parce que ce premier projet m’a vraiment mis le pied à l’étrier avec tout à faire : plan d’aménagement, plans techniques, mobiliers sur mesure, suivi de chantier, choix des matériaux… Cela m’a vraiment aidé à me sentir plus confiante pour les chantiers suivants.

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Ça ne s'est jamais arrêté depuis trois ans, j’ai beaucoup de chance mais je travaille énormément ! C’est un métier passion où il ne faut pas oublier de garder du temps pour soi et pour sa famille. Depuis le début, j’ai pris le parti de communiquer régulièrement sur Instagram ce qui m’aide aujourd’hui beaucoup en terme de business. Celui-ci vient par le bouche à oreilles et par Instagram.

  • Qu'est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

Il faut croire en ses rêves plus que jamais et le faire avant qu’il ne soit trop tard ! Pour moi, il a été urgent de le faire à 40 ans. On ne s’en rend pas bien compte quand on décide de changer de vie professionnelle mais vous êtes en fait riche de toutes vos expériences professionnelles précédentes. Tous les métiers que j’ai pu faire avant m’aident en permanence aujourd’hui : la communication, le marketing, le commercial… tout cela m’aide tellement !

Il faut aussi être très à l’écoute de ses clients, j’ai besoin que mes clients me racontent comment ils vivent : s'ils aiment cuisiner, recevoir des amis, .... Il faut entrer dans leur univers pour leur faire un projet sur mesure.

Je leur demande aussi d’aller voir mon univers, mon compte Instagram et mon site afin de voir si cela correspond à leurs goûts. Je vais évidemment m’adapter à leurs envies mais il faut qu’ils y adhèrent un minimum, sinon je préfère ne pas prendre le chantier.

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ? 

L’année 2022 s’annonce bien avec de beaux projets à Lyon et à Paris. La clé est d’avoir de bonnes équipes d’artisans dans les 2 villes, en qui l’on a entièrement confiance. Un des grands plaisirs de mon métier est de dénicher des savoir-faire plus spécifiques pour mes chantiers : récemment j’ai eu besoin de faire travailler une céramiste, une artiste qui a peint tout un ciel dans un escalier, … Au sein de mon agence, je travaille aujourd’hui avec une architecte d’intérieur et une stagiaire.

3/5

Atelier Hans

Atelier Hans
  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’ai travaillé pendant 15 ans dans la mode au sein du groupe LVMH, à des postes différents : au développement produit et aux achats des collections… Passionnée de mode, mais aussi d’architecture et de décoration, j’ai toujours aimé regarder comment c’est chez les gens, comment ils vivent. Les intérieurs sont un révélateur de personnalité au même titre que les vêtements. Après toutes ces années dans la mode, domaine que j’ai adoré et que j’adore toujours, j’avais envie d’explorer une autre facette de moi. On est dans une époque où on peut se réinventer, essayer un autre métier. Pour moi, ce sont des métiers connexes aux problématiques parfois similaires. La recherche du Beau et de l'esthétisme est présente dans ces deux univers. Ce sont aussi deux métiers où il est question des matériaux, de couleurs… Et enfin, on raconte des histoires, autant pour des collections de vêtements ou d’accessoires que pour la décoration d’un appartement. Pour moi, la démarche est intellectuellement semblable. Ce changement s’est donc fait dans la continuité et assez naturellement. Enfin… Je crois que j’avais envie de faire marcher mes deux cerveaux ! Dans mon métier antérieur, j’étais du côté business de la création. Maintenant, j’explore la création tout en gardant une vision business.

La recherche du Beau et de l'esthétisme est présente dans ces deux métiers

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Comment l'avez-vous financée ? 

J’ai quitté mon entreprise et j’ai choisi de faire une formation à LISAA qui propose un programme en 1 an de design intérieur et décoration. C’est une formation courte et complète qui permet d'acquérir les bases et qui a l'avantage d’être intégrée dans une école d’architecture : les interventions d’architectes en exercice ont une approche très concrète du métier et on dispose de tous les outils pour créer son agence par la suite. C’est une formation qui donne tous les outils clés en main. C’était nécessaire pour moi de répondre à la question de la légitimité qui m’interrogeait et cela m’a permis d'asseoir cette dimension académique. Même si mes clients ne me demandent finalement pas mon diplôme, c’est rassurant.

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation est structurée autour d’une partie théorique et une partie plus pratique avec un stage. Ce qui m’a plu, c’est le côté concret et professionnalisant. D’autant qu’en parallèle des cours, j’ai commencé à travailler sur différents projets, ce qui me permettait de mettre en œuvre ce que j’apprenais en cours. Cette double vie était intense, un peu douloureuse parfois pour être honnête, mais formateur in fine. Cette expérience, je l’ai complété avec un stage qui a été très intéressant et m’a permis de voir comment d’autres mènent leurs projets. C’est un bon benchmark lorsque l’on commence dans un nouveau métier. … Enfin, je dirais que cette formation m’a aussi permis de constituer un réseau de pairs et de développer des amitiés professionnelles (aller ensemble aux salons, voir des expositions, se donner des conseils… ).

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s'est passé ? 

Ça a commencé par des cercles de proches, d’amis qui m’ont confié leur rénovation. Des amis d’amis et ensuite Instagram, un outil assez puissant qui m’amène des clients complètement extérieurs. Maintenant, c'est 50 % bouche à oreille 50 % Instagram. C'est une clientèle intéressante, car ils viennent nous chercher pour notre style. Il y a des archi qui s’adaptent, mais je pense qu'inconsciemment ou sciemment, on apporte un style, une patte.

  • Comment se passe cette reconversion depuis ? 

Ça se passe bien, les projets s’enchaînent naturellement. Mon challenge est de tout gérer et de répondre à toutes les demandes. Je me suis beaucoup investie et il faut arriver à équilibrer la vie pro et vie perso. Du coup, en ce début d’année, j’ai embauché ma première stagiaire pour m’accompagner dans mes différents projets ! Cela me soulage en termes de charge, mais me permet aussi d’avoir une émulation, un échange, là où je devais tout assumer seule. Cette solitude de l’entrepreneur n’était pas forcément facile, surtout que j’ai jusque-là évolué en entreprise et ai toujours travaillé en équipe. 

  • Qu'est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

Je dirais de ne pas oublier qu’il y a un double enjeux : d’un côté le changement de métier et de l'autre, la création entreprise. Dans le métier d’architecte d’intérieur, il y a une vraie dimension créative et une autre business dans laquelle il faut être à l’aise. Il ne faut pas sous-estimer cette part.

Par ailleurs, il y a beaucoup d'humain, de proximité avec les entreprises, mais aussi et surtout avec les clients, on rentre dans leur intimité, c’est un vrai accompagnement. Il faut faire preuve d’une grande écoute, de psychologie : c’est un vrai investissement émotionnel auquel on ne s’ attend pas forcément.

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Pour 2022 ? D’abord continuer à développer mon agence en créant notamment une petite équipe soudée… Et ensuite, c’est de diversifier mes projets… Jusque-là j’ai fait beaucoup de résidentiel, cette année, je vais travailler sur un projet commercial et ainsi explorer de nouveaux enjeux… De la nouveauté et des challenges donc qui, je suis sûre, feront que je ne m’ennuierai pas ! 

4/5

Laurie Aufschneider

Laurie Aufschneider - Photographe Yannick Calvez
  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’étais chef de projet communication en agence de publicité et ma dernière expérience chez l’annonceur a révélé en moi un manque de créativité énorme qui m'a poussé à réaliser que je m’ennuyais dans ce métier. J’avais besoin d’un métier qui prenne vie et qui se réalise concrètement. J’avais en tête depuis un certain temps ma passion pour la déco, j’ai refait mon appart à Glasgow, j’adore chiner et faire des travaux. 

Il me fallait du créatif et de l'architecture, donc le métier d’architecte d’intérieur me parlait beaucoup ! 

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Comment l'avez-vous financée ? 

J’ai suivi GRETA CDMA à l’école Boulle j’ai trouvé sur internet et j’ai appelé l’architecte d’intérieur Cécile Humbert qui m’a conseillé cette formation. J’ai financé cette formation avec mes fonds propres. Je n’ai pas pu bénéficier des aides de l’Etat, ni du Pôle emploi car avec mon Bac +5 en communication, ils estimaient que c’était plus une volonté personnelle. 

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation a duré six mois en présentiel à l’école Boulle et un mois de stage. On avait plein de professeurs différents et de matières différentes. Au début, on se concentre beaucoup sur le dessin, la réflexion et l’optimisation de l’espace, l’apprentissage de mesures standards (hauteur plan de travail, passage…) Ensuite, on est passés à l’apprentissage des logiciels : Autocad, Sketchup, Artlantis (rendu 3D). Tout au long de la formation, on a un projet à mener à terme et à présenter devant des professionnels de l’architecture et des architectes d’intérieur. On devait présenter le projet à la fin de la formation. Ça s’est super bien passé ! Nous avions un véritable loft à Paris, qu'on a visité. On devait faire un projet public à la fois privé, accueillant du public et un appartement privatif. J’ai inventé un atelier pour faire du gin où les invités pouvaient choisir dans le jardin les essences de gin, avec un endroit d'accueil et un endroit de conception du gin. C’était intéressant à faire. Et au-dessus, un appartement privatif à imaginer pour une famille. En nous demandant ce genre de projet, on réfléchit à 2 types de public : toutes les normes ERP (établissement à recevoir du public) et toute la partie privée plus “simple”, plus déco, plus petite car la surface publique était plus importante. Cela nous a permis d’avoir les 2 côtés.

La difficulté, c’est de retourner à l’école à 30 ans, de changer de vie perso. Des projets à rendre tous les lundis donc peu de temps perso à côté. Il a fallu travailler le soir, le weekend. La première difficulté était lors du rendu de maquette. Je ne l'avais jamais fait auparavant, c’était un gros challenge. Mais on se rend vite compte qu’on peut s’en sortir et on se donne. Il fallait que ce soit à l’échelle. C’était le plus dur, il fallait convertir pour être juste. Mais je me suis bien amusée à faire cette maquette. Ils nous ont laissé chercher par nous même mais c’était bien. Les cours de dessin nous ont appris la technique du point central. Le dessin technique, plus scolaire, consistait à dessiner des coupes face, de côté, de profil et du dessous, c’était très intéressant. C’était intense ! La tête pleine de nouvelles notions et le soir il faut continuer. Le cours d’histoire de l’art était passionnant, on apprend plein de choses, c’est assez incroyable. Après les études, on apprend moins et là on apprend tous les jours. 

Le stage je l’ai trouvé via Instagram chez Atelier Devergne, c’était très intense mais bénéfique car on pratique les vrais outils, on présente au client un plan, moodboard… 

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s'est passé ? 

Après le stage, je n’ai pas voulu me lancer tout de suite seule (syndrome de l'imposteur) j’avais besoin de me rassurer avec des expériences.  J’ai trouvé dans une agence d’architecture d’intérieur, Label Experience, par le biais d’un contact. Ils ont été séduit par ma double casquette car c’est leur deux métiers. C’est une agence hybride qui combine marketing et architecture d’intérieur.  J’y suis restée six mois et il y a eu le covid ! Il a fallu que je me lance à mon compte. Finalement sans le covid, je me serais pas lancée aussi vite à mon compte. 

Pour me lancer, j’ai commencé à faire mon site internet pendant le confinement avec le peu de contenu que j’avais. Finalement ça me faisait une première présence sur internet. Je l’ai posté sur Linkedin, et finalement j’ai été contacté par une ancienne élève de mes études de marketing. Elle travaillait pour un promoteur immobilier et elle cherchait une architecte d’intérieur. Ils leur fallait un premier devis et les accompagner dans la création d’un showroom pour présenter les matériaux. J’ai donc créé ce showroom qui représentait une maison avec des arches et on rentrait dans le projet avec tous les éléments, les matériaux et c’était plus visuel pour les clients de se projeter. Et ce premier projet m’a lancé et m’a donné confiance en moi. Les autres clients, c’est beaucoup de bouche à oreille. 

Finalement sans le covid, je me serais pas lancée aussi vite à mon compte.

Projet S&C Laurie Aufschneider

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Maintenant je fais à la fois de la rénovation de bureaux mais aussi des logements particuliers. On m’a contacté pour une maison de santé. L’idée est de varier les projets, pas uniquement que du particulier. Ça fait deux ans mais là je sens une évolution, mon réseau s’agrandit, j’ai même des projets grâce à des chefs de chantier. Finalement ça se fait tout seul ! J’ai été contacté via instagram. C’est la recommandation qui prime. 

Dans un premier temps, on commence par un rendez-vous téléphonique pour comprendre le projet, le budget, les souhaits et bien comprendre leurs besoins. Quand j’ai bien cerné, j’envoie un devis. Puis je passe au relevé métré. Puis vient la phase de conception, la phase de dossier de travaux et la phase suivi de chantier. J’aime beaucoup la phase de conception, repartir d’une page blanche tout en prenant en compte les contraintes du lieu. Dessiner un projet qui correspond au mieux au projet des clients. C’est très psychologique, connaître les usages pour répondre aux mieux aux besoins des clients. La recherche de matériaux est très intéressante aussi, je cherche constamment des matériaux originaux, pas trop vus tout en respectant le budget. Le suivi de travaux peut être délicat et nécessite une bonne communication avec l’entrepreneur. Il faut se créer un carnet d’adresse et rencontrer les personnes et voir si ça passe ou pas. Au fur et à mesure on étoffe son carnet d’adresse : un bon menuisier, un bon peintre avec des belles finitions.. Après on s’aide entre archi et avec la formation, on garde des contacts et on s’en donne.

  • Qu'est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

Il faut foncer ! Il ne faut pas avoir peur de ce qu’il va se passer après. Il ne faut pas regarder la montagne mais le passage qu’on est en train de se créer et on va réussir à gravir la montagne. Il ne faut pas se mettre des bâtons dans les roues avant de commencer. Finalement, les portes s’ouvrent au fur et à mesure. Les contacts se font naturellement. Tester des logiciels pour voir si c’est quelque chose qui vous intéresse. On peut supprimer cette première barrière facilement. Ça m’a boosté ! 

Je voudrais proposer de plus en plus des matériaux plus responsables, des peintures écologiques.

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Je vais faire beaucoup de sur-mesure, dessiner des meubles de A à Z. Je vais aussi travailler avec Marie-Sophie Donnedieu pour cumuler nos compétences et avoir des projets de plus grande envergure. Et proposer des matériaux plus responsables, des peintures écologiques, éviter de tout déposer (j’ai convaincu des clients de garder un parquet des années 70 juste de le poncer) car cela à un intérêt financier mais surtout un intérêt écologique !

5/5

Isabelle Soler

Isabelle Solers Atelier_h4
  • Pouvez-vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre précédent métier et ce qui vous a poussé à changer de voie professionnelle ? Quel a été le déclic ? 

J’ai passé 30 ans en tant que journaliste pour de l’information et des magazines comme le Magazine de la Santé. J’ai notamment travaillé pour TV5 Monde. En parallèle de ma vie professionnelle, j’ai toujours été très intéressée par l’architecture ancienne, j’ai acheté mon premier appartement seule que j’ai rénové puis au fur et à mesure, j’ai acheté, rénové avec mon compagnon plusieurs fois. C’est comme ça que j’ai développé un sens aigu pour l’immobilier et la rénovation. 

  • Quelle formation avez-vous suivie ? Comment l'avez-vous trouvée ? Comment l'avez-vous financée ?

TV5 Monde a proposé en 2020 des départs et j’ai décidé d’en profiter pour me réinventer et suivre la rénovation et la décoration qui m’ont toujours intéressée. J’ai été rassuré par le fait de former dans une école. Malheureusement, il n’y a pas énormément de formations pour devenir architecte d’intérieur. Il y a l’école Boulle à Paris mais il faut disposer de compétences en dessin au préalable. De plus, je cherchais une place pour septembre 2020 et l'école Boulle ne proposait qu’une rentrée en janvier 2021. J’ai eu la chance d’être acceptée à LISAA et j’ai pu commencer ma formation en septembre 2020 comme je le souhaitais. En termes de financement, c’est le plan proposé par TV5 Monde qui m’a proposé de financer ma reconversion et de conserver pendant une durée limitée mes ressources financières à taux plein et c’est un sacrée chance ! 

  • Pouvez-vous nous parler de la formation ? Quelles ont été les contraintes et ou difficultés rencontrées ? Qu'est-ce qui vous a le plus plu ? 

La formation a courru de septembre à juin 2021 dont trois mois de stage que j’ai réalisé chez une architecte d’intérieur déjà connue, amie d’ami. Elle est auto-entrepreneur, c’était tout à fait ce que je recherchais pour une première expérience car j’ai toujours été salariée en entreprise et j'ambitionnais un futur professionnel en totale autonomie. La formation a été très dense car il faut assimiler en 6 mois toutes les bases qui servent à un architecte d’intérieur telles que des ressources informatiques comme le logiciel Sketchup qui a été une grande difficulté pour moi et des notions techniques très précises. Dans architecte d’intérieur, il y a architecte et cela comprend beaucoup de notions techniques. Il est vrai que c’était parfois très lourd mais je me suis accrochée. 

Dans architecte d’intérieur, il y a architecte et cela comprend beaucoup de notions techniques.

Lors de la formation, nous avions 2 projets à réaliser : le premier en décembre. Il fallait rendre un projet pour un client fictif mais dans les règles de l’art, grandeur nature en maîtrisant tous les outils : moodboard, plans, devis…. Le 1er a eu le mérite de mettre en lumière les sujets que je devais intensifier. Le deuxième a été mieux reçu et m’a bien plus encouragé et je me suis sentie plus à l’aise sur Skechup notamment. La formation a été vraiment très complète et j’ai appris beaucoup de notions indispensables à ce métier comme les mesures techniques, la prise de cote, le dessin en perspective et le dessin de plans à la main ! Une technique un peu ancienne puisqu'il y a des logiciels pour ça maintenant mais une bonne chose à connaître. J’ai également appris les calculs en perspective et toute la partie administrative et financière : faire des devis, calculer les coûts de main d'œuvre, etc… 

C’est une grande partie dans le métier d’architecte d’intérieur, il nous ont prévenu à LISAA, architecte d’intérieur c’est : un tiers esthétique, un tiers administratif et un tiers financier, c’est quelque chose à savoir ! Mon stage m’a permis de réaliser certains aspects de ce nouveau métier qu’il fallait que j’intensifie mais j’ai été bien accompagné par une personne bienveillante qui m’a aidé. 

Projet Bastille Atelier H4

  • Pouvez-vous nous raconter le lancement de votre activité ? Comment avez-vous trouvé votre premier chantier ? Comment cela s'est passé ?

Mon premier projet a été pour des personnes de ma famille avec qui cela s’est bien passé mais il faut être conscient que ce n’est pas toujours le cas malheureusement, surtout quand on est proches. J’ai aussi la chance, avec mes nombreuses rénovations à mon actif, d’avoir rencontré un entrepreneur qui me suit et qui sait répondre à mes interrogations. C’est rassurant et agréable de travailler avec une personne comme ça. 

  • Comment se passe cette reconversion depuis ?

Mon activité a commencé en septembre 2021 et je prends confiance en moi, les choses se mettent en place naturellement. Grâce à mes ventes de biens, je connais beaucoup d'agents immobiliers ce qui m'amène des clients et des sollicitations. C’est aussi du bouche à oreille, mon nom circule. 

  • Qu'est-ce que vous donneriez comme conseil aux personnes qui ont envie de se lancer ? 

De se former en amont et de se renseigner. Sketch Up est un logiciel indispensable et demande une réelle maîtrise. Ce n’est pas toujours évident de se lancer dans ce genre de logiciel. Il y a aussi les autres ressources informatiques à connaître comme Layout, Indesign… Si vous avez déjà des bonnes bases, vous gagnerez du temps pendant votre formation. Il y a aussi une revue Le Moniteur qui peut être utile. C’est un métier pas facile, qui demande du temps et de la concentration et les vacances quand on est à son compte, ce n’est pas la priorité !

C’est un métier pas facile, qui demande du temps et de la concentration

  • Quels sont vos prochains projets et objectifs ?

Signer plus de chantiers et consolider mon entreprise.

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