Pourquoi le confinement donne (enfin) tort à Marie Kondo

studio avec lit canapé et mur blanc
Sagement confiné à la maison, notre tête à tête avec notre intérieur nous fait réaliser que le temps est bon pour les accumulateurs, les collectionneurs, les bricoleurs... Ils ont eux tout compris à la vie, ils ont de quoi s'occuper ! Ce n'est pas le cas de tout le monde...

La quatrième semaine de confinement débute et les injonctions continuent de pleuvoir ici et là. Nous qui manquions tant de temps nous voilà en tête à tête obligatoire avec lui, et avec notre intérieur par extension. L’un étant soi-disant une aubaine pour l’autre : ce temps de confinement c’est le moment où jamais de (re)jeter notre dévolu sur notre lieu de vie, de le repenser, de déplacer les meubles, réorganiser nos pièces et surtout ranger et trier notre chez nous comme jamais. Oui mais (car il y a toujours un « mais », vous le savez bien) : faut-il encore avoir des choses à ranger ?

Le confinement signe t-il la fin de la méthode KonMari ?

Se vautrer dans le rangement apparaît comme l’une des activités les plus saines du moment puisqu’elle respecte le fameux et précieux rester chez soi, comprenez le #stayathome pour les plus connectés. Avec le retour forcé de ces injonctions, ranger et trier (sans compter toutes les autres, on vous épargne l'énumération), voici donc que tout le monde brandit de nouveau la grande prêtresse du rangement pour nous guider dans le droit chemin, j’ai nommé : Marie Kondo. La Japonaise s’est faite connaître avec sa méthode KonMari : un système de rangement, un quasi art de vivre, qui consiste à jeter tous les objets qui ne nous procurent aucune joie. Cette photo, ce bibelot, ce bol ne déclenche pas en vous une "étincelle de joie" ? Direction la poubelle ! Marie Kondo fera d'ailleurs la joie des accros au style minimaliste avec un prochain et inédit programme Netflix. Baptisé « Sparking Joy », littéralement « Créer de la joie », elle y reprendra du service pour prêcher sa bonne parole de gourou du rangement dans de petites villes américaines afin d'y réaménager l’espace public, mais aussi les bars, les restaurants… Bref, pour résumer : une série où elle sortira de chez elle, la veinarde…

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Créer de la joie en accumulant !

Créer de la joie en triant, en rangeant, en jetant, en se séparant de tout ce qui nous est inutile, comprenez ce qui ne nous procure aucune joie, ces conseils n’ont que trop duré. C'est le constat de ces quatre semaines de confinement en tête à tête avec notre intérieur. Il est temps de juger ces préceptes comme il se doit, de les mettre dehors et de leur claquer la porte au nez. Si le confinement est une bien triste aubaine pour ranger son chez soi, studio comme grande maison, c’est aussi un temps offert pour méditer sur notre intérieur qu’on ne regardait guère plus, qu’on aurait eu tendance à délaisser même, trop occupés que nous étions à - désolée de devoir vous énumérer, remémorer le bon vieux temps disparu - cumuler les soirées, les dîners au restaurant, les sorties ciné, les balades le dimanche...Trop soucieux de savoir si l’herbe était plus verte ailleurs que chez soi. Sauf qu’il n’y a plus de possibilités d'ailleurs, encore moins d’herbe sous nos pieds, il n’y a que ces quatre murs et notre imagination. Et voilà comment depuis quatre semaines notre maison se retrouve coincée elle-même sous nos interprétations les plus philosophiques variant selon les jours ( et le moral qui va avec) comme une prison ou un refuge. Dans cette prison dorée, on observe en rangeant, réorganisant, déplaçant les meubles que 1/ ce refuge est (fort heureusement) évolutif comme la vie, que tout y bouger équivaut à une sensation simple et efficace de renouveau mais que  2/ ce refuge de ville ou de campagne peut manquer cruellement de choses (outre du savon ou du gel hydrocalcoolique cela va de soi !). 

Voilà comment ce (premier ?) épisode de confinement se transforme en une étrange et double prise de conscience. Si on ressent une nécessaire déconsommation advenir, elle va de pair avec une étrange culpabilité a avoir jeté certaines choses sous la pression des papesses du tri et des injonctions du monde extérieur encore trop souvent soumis au règne des anti-casaniers et des anti-accumulateurs. Ceux-là voient leur monde s’écrouler - vous ne pouvez constater mon large sourire à l’écriture de cette phrase. Ce confinement forcé par cette ignoble crise sanitaire voit advenir la surprenante victoire des accumulateurs, des collectionneurs, des sentimentaux, des maximalistes, des bricoleurs… Ceux qui ont chez eux le nécessaire comme le superflu, qui ne se sont pas laissés corrompre par la grande manie qui consiste à « faire le vide chez soi pour se vider la tête ».

Voici venue la surprenante victoire des accumulateurs, des collectionneurs, des sentimentaux, des bricoleurs...

Coincé.e.s à la maison, seul.e ou à plusieurs, c’est le moment opportun pour réaliser qu’il n’était pas si malin que ça de se séparer de certaines de ces choses qui ne nous procuraient pas cette fameuse joie à l’instant précis où l'on s'interrogeait sur leur présence dans nos placards ou sur nos étagères. Car à présent, ces choses auraient pu nous occuper, et osons le dire, carrément nous procurer de la joie au cours de ces journées sans fin. Voici une petite liste exhaustive de ces bien regrettés. Les revues qui, depuis des mois, s’entassaient sous la table basse et qui ont toutes fini dans la poubelle jaune, elles nous auraient été bien utiles pour nous évader. Idem pour ces tas de livres qui traînaient à côté de la bibliothèque dont on se demandait bien pourquoi on les avait achetés et qui ont terminé vendus sur le net. Ces souvenirs déco ramenés de voyage et que l’on jugeait plus assez bien pour notre déco tendance, on aurait peut-être eu le temps de leur trouver une place de choix…. étant donné tout le temps qu’on a devant nous maintenant. Même regret pour cet appareil de  petit électroménager qui ne marchait plus et dont on s’est séparé en se disant que le bricolage et nous ça faisait trois, on a aujourd’hui tout le temps d’apprendre à réparer nos objets du quotidien grâce à des tutoriels en ligne. Sans oublier aussi ces jeux de société que les moins de vingt-ans ne peuvent pas connaître et qui nous auraient été d'une grande aide pour faire une pause loin des écrans. En ces temps troublés, les accumulateurs prennent leur revanche, du moins dans la sphère domestique : leur résistance aux sirènes du minimalisme a eu gain de cause, ils ont eux de quoi s’occuper, trier, ranger, réparer, bricoler, jouer, décorer. Ne vous méprenez pas, ceci n'est pas une ode à la (sur)consommation... quoique le confinement a du bon pour nous faire réaliser qu'il nous manque cruellement toute une série d'éléments pour fabriquer nos propres produits ménagers, tout comme il nous manque pas mal d'équipements côté cuisine pour enchaîner la création de (bons) petits plats, des bocaux aussi pour dire un adieu sincère et durable aux cartons d'emballage, on ajoutera à la liste des manquements aussi de quoi faire son potager chez soi... Finalement, filer à la quincaillerie sera peut-être l'une des priorités (parmi tant d'autres) de la vie d'après. D'ici là, restez confinés et multipliez les "étincelle de joie" avec votre déco chez vous !

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