« C’est tellement facile de fabriquer un enfant et tellement difficile de l’élever. » Hicham l’écrit si bien dans une lettre adressée au juge des affaires familiales. Flora vient de naître, et s’il en est le géniteur des suites d’une « soirée arrosée » avec Andréa, cette dernière prévoit d’élever son bébé avec Colette, sa compagne. C’est Colette qui l’a convaincue, dans la précédente saison, de le garder et de fonder ensemble une famille. Voilà trois épisodes qu'Hicham menace de reconnaître Flora. Mais dans ce courrier inespéré qu’il lit face caméra, il renonce aux droits parentaux que son statut pourrait lui donner, et ce, pour permettre à Colette d’être le deuxième parent de Flora. « En toute légitimité », ajoute-t-il, au même titre qu’Andréa. Vous suivez ? Oui, c’est compliqué. Parce que la situation des familles homoparentales l’est aujourd'hui en France.
"C'est tellement facile de fabriquer un enfant et tellement difficile de l'élever." ?? pic.twitter.com/bOCbyPM462
Parce que je crois que la meilleure protection des liens avec les enfants, c'est le respect entre les parents. Tous les parents
Malgré cet heureux dénouement, la scène clé dit aussi cela : le géniteur a le pouvoir décisionnaire pour toute une famille. Et deux femmes sont suspendues à ses lèvres, à ses doutes... jusqu'à son dernier mot, sa décision finale. En même temps qu’Hicham récite sa lettre aux téléspectateurs, Andréa et Colette la découvrent. L’état de Colette - effondrée - et le sentiment de délivrance d’Andréa à la lecture racontent aussi cette situation de blocage dramatique.
Une minute "nécessaire et émouvante" pour les téléspectateurs
Hicham conclut : « Parce que je crois que la meilleure protection des liens avec les enfants, c’est le respect entre les parents. Tous les parents. » Une minute chrono. Une minute qui balaie les longs débats grâce au choix des mots des scénaristes pour le personnage d’Hicham. Simples mais précis, puissants. Colette pleure à chaudes larmes, Andréa en retient une en levant les yeux au ciel... et de nombreux spectateurs sanglotent aussi. Un peu comme Andréa ou beaucoup comme Colette.
« Est-ce que j’ai pleuré en voyant cette scène ? Évidemment. Merci Dix pour cent pour ce joli moment », commente la journaliste Emilie Lopez, qui n’a jamais hésité à parler à l’écran de sa relation avec sa compagne. Les téléspectateurs qui tweetent leur émotion ne sont pas nécessairement homosexuels ou concernés par la PMA. L’émotion dépasse le sentiment d’identification. « Pleurer en 1 minute chrono grâce à cette scène merveilleuse, bravo. C’est beau. Et je confirme, maman de 4 enfants, le plus dur est bien de les élever et pas de les faire », témoigne cette internaute.
Au-delà d’être émouvante, cette minute est nécessaire pour montrer à des millions de Français qu’un tel modèle familial est possible. « Je ne sais pas si vous réalisez l’importance de cette minute que plus de 3 millions de personnes ont pu voir en direct. Tellement en avance sur un gouvernement à reculons », écrit un fan, avant d’être retweeté, en signe d’approbation, par presque 800 « twittos ». Pour toucher un plus large public encore, France 2 a isolé la scène du reste de l'épisode et l'a partagée sur ses réseaux sociaux. Sur Facebook, LA minute a été visionnée près de 70.000 fois en 24 heures.
Je crois que c'est la première lesbienne du PAF à 20h30 en chaîne hertzienne qui n'est ni droguée, ni folle, ni maléfique, ni bipolaire, ni zoophile
Camille Cottin honorée d'interpréter le personnage d'Andréa
« Je crois que c’est la première lesbienne du PAF à 20h30 en chaîne hertzienne qui n’est ni droguée, ni folle, ni maléfique, ni bipolaire, ni zoophile. » Pour l'exception dans la fiction française que son rôle représente, Camille Cottin confiait lors de la cérémonie des OUT d’Or 2018 être honorée d'interpréter le personnage d'Andréa.
Peut-être qu'Andréa a influencé la jeune générations à militer pour la PMA
Un honneur aussi parce que la relation d'Andréa avec Colette a un impact positif sur les représentations des couples homosexuels auprès des enfants. « Il m’a été rapporté que dans les cours d’école, les CM2 débriefaient le jeudi matin, et disaient qu’ils étaient vraiment trop dégoûtés qu’elle [son personnage d’Andréa] se tape n’importe qui alors que la belle Colette lui proposait de fonder une famille. » Ravie, remplie d'espoir, Camille Cottin ajoute : « Donc peut-être qu’Andréa a influencé la jeune génération à militer pour la PMA, et ça, c’est bien !»