Pour l’automne-hiver 2021, la directrice artistique de la maison Dior, Maria Grazia Chiuri, a imaginé une collection titrée "Beauté dérangeante" et inspirée de l’univers féerique autant qu’ambigu des contes de fées. 

L’enfance comme un envoûtement 

La somptueuse Galerie des Glaces du château de Versailles -rien de moins- a ainsi été investie par une installation de l’artiste italienne Silvia Giambrone créée in situ : devant chaque miroir, cette dernière a apposé un autre miroir, encadré de métal et parsemé d’épines.

Ce jeu à double fond servant de décor à une performance chorégraphique élaborée par Sharon Eyal. Au milieu de ces épines dangereusement belles et de cette galerie, dont Silvia Giambrone dit qu’elle est à la fois  "symbole du patriarcat et exemple de magnificence", les silhouettes rêvées par Maria Grazia Chiuri ont surgi comme des souvenirs d’enfance.

Des réminiscences magiques, jouant avec les symboles et les légendes. Un certain classicisme, mais piquant, justement. Des robes tabliers et des blouses à manches ballon, des manteaux matelassés, des paletots à capuches dignes du Chaperon rouge, de la broderie anglaise, du crochet, des fichus et des robes de princesse, des tissus de fils d’or et d’argent… Tout cela pouvait évoquer tour à tour La belle et la bête de Jean Cocteau ou Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.

Vidéo du jour

Une relecture riche que le psychanalyste Bruno Bettelheim n’aurait peut-être pas renié, lui qui écrivait en 1976 dans son ouvrage culte Psychanalyse des contes de fées : "Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. "De quoi méditer longtemps.