Les gendarmes de la brigade territoriale des Arcs venaient de quitter le domicile conjugal. Ils étaient restés une heure sur place, à Vidauban (Var), aux côtés de Dalila. La femme de 50 ans les avait appelés ce samedi 6 avril, en début de soirée, son mari la menaçait avec un couteau. Quand ils arrivent, l'homme est parti, et Dalila, réfugiée chez des voisins. Pendant l'heure qui suit : RAS. Ils invitent la femme à se mettre en sécurité chez des proches. La mère de trois enfants (de 13, 20 et 27 ans) acquiesce mais les informe qu'elle doit d'abord regrouper quelques affaires. Les gendarmes remontent dans leur véhicule.

21 heures (selon le parquet) : les gendarmes rappellent Dalila pour prendre de ses nouvelles. La quinquagénaire leur signale que son mari est revenu, et qu'il est, cette fois, muni d'un pistolet. 21 heures 06 : les militaires arrivent sur les lieux. C'est là qu'ils constatent son décès. Dalila vient d'être tuée par arme à feu, au volant de son véhicule, devant sa maison.

Marlène Schiappa très inquiète 

Pourquoi Dalila n’a-t-elle pas été accompagnée par les gendarmes chez un proche, alors que son mari était introuvable ? Et potentiellement armé. Sa mort pose la question des moyens dont disposent les forces de gendarmerie ou de police pour prendre en charge les femmes menacées. 

Et pourquoi l'homme de 51 ans, interdit d'entrer en contact avec son épouse dans l'attente d'un procès en août prochain, pour, déjà, des faits de violences en mars, a-t-il pu entrer chez eux ? On apprendra après le drame que son contrôle judiciaire permettait à cet infirmier libéral de se rendre au domicile familial pour des raisons professionnelles, pour accéder à son matériel notamment.

On voit de plus en plus de cas de féminicides dans lesquels tous les dispositifs existants ont été déployés.

Interrogée par RTL, la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les hommes et les femmes Marlène Schiappa s'interroge aussi. Elle a réclamé à la justice un "gros effort" pour "faire en sorte que les violences conjugales soient mieux condamnées dès le début, que l'on n'attende pas que l'on arrive au meurtre de ces femmes", après avoir déplorer que l'"on voit de plus en plus de cas de féminicides dans lesquels tous les dispositifs existants ont été déployés."

Mise en examen pour assassinat

Le mari, auteur présumé du meurtre, a été placé en garde à vue lundi 8 avril. Un gendarme a aperçu le suspect au volant de son véhicule, alors qu'il rentrait chez lui. Pendant la course-poursuite, le présumé coupable a foncé sur le véhicule de gendarmerie, blessant légèrement un militaire. Ce qui devrait lui valoir une mise en examen pour violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Il devait être présenté ce mercredi 10 avril à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen pour assassinat (car préméditation). L'homme a déjà condamné en 2014 à huit mois de prison avec sursis pour des violences exercées sur une précédente compagne.

Vidéo du jour

42 féminicides depuis le début de l'année 

Le nombre de femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon ne fléchit pas : le groupe Facebook « Féminicides par compagnons ou ex », qui les dénombre au quotidien sur la base d'informations répertoriées dans la presse locale, enregistre le meurtre de Dalila comme étant le quarante-deuxième féminicide depuis le début de l'année 2019. C'est dix de plus qu'en 2018, à la même période. Jusque-là, on disait qu’une femme mourait tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Ce qui était - déjà - un chiffre éloquent et scandaleux. C'est désormais une tuée tous les deux jours.