Ouverture d'une nouvelle enquête. Mardi 5 mars 2024, le parquet de Paris a informé l'Agence France-Presse (AFP) que Gérard Depardieu est visé par une nouvelle enquête, qui vient d'être confiée au 3e district de la police judiciaire de Paris et qui fait suite à une nouvelle plainte enregistrée il y a une dizaine de jours. Celle-ci a été déposée par Amélie (son nom de famille n'a pas été dévoilé), 53 ans, décoratrice ensemblière sur le tournage du film Les Volets verts, de Jean Becker, en 2021, qui accuse l'acteur de l'avoir agressée sexuellement dans ce cadre.

Son dépôt de plainte a été confirmé ce mardi 5 mars à l'AFP par son avocate, Me Carine Durrieu Diebolt, qui défend aussi la comédienne et danseuse Charlotte Arnould, première femme à avoir porté plainte pour viol contre l'acteur de 75 ans. Les conseils de Gérard Depardieu n'ont quant à eux par réagi pour l'heure à ce nouveau dossier.

"Agression sexuelle", "harcèlement sexuel" et "outrages sexistes"

Selon les informations de Mediapart, révélées dès le 25 février dernier, la décoratrice et plus récente plaignante l'accuse précisément d'"agression sexuelle", "harcèlement sexuel" et "outrages sexistes". 

Elle fait le récit d'une agression sexuelle "dans un hôtel particulier de la rue Mozart, dans le XVIe arrondissement de Paris", indique le site d'investigation. La plaignante travaillait alors à la mise en place d’un décor dans un couloir lorsque l'acteur se serait placé à côté d’elle et aurait commencé à tenir des propos graveleux. Il lui aurait notamment dit qu’il pouvait faire jouir des femmes sans les toucher et, ce, uniquement avec des mots. Une heure après, l’homme l’aurait "attrapée avec brutalité" et "bloquée en refermant ses jambes sur [elle] comme un crabe".

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Il l’aurait ensuite "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à [ses] seins", raconte Amélie à Mediapart, ainsi que dans sa plainte. Sidérée et maintenue par l'acteur, toujours selon son témoignage, elle ne serait pas parvenue à partir. Les gardes du corps du comédien seraient ensuite arrivés : "[Ils] l’ont emmené. Il hurlait et riait tout seul. Il m’a lancé : 'On se reverra, ma chérie !' J’étais stupéfaite, secouée. Cela n’a duré que quelques instants mais cela résonne encore", se souvient-elle.

Au total, six personnes ont confirmé la version d'Amélie auprès de Mediapart.

Sarah (nom anonyme), troisième assistante réalisatrice, n’a, elle, pas porté plainte, mais dénonce également une agression sexuelle, plus précisément, des "attouchements à la poitrine et sur les fesses".

Les faits se seraient déroulés le 31 août 2021 dans les loges du comédien.

Rappel de l'affaire Gérard Depardieu

Gérard Depardieu est mis en examen depuis le 16 décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles, à la suite de la plainte de Charlotte Arnould. Depuis 2023, il est également visé par une plainte de la journaliste et écrivaine espagnole Ruth Balza, qui l'accuse de viol, en 1995, à Paris. 

Cette même année, l'actrice Hélène Darras, qui l'accuse d'agression sexuelle sur le tournage du film Disco, a également déposé plainte, mais celle-ci a été classée en décembre dernier pour prescription.

Le Courrier de l’Ouest a révélé mi-février dernier qu'une nouvelle plainte à l'encontre de l'acteur a été déposée le 9 janvier, au commissariat du XIXe arrondissement de la capitale, pour "agression sexuelle sur une personne vulnérable par personne abusant de l’autorité de sa fonction", entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris.

Les faits décrits par cette nouvelle accusatrice remonteraient à mars 2014 et auraient eu lieu chez l'acteur à Paris, et "lors du tournage du film Le Magicien et les Siamois, réalisé par Jean-Pierre Mocky", à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire). La plaignante, qui a témoigné anonymement auprès du quotidien régional, était à l'époque assistante de ce tournage. Elle avait alors 24 ans.

Gérard Depardieu "dément formellement l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale", selon ses avocats, qui, sur le plateau de C à vous sur France 5 lundi 11 décembre, estime que"la présomption d’innocence a éclaté depuis longtemps en France". L'un d'eux, Me Christian Saint-Palais, rappelle au moment de cette nouvelle plainte, que son client conteste tous les faits susceptibles d’être qualifiés d’agression sexuelle.

13 femmes l'ont accusé de violences sexuelles et sexistes lors de tournages de films sortis entre 2004 et 2022, dans une longue enquête de Mediapart, révélée le 11 avril dernier.