Pourquoi on ne veut pas de Game of Thrones au cinéma

Par Auriane Hamon
Le casting de Game of thrones
Alors qu’on attend depuis de (trop) longs mois la nouvelle saison de Game of Thrones, on entend de plus en plus parler d’une éventuelle adaptation, suite ou fin de la série sur grand écran. Parce qu’on ne veut pas perdre l’âme de la série et qu’on pense que Jon Snow ne peut pas y monter la garde de nuit, voici nos (bonnes) raisons de ne pas vouloir de Game of Thrones au cinéma. Article 100% mauvaise foi.
  • Il y a bien trop de personnages

Il nous a bien fallu deux saisons entières pour commencer à comprendre qui était qui, qui couchait avec qui, qui détestait qui, qui s’alliait avec qui… Et encore deux saisons pour comprendre que l’acteur qui interprétait Daario Naharis n’avait plus du tout la même tête puisque Ed Skrein, le premier acteur, avait démissionné de la série (drôle de choix…). Il nous a bien fallu dix épisodes pour expliquer à Jules, qui rattrape un retard de 4 saisons (oui, il a hiberné pendant tout ce temps), que ceux qui avaient les cheveux blancs, c’était les Targaryen, et que ceux qui avaient les cheveux blonds plus foncés, c’était les Lannister. Ne parlons pas des alliances, des cinq rois, du Nord, du Sud, de l’Est, de la Nera, de Port-Real ou de Brandon Stark et ses curieux pouvoirs… Comment peut-on espérer qu’un film, aussi long et coûteux soit-il, parvienne à nous faire comprendre les enjeux qui se nouent entre les différents personnages de Game of Thrones ? En plus, au cinéma, on ne peut pas mettre « pause » pour réfléchir à ce qui vient d’être dit : « oh, mais alors c’était pour ça Jaqen H’gaar ?? Et Gendry, c’est le fils de qui, pour finir ? »

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  • Deux heures de Game of Thrones, c’est bien trop court

Un film sur l’univers Game of Thrones ? Allez, même si les producteurs jouent les audacieux en nous proposant un film de 3h30, on le sait bien, qu’on n’en n'aurait pas assez ! Ce qu’on aime dans la série, c’est aussi le suspense, l’attente et l’incompréhension qui règnent entre deux épisodes. On se retrouve alors dans les couloirs du bureau, sur les réseaux sociaux, dans les toilettes d’un bar pour essayer de dénouer les complots qui se jouent, on invente des scénarios, on échafaude des hypothèses… qui sont confirmées ou détruites à l’épisode suivant. On aime cette attente, cette envie irrépressible d’obtenir des réponses. Alors, Game of Thrones au cinéma, sur le plan du suspense, ça rimerait à quoi ? Deux heures de film, sans pause, avec moult personnages et moult morts (oui, parce que déjà que dans la série, il y en a beaucoup, imaginez le tout condensé dans un film). Et après ces deux heures, plus rien. Oh, bien sûr, en fonction du succès, on nous promettrait une suite… 

  • Les loooooongues scènes nous manqueraient

D’accord, dans Game of Thrones, il y a de l’action, du sang, beaucoup, du sexe, aussi. Mais ce qui fait le charme de cette série, ce sont aussi les longues scènes de dialogue entre deux personnages, les longs plans sur les magnifiques paysages, l’importance des détails. Comment un film pourrait retranscrire toutes les informations dont nous avons besoin pour comprendre l’intrigue sans faire l’impasse sur ce qui rend cette série si savoureuse : les personnalités des protagonistes ? Comment aimer Tyrion Lannister sans l’écouter imiter le cousin attardé devant Jaime ? Comment avoir de la tendresse pour Samwell Tarly sans l’entendre réciter son savoir, sans l’observer tomber amoureux de Vère ? Tout irait bien trop vite dans un film sur Game of Thrones et les Sept Royaumes perdraient probablement de leur saveur. Les longues ellipses sur les personnages seraient raccourcies et il n’y aurait plus de focus sur un moment précis. Par exemple, les scénaristes ont fait le choix de consacrer l’intégralité d’un épisode à la bataille de la Néra ou à celle du Mur. Dans un film, ces scènes n’auraient pas pu durer plus de dix minutes.

  • On chercherait à nous en mettre plein la vue

On a bien compris que les dragons grandissent et qu’ils coûtent de plus en plus chers (Ah, alors c’est pour ça que Khaleesi…) Un film à gros budget parait être la solution. D’accord, mais ce qu’on aime dans Game of Thrones, avant tout, ce sont les personnages, le jeu des acteurs, les petites phrases et les regards devenus cultes : l’intimité d’un « You know nothing Jon Snow » vaut bien plus qu’un grand cracheur de feu réalisé en images de synthèse. Que vaudraient ces effets spéciaux, ces dragons gigantesques face à la magie subtile de la Dame Rouge, simplement armée de minuscules sangsues ou face à la verve de Lord Varys ou Petyr Baelish ? On nous en mettrait plein la vue pendant les scènes de guerre, mais verrait-on l’intimité d’une scène d’amour entre Robb et Talisa ou préfèrerait-on plutôt s’attarder sur l’éclat fascinant du feu grégeois ?

  • On en voudrait toujours plus

Aucun film, aussi bon soit-il, ne saurait remplacer les longues heures blotties contre son homme à regarder Arya Stark se débattre avec tous, à assister, impuissante, au mariage rouge, à nourrir le dessein d’en finir avec Joffrey Baratheon, à s’esclaffer devant les frasques de Tyrion, à être révulsée par le comportement incestueux et castrateur de Cersei Lannister… Deux heures de film, même s’il s’agit d’une trilogie, ne pourraient jamais égaler en sensations les 40 épisodes déjà disponibles de la série… Kit Harington (Jon Snow) aurait même le droit de se couper les cheveux entre deux films, tant ils mettraient de temps à financer un deuxième opus, Lena Headey (Cersei) aurait deux fois plus de tatouages à camoufler au maquillage et Isaac Hempstead Wright (Bran Stark) aurait bien trop grandi et serait méconnaissable (et toujours plus vilain). Non, avec un film, rien de ce qui fait l’univers de Game of Thrones ne serait plus pareil. Et comme on ne serait pas rassasié, on finirait par nous servir les préquels de l’histoire, qui, s’ils sont certainement très bien, ne parleraient pas de nos héros préférés puisque l’intrigue se déroule 90 ans avant les aventures de Daenarys Targaryen, Cersei Lannister et Sansa Stark… Rien ne serait pareil et nous, on aime bien attendre sur petit écran cet hiver qui n’en finit pas de venir !

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