Dès les années 50, la parfumerie américaine est bien décidée à bousculer la parfumerie européenne, française surtout, car à l’époque il n’y avait de prestigieux que les parfums "de Paris".

Pari gagné avec ces parfums mythiques dont le succès perdure encore aujourd’hui 

Youth Dew d’Estée Lauder : le premier oriental moderne

"Madame Lauder décida de proposer en 1953 un produit adapté aux femmes américaines raconte Elisabeth de Feydeau, historienne des parfums et auteur de "Les Parfums". Pas une eau de toilette, qui n’aurait pas été dans les habitudes d’achat de l’époque, mais une huile de bain parfumée, concentrée à l’origine à 70%, un record absolu ! Ainsi, quelques gouttes dans le bain du matin permettait d’être parfumée jusqu’au soir."

Ses notes intenses orientales épicées, boisées aux accents envoûtants et charnels ont connu un tel succès mondial, que l’huile pour le bain est rapidement devenue parfum.

Son fan club : toutes les femmes fatales d’Hollywood (Jean Harlow, Joan Crawford, Vivien Leigh), et plus près de nous, Madonna et Charlize Theron.

Il est fait pour vous si vous aimez : les accents épicés de la rose de Bulgarie, du jasmin et de l’ylang, sur un fond de sensualité brulante de patchouli, ambre et vanille. Envoûtant ! 

Aromatics Elixir de Clinique : "Perfume and far beyond"

"Bien plus qu’un Parfum", tel fut le brief donné à Bernard Chant en 1971 par Estée Lauder pour créer le premier parfum de Clinique.

Mission accomplie. La fragrance est totalement novatrice, à contre courant des parfums de l’époque (floraux verts et eaux fraiches). Ce chypré floral au sillage addictif de patchouli, labdanum et mousse de chêne trouve immédiatement son public. Des millions de femmes de par le monde portent cette formule qui, selon la marque "a des effets magiques tant sur le corps que sur l’esprit".

Son fan club : Cate Blanchett et Glenn Close.

Vidéo du jour

Il est fait pour vous si vous aimez : un départ intrigant (verveine, sauge) pour un sillage très "Robe du soir" : jasmin, iris de Florence, patchouli et racines fumées. Autant vous prévenir : celles qui ont goûté à ce filtre "sont condamnées" à ne plus pouvoir changer de parfum.

Charlie de Revlon : le premier parfum marketing

"Charlie est lancé en 1973 par Revlon qui invente le premier parfum 'socio –style' raconte Elisabeth de Feydeau. Il se veut classe mais pas cher. Nettement plus accessible que les parfums européens, il est destiné aux femmes actives et libérées."

C’est d’ailleurs le premier à avoir mis sur sa pub une femme en pantalon. Massivement distribué, il inverse le concept de parfums d’exception et devient le révélateur de la personnalité : "Dis moi comment tu vis, je te dirai ton parfum !"

Ses notes toniques d’estragon, et mousse de chêne sont destinées, selon les codes de l’époque aux filles audacieuses, sexy, ambitieuses. Il devient vite le parfum le plus vendu au monde.

Son fan club : Cindy Crawford et Claudia Schiffer.

Il est fait pour vous si vous aimez : les notes fraîches de jacinthe et cyclamen, évoluant peu à peu vers la chaleur sensuelle du santal, du bois de cèdre et de la vanille.

CK One de Calvin Klein : "Play it class, sell it mass"

Lancé en 1994, CK One est le premier parfum mixte crée pour coller à la génération Y, digital native, habituée aux voyages, libre et affirmée. Le créateur, qui en 1968 a lancé sa marque de prêt à porter et est l’inventeur du jean de designer accessible à tous pousse encore plus loin la recette de Charlie de Revlon.

La campagne qui a lancé Kate Moss revendique les codes des eighties : androgynie, insouciance d’une jeunesse qui vit en bande. Mais Calvin Klein a pris des risques en exigeant une note citron qui, à l’époque évoquait des produits ménagers. Pari gagné puisque c’est justement cette note qui fait l’originalité et la marque de fabrique de son eau de toilette.

Son fan club : Christy Turlington, Ashley Olsen, et Kate Moss (of course) !

Giorgio de Beverly Hills : Jet Set et soleil

Fred Heyman est un créateur comblé : toutes les stars s’habillent dans sa boutique de Rodéo Drive. Mais Gale, sa femme, rêve d’un parfum capable de rivaliser avec ceux de Saint Laurent et de Lancôme, et qui s’inspire de l’environnement luxueux de toute la jet set Hollywoodienne.

Après deux ans de mise au point, il voit enfin le jour en novembre 1981 et d’abord vendu par correspondance, devient le parfum élitiste entre tous. Parfait symbole des années vouées à l’argent facile, au show off, ses notes florales intenses ,chaudes et ultra tenaces sont reconnaissables entre toutes.

Il connaît un succès énorme et est considéré aujourd’hui comme l’un des classiques de la parfumerie américaine.

Son fan club : Jacqueline Bisset et Alexandra Lamy.

Il est fait pour vous si vous aimez : que l’on se retourne sur votre sillage de fleurs capiteuses (jasmin, ylang) sur fond de tubéreuse et patchouli.

Original Musk de Kiehl’s : un filtre d’amour provocateur

Les origines de ce produit culte sont entourées de mystère. La légende veut qu’il ait été crée en 1921 par un parent de la famille Kiehl’s : un prince Russe. Mais à cette époque, sa fragrance charnelle, animale, est jugée trop provocatrice et on le remise dans une cuve étiquetée "Philtre d’Amour".

Au début des années 60, la Pharmacie Kiehl’s se rénove, on retrouve le Philtre d’Amour et on se décide à commercialiser cet élixir dont le sillage boisé, ambré musqué a la particularité d’exhaler des notes différentes sur chaque peau. Succès immédiat et qui perdure puisqu’il a été élu il y a quelques mois par le Wall Street Journal comme "le meilleur parfum unisexe du monde".

Son fan club : Lenny Kravitz, Charlize Theron et Eva Longoria.

 Il est fait pour vous si vous aimez : l’animalité assumée des muscs anciens mêlés à ceux, plus clairs, des muscs blancs, adoucie de notes d’agrumes, de roses et de patchouli.

Black Orchid de Tom Ford : un luxe assumé et revendiqué

"Je veux créer la première véritable marque de luxe du 21ème Siècle" aime à dire le styliste américain, qui, dans les années 90, a lancé le Porno Chic comme image de sa maison de mode. Le lancement de Black Orchid en 2006 est la parfaite expression de ce nouveau luxe.

"Rien n’est plus désirable que ce qui est inaccessible", ajoute le créateur. D’où le choix d’une orchidée noire, raffinée, chère et opulente. Les beautystas se précipitent, font le buzz et le parfum reste toujours le plus vendu de la marque à Noël. D’ailleurs, beaucoup d’hommes l’achètent… pour eux.

Son fan club : Isabelle Adjani, Alicia Keys, Gwyneth Paltrow. 

Il est fait pour vos si vous aimez : les parfums ténébreux, l’alliance sensuelle de truffe noire et d’ylang, et l’esprit décadent du chocolat noir, corsé d’encens et de vétiver.