Angelina Jolie, muse Guerlain : "La beauté est un sujet sérieux"

Angeline Jolie égérie Mon Guerlain
Alors qu'elle finalisait son quatrième long-métrage en tant que réalisatrice, elle a accepté de prêter son image au nouveau parfum Guerlain, reversant son cachet à des œuvres caritatives. Témoignage exclusif.

« On crée toujours pour une femme qu'on admire », disait Jacques Guerlain, auteur de l'Heure Bleue, Shalimar ou Mitsouko. Dans la lignée de son aîné, Thierry Wasser, Maître parfumeur de la maison, s'est attelé à la création d'un sillage en s'inspirant de ce qu'il considère comme la nouvelle féminité, loin des stéréotypes souvent sexistes de l'industrie.

Cette femme serait à la fois maternelle, combative, brillante, engagée. Alors qu'elle n'avait jamais accepté d'incarner un parfum, Angelina Jolie – dont la mère était d'origine française – en devient l'incarnation.

En décembre 2015, elle rencontre au Cambodge Laurent Boillot, président de Guerlain, sur le tournage éprouvant de First They Killed My Father. Il confie avoir été saisi par son intelligence plus encore que par sa beauté, et s'incline devant sa volonté, dont celle de faire tourner le film du parfum par Terrence Malick. Angelina Jolie nous parle de cette association, en exclusivité pour Marie Claire.

Marie Claire : Êtes-vous sensible au parfum en général ?

Angelina Jolie : Je porte du parfum tous les jours, sauf si je suis dans un pays où sévissent le paludisme et les moustiques. C'est agréable pour une femme d'avoir une senteur dont son amoureux se souvient, qui l'identifie à elle. Mais on ne se parfume pas seulement pour des hommes.

“Mes enfants connaissent mon odeur. Ils vaporisent parfois mon parfum sur leurs couvertures. C'est en cela aussi qu'une fragrance signature est importante.”

Vous êtes mère, actrice oscarisée, productrice, réalisatrice, Envoyée spéciale auprès du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Pourquoi avoir accepté de devenir l'image d'une senteur ?

Guerlain est la plus ancienne maison de parfum au monde. Elle est née en France, un pays que j'aime, dont je me sens proche et où je passe du temps. Ma mère était d'origine française, elle aimait cette marque. Elle lui parlait, comme à moi depuis l'enfance, de beauté, d'histoire, de qualité.

Vidéo du jour

En discutant de l'art avec lequel ils font du parfum, de la manière dont ils travaillent et s'approvisionnent des ingrédients, j'ai senti que nous nous comprenions. Et puis le tournage s'est déroulé dans le Sud, une région que ma famille aime, où elle a tissé une histoire. C'est aussi là qu'est récoltée la lavande du parfum.

Avez-vous un souvenir précis de votre mère lié à cette maison ?

C'était une femme très naturelle. Elle ne s'est jamais gâtée, ne se maquillait pas, portait des bijoux modestes, mais elle avait toujours quelques accessoires dédiés aux instants où elle voulait se sentir une dame.

Un de ces indispensables – je m'en souviens parce qu'il semblait si élégant – était sa poudre Ladies in All Climates de Guerlain (un fard parfumé qui n'existe plus aujourd'hui). Petite, j'associais Guerlain à cela : des produits ayant ce quelque chose d'exceptionnel qui fait se sentir féminine.

Avez-vous une astuce beauté personnelle ?

Vivre une vie remplie et sincère. Cette flamme intérieure, cette connaissance de soi rendent beau.

Qu'évoque pour vous ce nouveau parfum ?

J'aime la lavande et le jasmin mêlés au bois de santal. Un parfum ne doit être ni trop fort ni doux. J'apprécie qu'il soit terreux, sensuel et portable à tout moment. Je n'ai jamais été aussi sale et je ne me suis jamais sentie aussi peu séduisante que le jour où j'ai rencontré Laurent Boillot, PDG de la marque, au Cambodge.

Je venais de passer une journée sur le terrain, dans la poussière, alors que je dirigeais mon film First They Killed My Father. Nous avons eu un fou rire en essayant de déchiffrer les subtilités des différentes notes du parfum qui concurrençaient avec ma bombe anti-insectes spécial jungle.

Comment passer du tournage d'un film à une conférence aux Nations Unies ou une visite dans un camp de réfugiés ?

C'est le cas dans ma vie depuis de nombreuses années, l'un nourrit l'autre. C'est une joie d'être une artiste, mais cela ne signifie pas grand-chose, à moins que ce ne soit utile. J'ai la chance de faire un travail créatif qui peut à son tour financer des programmes de développement et aider d'autres personnes.

Gagner de l'argent sans aucun but ferait une vie très vide de sens.

Vous avez choisi de reverser tout votre cachet à votre fondation. Quel est son rôle ?

Elle est inspirée par mes enfants et leurs liens avec certains pays. Nous visitons les projets ensemble et la fondation se développe avec eux. Elle est dédiée à l'éducation, la santé et l'environnement. Elle a commencé il y a treize ans avec un programme de lutte contre la tuberculose au Cambodge, qui est devenu un programme en Ethiopie de traitement et de réhabilitation des enfants et des adolescents atteints de cette maladie.

En Namibie, nous concentrons nos efforts sur la conservation et l'éducation, le financement d'un sanctuaire faunique, d'un programme de sauvetage d'animaux et de soins de santé et d'éducation pour les communautés locales. Nous nous déployons peu à peu mais notre objectif est de permettre aux populations locales de développer leurs communautés et leur avenir ainsi que les droits, en particulier pour les femmes et les enfants.

Quelles sont vos icônes de beauté ?

Je n'en ai pas car je ne pense pas aux icônes de cette façon. Mais je suis très inspirée par ma fille Zahara et impressionnée par la façon dont elle évolue et devient une jeune femme.

Elle est élégante, elle a la grâce et son propre style en matière de beauté et de mode. Il lui arrive même de me maquiller et de m'aider à choisir mes vêtements quand je dois sortir.

Qu'aimez-vous dans la quarantaine ?

J'aime cet âge. J'adore les premiers cheveux gris, être une maman d'adolescents, savoir que toute la vie vécue jusqu'ici a fait de moi une personne meilleure.

Genèse d'une essence

Baptisé Mon Guerlain, ce parfum a ce supplément d'âme qui aimante la peau et vous attache durablement. Son auteur, Thierry Wasser, maître parfumeur de la maison, nous le raconte.

Qu'est-ce qui a présidé à la création de ce parfum ?

La beauté des femmes. C'est un sujet sérieux puisqu'elle donne l'assurance nécessaire pour se battre et être forte. En voyageant en quête de matières premières, je me suis rendu compte que la femme est le pilier de la société. J'ai voulu que ce parfum soit le manifeste d'une féminité forte, libre et sensuelle. Un hommage à cette mère, épouse, amante et femme engagée du XXIe siècle qui sommeille en chacune. Angelina Jolie colle à ce portrait.

Quelles en sont les notes clés ?

La lavande vient en tête. Celle qui a fait le succès du fameux Jicky, en 1889, avant d'être détournée par la parfumerie masculine, se révèle lumineuse, singulière et délicieusement androgyne. Elle est relayée par le jasmin, chaleureux, sensuel, plein de charme.

Puis le santal entre en scène. Ce bois mystérieux et presque lacté, qui plie mais ne rompt pas, évoque une facette presque militante. Enfin la vanille s'affirme, signature indispensable de la Guerlinade trônant en majesté dans Shalimar ou Habit Rouge, pour la sensualité. La fève tonka, aux accents amandés, participe à l'addiction.

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