Menu
Libération
LGBT+

Après son acte homophobe, le joueur de l’AS Monaco Mohamed Camara suspendu quatre matchs

Ligue 1dossier
Le milieu de terrain malien, qui a masqué le logo contre l’homophobie floqué sur son maillot lors de la dernière journée de Ligue 1, a écopé de quatre matchs de suspension, a annoncé jeudi 30 mai au soir la Ligue de football professionnel. Une sanction clémente au regard du barème disciplinaire de la FFF.
publié le 31 mai 2024 à 8h03

Une sanction à la légèreté décriée. Le joueur de l’AS Monaco Mohamed Camara, qui a masqué le logo contre l’homophobie floqué sur son maillot lors de la dernière journée de Ligue 1, a écopé de quatre matchs de suspension, a annoncé jeudi 30 mai au soir la Ligue de football professionnel. La sanction est relativement clémente pour le joueur malien car il pouvait être suspendu jusqu’à dix matchs, selon le barème disciplinaire de la Fédération française de football. D’autant que le milieu de terrain a refusé toutes les propositions d’actions de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie pour obtenir une sanction plus légère.

«Après audition du joueur Mohamed Camara et prenant acte de son refus en séance d’effectuer une ou plusieurs actions de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie», la Commission de discipline de la LFP «décide de lui infliger quatre matchs de suspension ferme», a écrit l’instance dans un communiqué. Le milieu, qui pourra disputer deux rencontres avec la sélection nationale du Mali début juin, sera suspendu pour le Trophée des champions et les trois premiers matchs de Ligue 1 la saison prochaine, débutant le 16 août.

«Nous prenons acte de la décision de la Ligue que nous attendions et nous ne ferons pas appel de cette décision. En tant que club, nous n’étions pas d’accord avec ce qu’il (Camara) avait fait», a réagi Thiago Scuro, le directeur général de Monaco. L’ASM, qui avait présenté ses excuses à la LFP et évoqué de possibles sanctions en interne, n’a pas assisté Camara devant la commission. «Notre préoccupation était surtout de faire face à cette situation, de rendre la position de notre club claire sur le sujet, et d’expliquer à Mo que son comportement pouvait être différent», a ajouté Thiago Scuro. «L’AS Monaco soutient l’action de la Ligue, la lutte contre les discriminations, l’action contre l’homophobie, c’est clair pour nous, c’est également clair pour Mo», a-t-il conclu.

«La décision de la LFP est scandaleuse»

Pour Jean-Baptiste Montarnier, président de l’association de supporters LGBT + de l’équipe de France Bleus et Fiers, «la décision de la LFP est scandaleuse car le règlement permet dix matchs de suspension», ainsi qu’il l’écrit sur son compte X. Il estime que le «refus d’effectuer des actions de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie» de Mohamed Camara constitue des «aveux d’homophobie». Et que la plainte que l’association entend déposer contre les joueurs, clubs et la LFP pour incitation à la haine homophobe s’en trouve légitimée.

Dans le cadre d’une campagne de lutte contre l’homophobie pilotée par la LFP à l’occasion de la 34e et dernière journée de Ligue 1 le 19 mai, Camara avait collé des «straps» sur le logo contre l’homophobie floqué sur sa poitrine et porté par tous les joueurs, entraîneurs et arbitres. Il n’avait pas davantage participé à la photo protocolaire d’avant-match où les équipes de Monaco et Nantes posaient devant le slogan symbole de la lutte contre l’homophobie. «Un tel comportement doit faire l’objet des sanctions les plus fermes à la fois contre le joueur mais aussi contre le club qui l’a laissé faire», avait estimé le lendemain la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Mohamed Camara avait en revanche reçu le soutien de personnalités maliennes et de nombreux compatriotes sur les réseaux sociaux, au nom du respect des convictions personnelles et religieuses. La Fédération malienne de football avait elle-même assuré le joueur de son soutien, «dans l’exercice de sa liberté d’expression et son corollaire, (celle) de ne pas s’exprimer».

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique