A sa place, on aurait baissé aussi sec le rideau. Mercredi 21 juin, alors qu’il se fait tirer le portrait par Libération dans la cour du siège de Kenzo, dans le IIe arrondissement de Paris, Nigo soudain vacille, comme foudroyé. Vraisemblablement ce nerf sciatique qui le pince depuis plusieurs jours. Le souffle coupé, le directeur artistique nommé en 2021 à la tête de la marque LVMH prend appui sur un mur, avant que des assistants l’aident à s’asseoir. On se dit que pour l’interview, c’est cuit et recuit. Hé quoi, dix minutes plus tard, on emboîte le pas à un Nigo de guingois. Dans le showroom attenant, il nous répond trois quarts d’heure durant, à mots soupesés. Un de ses deux bras droits-associés fait la traduction en anglais, que Nigo maîtrise pourtant, à l’évidence. Mais peut-être pas assez selon ses standards de précision. L’obsession du détail est vite repérable chez celui qu’on aurait pu, vu son CV, imaginer shiva à scope panoramique qui brasse les concepts et les business tandis que des petites mains se chargent de la logistique.
Son nom ne vous dit rien ? C’est que vous avez plus de 30 ans ou que vous êtes étanche à la street culture. Silhouette de poids mouche, Tomoaki Nagao, alias Nigo, 52 ans, en est un poids lourd, en activité sur les versants de la mode et de la musique (punk, hip-hop, rap) depuis les années 90. Elles vont pour lui de pair : «Le look et le son forment le cœur de toute [ma] démarche.» C’est d’ailleurs la musique qui a mené au vêtemen