Un client japonais d’une cinquantaine d’années est assis, seul à table, dans la salle à manger du restaurant du Grand Hôtel du Lion d’or, situé à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher). Une institution de la capitale de la Sologne, auréolée d’une étoile au guide Michelin, qui sert à manger depuis plus de deux siècles. Marie-Christine Clément, copropriétaire de l’établissement avec son mari cuisinier Didier, ne se rappelle plus exactement quelle bouteille de vin l’intéressé avait choisie – c’était il y a douze ans – mais «c’était un grand bourgogne, au-delà de 1 000 euros». Le maître d’hôtel suggère que le millésime en question n’est pas le plus idéal par rapport aux assiettes à venir et recommande au gourmet une autre année, moins chère, du même domaine. Etonnement du Japonais, peu bavard, face à son choix contesté, mais il acquiesce malgré tout. Le vin arrive, le personnel le décante sur un guéridon pour le couler dans une carafe. «Et là, on voit alors le monsieur sortir des gants blancs, se lever, se pencher et pratiquement se mettre à genoux devant la bouteille pour regarder toutes les larmes du vin [terme qui désigne ces gouttelettes restant accrochées le long des parois et redescendant plus ou moins lentement, ndlr]. On se dit : “OK, on a affaire à un original… Mais bon, pourquoi pas ?” Donc déjà, ça crée un peu d’animation en salle…» se souvient, le sourire aux lèvres, Marie-Christine Clément. A la fin des agapes, l’homme paye son addition et part san
Les restos, ces petits théâtres (1/6)
Dans un restaurant du Loir-et-Cher, l’étrange Japonais aux gants blancs et un bourgogne à 1 000 euros
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par Ezéchiel Zérah
publié le 8 juillet 2024 à 17h12