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Censure

En Russie, l’application éducative Duolingo retire toute référence à la communauté LGBT +

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
L’agence de presse TASS a annoncé mardi 4 juin que l’application éducative retirerait toute référence à l’homosexualité de ses exercices en Russie. L’application avait déjà été rappelée à l’ordre mi-avril, sous peine d’amende et de potentielle interdiction.
publié le 5 juin 2024 à 15h22

Une piètre façon d’entamer ce mois des Fiertés. L’application Duolingo a annoncé au gouvernement de Vladimir Poutine retirer tout contenu ayant un rapport avec la communauté LGBT + de sa plateforme russe, a rapporté l’agence TASS mardi 4 juin. Pour apprendre une langue étrangère, l’application proposait à ses utilisateurs russes de traduire des phrases telles que «Ben et Peter s’aiment» ou «Clara a rencontré sa femme Maria dans un bar lesbien». Des exercices remarqués par des militants conservateurs en début d’année, qui les ont rapportées au Roskomnadzor, le gendarme russe d’internet.

L’agence fédérale de surveillance de la communication et véritable opérateur de la censure avait alors demandé à l’application d’apprentissage de langues de supprimer sa «propagande LGBT» mi-avril. Elle lui avait aussi rappelé les peines encourues pour «propagande» : une amende pouvant aller de 1 million à 4 millions de roubles (soit environ de 10 300 à 41 500 euros) et une potentielle interdiction en Russie.

La menace semble avoir fonctionné, puisque Duolingo a répondu «avoir retiré tout contenu faisant la promotion de relations non traditionnelles», dans une lettre adressée à l’agence fédérale, a annoncé cette dernière.

Le gouvernement russe a renforcé sa politique homophobe en 2022, interdisant dans un très vaste champ d’application la «promotion de relations non traditionnelles», comme dans les médias, sur Internet, dans les livres et dans les films. Ce renforcement de la loi de 2013 – qui ne concernait que la «propagande» faite auprès des mineurs – a eu lieu peu de temps après l’invasion de l’Ukraine, et s’inscrit dans la politique russe ultra-conservatrice face à un Occident présenté comme décadent.

Duolingo avait annoncé cette année-là ne plus monétiser ses services en Russie et en Biélorussie, afin de ne «plus payer d’impôts au gouvernement russe», mais ne pas se retirer de ces pays, arguant que «l’éducation est un droit fondamental». L’application n’a pas encore communiqué sur la surpression de contenu ayant un rapport à la communauté LGBT + en Russie.

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