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TRIBUNE

De la tyrannie de la beauté aux belles tyrannies, par Sarah Chiche

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Dans un texte intime, l’écrivaine et psychanalyste raconte comment elle s’est pourrie la vie pour des questions d’apparences. Et propose une solution : remplacer cette obsession par une autre.
par Sarah Chiche, Ecrivaine
publié le 12 juin 2024 à 7h24

Les philosophes décryptent l'air du temps

Chaque année, au mois de juin, Monaco devient pendant une semaine le lieu de foisonnantes réflexions en prise avec l’époque : écologie, éducation, femmes, soin, art de vivre. Jusqu’à dimanche, la crème de la philosophie – Claire Marin, Raphael Zagury-Orly, Serge Audier, Corine Pelluchon, Paul Audi, Manon Garcia et bien d’autres – investit les lieux : le marché de la Condamine, l’hôtel Hermitage et le théâtre Princesse-Grace. La psychanalyste et écrivaine Sarah Chiche échangera avec l’écrivaine Anne Berest et le journaliste Augustin Trapenard sur le culte du corps et la façon dont on peut s’en émanciper. Quant au philosophe Camille Riquier, il examinera aux côtés de Claire Marin et Vincent Delecroix ce que le numérique fait à nos expressions, ­publiques comme intimes. D’autres sujets aussi variés que les enfants face aux écrans, la fièvre du chocolat, la perte de la mémoire, les bêtises, l’homme féministe seront abordés. Les Rencontres philosophiques de Monaco sont gratuites et ouvertes au public. Plus d’informations sur philomonaco.com

«Elle a pris un sacré coup de vieux» ; «Il faudrait que ce sac d’os mange un burger de toute urgence» ; «Qu’elle est moche ! On dirait son père avec une perruque». Les appréciations ci-dessus glanées sur Instagram et TikTok témoignent d’une telle bonté humaine et d’un usage si fabuleux du courage (anonymement tous les coups sont permis), qu’elles donnent l’envie brutale de s’infiltrer dans une faille du réseau internet mondial pour le faire exploser.

Dénoncer l’usage du body shaming, la foire aux vanités des réseaux sociaux, l’appât du gain de chirurgiens esthétiques qui acceptent d’opérer des adolescentes qui veulent avoir la bouche ou les foxy eyes de telle influenceuse, ou le rejet, sur le marché de l’amour comme celui du travail, des gens que la nature a défavorisés, va de soi. Plutôt que cette autoroute démonstrative, permettez-moi d’emprunter un chemin de traverse.

Une image packagée qui éjecte tant de monde

Récemment, un intellectuel, dont on aurait pu s’attendre à ce que sa vie soit tournée vers la contemplation de l’azur de la recherche, me disait que, quoique aimant ardemment le soleil, quand il atteindrait l’âge de 70 ans, il n’irait plus à la plage pour ne pas infliger aux autres le spectacle de la décrépitude de ses chairs. Au moment où je m’apprête, après deux ans de travail acharné, à pouvoir enfin exposer mes capitons sous-fessier au bord de

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