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Dynastie

Chez LVMH, Bernard Arnault continue à organiser sa succession

Selon une information de «la Lettre», deux des cinq enfants de l’empereur du luxe s’apprêteraient à rejoindre leurs deux aînés au conseil d’administration du groupe.
publié le 23 janvier 2024 à 17h52

Une affaire de famille. Le devenir du premier groupe planétaire de haute couture, joaillerie et autres spiritueux (Dior, Vuitton, Moët Hennessy…) préoccupe son fondateur Bernard Arnault, qui a 74 ans. Certes, les statuts de l’entreprise lui permettent de rester aux commandes jusqu’à 80 ans. Mais celui que le magazine Forbes classait en 2023 au deuxième rang des grandes fortunes mondiales (avec plus de 210 milliards d’euros) derrière Elon Musk semble aujourd’hui décidé à organiser sa succession avec visiblement deux préoccupations : maintenir pour sa famille le contrôle total de l’actionnariat ainsi que la direction opérationnelle. Mais aussi, tout faire pour éviter une succession calamiteuse, comme cela a pu être le cas pour le groupe de médias Lagardère. Ou comme cela pourrait se produire à la tête de Dassault, où aucune décision n’a été prise depuis la mort du PDG du groupe aéronautique, Serge Dassault, en mai 2018.

Des résultats records en 2022

Selon la publication la Lettre, deux des cinq enfants de Bernard Arnault, Alexandre (31 ans) et Frédéric (29 ans) pourraient bientôt faire leur entrée au conseil d’administration et donc peser sur les décisions stratégiques. Ils rejoindraient dans ce cénacle Delphine et Antoine Arnault, nés d’un précédent mariage de leur père et nommés administrateurs en 2003 et 2005 alors qu’ils n’avaient pas atteint l’âge de 30 ans. Le même parcours pourrait donc être destiné à Alexandre et Frédéric. Avec un passage par la direction de quelques filiales. Le premier vient d’être récemment promu numéro 2 du bijoutier américain Tiffany et le second est monté en grade dans l’activité horlogère du groupe qui comprend les marques TAG Heuer ou encore Bulgari.

Série d'été

Pour l’heure, le groupe LVMH se refuse à tout commentaire quant à ces nominations. Force est de constater que ces fuites sur une possible arrivée au conseil d’administration de deux enfants suppl��mentaires de la famille Arnault interviennent avant la publication annuelle des résultats financiers 2023 de LVMH programmée ce jeudi. En 2022, surfant sur l’engouement pour le luxe, le groupe avait affiché des résultats records : 14,1 milliards d’euros de profits pour 79,2 milliards de chiffre d’affaires. Non sans s’attirer des critiques sur le montant «indécent» des superdividendes reversés à ses actionnaires, à commencer par Bernard Arnault et sa famille.

Cinq enfants «condamnés» à s’entendre

La nomination de nouveaux membres du conseil d’administration devra en tout cas être approuvée par l’assemblée générale des actionnaires, ce qui en l’espèce devrait être une formalité. Grâce à un efficace montage financier, Bernard Arnault et les plus proches membres de sa famille contrôlent la majorité des droits de vote. Cet été, leur participation dans le capital a même été réorganisée. Désormais, les cinq enfants sont représentés à parts égales dans une société : la Financière Agache, laquelle contrôle 48 % du capital de LVMH. Afin d’éviter toutes bisbilles familiales, leurs actions sont incessibles durant une période de trente ans. En clair, les cinq rejetons sont donc «condamnés» à s’entendre. En revanche, rien n’est encore réglé pour le poste de PDG. Aucun prénom n’a officiellement été dévoilé pour la fonction de numéro 1, puisque l’empereur du luxe Bernard Arnault tient encore solidement les rênes de son groupe. L’heure de vérité interviendra donc quand il décidera de passer la main. La nomination de son successeur sera alors un test grandeur nature de la bonne entente des cinq membres de la fratrie.

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