Pelouse impeccable, piscine limpide. Sous le soleil éclatant de cet après-midi de mai, une domestique centrasiatique sert à manger à une famille attablée dans le jardin d’une somptueuse villa qui surplombe la mer de Marmara. Tout autour s’affaire une équipe d’une trentaine de personnes munies de micros, de caméras et de réflecteurs de lumière. «On la refait !» lance l’assistant réalisateur, cheveux en catogan et casque audio sur une oreille, depuis l’étage de la villa. Nous sommes dans un faubourg cossu d’Istanbul, sur le plateau de tournage de la série Sahane Hayatim, «Ma vie merveilleuse» en turc.
Le synopsis ? Une jeune femme issue d’un milieu défavorisé aide à dissimuler un meurtre en échange d’une importante somme d’argent. Avec ce pécule, l’héroïne au physique ingrat s’offre une opération de chirurgie esthétique et, désormais dotée d’un charisme sulfureux, enchaîne les vols en première classe entre les villes d’Istanbul et d’Izmir dans l’objectif de faire la rencontre d’un homme fortuné et de l’épouser. Elle y parvient et mène grand train, jusqu’à ce qu’un individu de son ancienne vie ne la reconnaisse et ne menace de révéler son funeste passé…
Depuis une quinzaine d’années, les séries télévisées turques, ou dizi, rencontrent un succès fulgurant, jusqu’à se hisser à la troisième place mondiale en volume d’exportations après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, selon Parrot Analytics, une société d’analyse de données basée à Los Angeles. Soit un marc