Condamné pour agression sexuelle, le président du CNC démissionne
Ayant écopé ce vendredi d'une condamnation à trois ans de prison dont un an ferme prononcée par le tribunal correctionnel de Nanterre, Dominique Boutonnat quitte ses fonctions à la tête du Centre national du cinéma et de l'image animée, qu'il dirigeait depuis 2019.
![Dominique Boutonnat devra effectuer sa peine de prison ferme à domicile avec un bracelet électronique.](https://cdn.statically.io/img/media.lesechos.com/api/v1/images/view/667ec380316bd8426c5571de/1280x720/01102329024110-web-tete.jpg)
Par Les Echos
Le président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), Dominique Boutonnat, a été condamné ce vendredi par le tribunal correctionnel de Nanterre à trois ans de prison dont un an ferme pour avoir agressé sexuellement son filleul, âgé de 19 ans au moment des faits, en août 2020. Il a annoncé sa démission.
Dans son jugement, le tribunal a considéré la « version du plaignant plus crédible » que celle du patron du CNC, qui a exercé, toujours selon cette instance, « un véritable ascendant » sur son filleul dans « un contexte », une soirée d'été alcoolisée en Grèce, « dans lequel il était compliqué de résister » au prévenu. Dominique Boutonnat a également écopé d'une interdiction de contact pendant trois ans avec la victime. Le tribunal a précisé qu'il devra effectuer sa peine de prison ferme à domicile avec un bracelet électronique.
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Le tribunal a aussi estimé que les explications de Dominique Boutonnat, 54 ans, « n'avaient pas forcément de rationalité » et « pouvaient prêter à confusion et laisser entendre que des deux », il était « celui qui avait le plus d'intérêts à ce que les choses ne soient pas dites ».
Dans un courriel envoyé par le secrétariat de la présidence du CNC juste après le jugement, Dominique Boutonnat a tenu « à réaffirmer son innocence quant aux faits qui [lui] sont imputés » et a annoncé interjeter appel de cette décision et démissionner dans le même temps de son poste à la tête du CNC.
Présidence par intérim
Décidant « de cesser l'exercice » de ses « fonctions à compter d'aujourd'hui (vendredi) », il en a « averti » Rachida Dati, ministre de la Culture, qui a confié « l'intérim de la présidence du CNC à son actuel directeur général délégué, Olivier Henrard ».
« Cette affaire est la parfaite démonstration de ce qu'est une agression sexuelle, a estimé pour sa part Caroline Toby, avocate de la victime. L'abus d'autorité et la notion d'emprise ont été reconnus par la justice. » Lors de l'audience du 14 juin, le parquet avait requis trois ans d'emprisonnement avec sursis contre Dominique Boutonnat.
« On est allé très près de quelque chose qui aurait été criminel », avait estimé le procureur. Devant le tribunal, la victime avait décrit Dominique Boutonnat, avec qui il n'a pas de lien de parenté, comme « plus qu'un parrain », qui venait trois ou quatre fois par semaine au domicile de ses parents. Selon lui, lors d'un séjour dans la maison de campagne de son parrain en Grèce, ce dernier a tenté de le masturber, après un bain, nus, dans une piscine. Le jeune homme dit l'avoir ensuite masturbé pour qu'il arrête de le toucher.
Mise en examen en 2021
L'ex-président du CNC avait nié toute agression sexuelle et reconnu des baisers consentis, initiés selon lui par son filleul, et qu'il avait brièvement embrassé le jeune homme sur la bouche le lendemain, alors que ce dernier sortait de la salle de bains.
Lors de l'audience, il avait été longuement interrogé sur des messages WhatsApp envoyés à son filleul après les faits, où il disait s'en vouloir et avoir voulu le « challenger sur sa sexualité ». Le tribunal a « pris en compte » ces messages, dans lesquels « vous ne cessez de dire que vous prenez la responsabilité des choses qui se sont passées », et que dans ces échanges son filleul « ne cesse de faire part de son mal-être » et qu'il n'était pas d'accord avec « ce qu'il s'était passé », ont estimé les juges.Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat avait été reconduit par l'exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022. La CGT-spectacle avait appelé à sa démission en octobre 2022, et le collectif 50/50, qui milite pour l'égalité, la parité et la diversité dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle, avait déploré sa reconduction. La réalisatrice Amandine Gay, membre de ce collectif, a exprimé sur X son « soulagement » pour toutes celles et ceux qui demandaient « le retrait de Boutonnat » du CNC.
(avec AFP)
Les Echos (Avec AFP)
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