Stress, anxiété, dépression, arythmie cardiaque : quand les élections nuisent à la santé

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Depuis l’annonce inattendue de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier par le président de la République Emmanuel Macron, des psychologues et psychiatres ont remarqué une hausse des consultations et observé chez certains patients des signes de stress, d’anxiété, voire d’angoisse. Certains disent avoir la boule au ventre, un moral au plus bas, souffrir d’insomnie. Pour d’autres, cela a réveillé ou aggravé une douleur physique. Des épisodes dépressifs ont été rapportés. Bien que cela n’ait évidemment pas la pertinence de résultats d’une étude épidémiologique bien conduite, et ne permette donc pas de se faire une idée quantitative sur ces plaintes et ces maux, il est cependant indéniable que certaines personnes vivent mal ce climat d’incertitude politique.

C’est peu dire qu’existe en France depuis ces trois dernières semaines une situation politique complexe et anxiogène et que la tension monte à l’approche du second tour des législatives. Les forces politiques en lice, tout comme les médias, n’ont eu de cesse d’évoquer une échéance électorale décisive pour l’avenir du pays, allant jusqu’à parler de l’élection la plus importante de l’après-guerre.

Un climat anxiogène

Ces dernières semaines, l’ensemble des médias a parlé de « risque majeur de crise de régime », de « scénario d’Assemblée ingouvernable », de « choix qui sont tellement dangereux pour le pays », du risque de « précipiter la France dans l’abîme », de « dangers extrêmes », de « risque de chaos avant les Jeux Olympiques », de « conséquences incalculables », de « peur d’un séisme politique », « de risque d’émeutes et/ou de manifestations violentes », quel que puisse être le résultat des urnes à l’issue du second tour, quand ce n’est pas « le risque d’un bordel monstre ».

Nombre d’analystes politiques ont, quant à eux, qualifié de la décision du président de la République de « coup d’Etat psychique », qui plonge le champ politique dans une forme de « psychose politique », et commenté un « climat d’hystérisation », de « polarisation politique extrême ». Tout cela sur fond d’une « incroyable fracture française » entre Paris et la province. Bref, la situation politique actuelle, compliquée et inédite, est associée à un climat anxiogène, certains n’hésitant pas à parler de « saut dans l’inconnu » à l’issue d’un scrutin qualifié d’historique.

Un événement politique majeur, en l’occurrence la tenue d’élections législatives anticipées, peut-il avoir un impact notable sur la santé mentale, alors que l’actualité politique est devenue pour bon nombre de Français source d’inquiétude et d’incertitude ? Plus généralement, que nous disent les études en sciences médicales et politiques sur les conséquences sanitaires d’une consultation électorale décisive, considérée comme un facteur de stress ? Il se trouve que nous disposons de travaux, publiés ces dernières années, décrivant les diverses conséquences sanitaires de précédentes élections majeures qui se sont déroulées aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Israël.

Le fait de voter pour un scrutin majeur et d’apprendre le résultat des urnes est associé à une élévation du taux de cortisol. Publiée en 2010 dans la revue Psychoendocrinology, une étude américaine a évalué la réaction de l’organisme en cortisol, autrement dit la réponse physiologique au stress, à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine de 2008 qui voyait s’affronter John McCain et Barack Obama. On sait que le cortisol est une hormone stéroïdienne qui est associée à un stress physiologique aigu. Lorsque des individus sont soumis à un stress aigu et puissant, leur organisme réagit en libérant une plus grande quantité de cortisol.

Steven Stanton et ses collègues du Centre de neuroscience cognitive de l’université de Duke (Durham, Caroline du Nord) ont dosé le cortisol dans les échantillons de salive de 183 votants à plusieurs reprises avant et après l’annonce du vainqueur dans la soirée. Les personnes s’apprêtant à voter McCain et ceux décidés à voter Obama présentaient des taux de cortisol qui ne différaient pas significativement à 20 h, la nuit précédant l’élection. En d’autres termes, leur stress anticipatoire ne se traduisait pas par une élévation du cortisol.

Augmentation du taux de cortisol chez les électeurs du candidat perdant

Les choses ont changé à l’annonce des résultats. Ceux qui avaient voté pour le perdant (John McCain), donc les électeurs perdants, ont présenté un taux de cortisol augmenté, alors que les électeurs gagnants, qui avaient voté pour Barack Obama, présentaient des taux stables de cortisol. Cette étude montre donc qu’un événement politique majeur agit chez les électeurs comme un stresseur physiologique. En apprenant qu’Obama était le nouveau président élu, les électeurs de McCain étaient significativement plus anxieux que ceux de Barack Obama.

Taux de cortisol et stress psychologique des électeurs

Des chercheurs israéliens de l’Ecole de sciences politiques de l’université de Haïfa ont également rapporté, dans un article publié en 2011 dans la revue European Neuropsychoendocrinology, des résultats montrant un lien entre émotions, taux de cortisol et élections nationales. Israel Waismel-Manor et ses collègues ont conduit, dans une petite ville située à une centaine de kilomètres de Tel-Aviv, une étude auprès des votants le jour où se tenait une élection nationale majeure, particulièrement chargée émotionnellement et opposant deux camps, Kadima et travaillistes d’une part, Likoud conservateur et Israel Beytenou nationaliste d’autre part. Les votants ont répondu à un questionnaire afin d’évaluer les affects positifs et les affects négatifs, et ont accepté que l’on dose régulièrement dans les heures qui suivaient leur cortisol dans leur salive.

Le taux de cortisol des votants a augmenté au fil de la journée et il a atteint un niveau extrêmement élevé : plus de cinq fois supérieur à celui mesuré chez des individus d’un groupe contrôle composé d’électeurs de la même ville et dont le cortisol avait été dosé entre 17 h et 19 h.

Le taux de cortisol des personnes ayant voté entre 11 h et 15 h était trois fois plus élevé que celui des sujets d’un second groupe contrôle, constitué de personnes dont le dosage du cortisol avait été réalisé le lendemain de l’élection entre 11 h et 15 h.

Par ailleurs, en moyenne, un individu qui votait à 14 h avait un taux de cortisol huit fois plus élevé que celui d’une personne ayant voté à 8 h 30. De même, en moyenne, un électeur présentant un score d’affect négatif très élevé avait un taux de cortisol qui était neuf fois plus élevé qu’un électeur ayant un score d’affect négatif très bas.

Il ressort donc de cette étude que les élections représentent un événement stressant et que ce stress psychologique élève le taux de cortisol. « Notre étude montre que voter est psychologiquement et physiologiquement excitant, mais un évènement stressant », résument les auteurs. Reste à savoir, font-ils remarquer, si cette composante psycho-endocrinienne, en soi, est susceptible d’affecter la façon dont la personne vote quand elle se retrouve seule dans l’isoloir. En d’autres termes, si les taux de cortisol peuvent affecter le choix de l’électeur à la dernière minute.

Le fait même de se rendre dans un lieu public pour aller voter, de se montrer et d’être observé dans le bureau de vote par des inconnus, comme aussi celui de s’attendre à ce que le candidat pour lequel on vote perde finalement, tout cela peut être vécu comme autant de facteurs de stress. Cette équipe israélienne avait d’ailleurs déjà montré lors d’une précédente étude, parue en 2015 dans la revue PLos One, que voter à domicile par correspondance est associé à un taux de cortisol moins élevé que lorsque la personne se rend dans le bureau de vote.

À noter que du fait d’un taux de participation très élevé, cette étude n’a pas été en mesure de comparer les taux de cortisol des votants à celui des abstentionnistes.

Une étude américaine, publiée en 2018 dans Psychoneuroendocrinology,  a également rapporté des taux plus élevés d’humeur négative autodéclarée et une augmentation du niveau de stress (évalués par la mesure des taux de cortisol diurne) au cours de la semaine de l’élection présidentielle de 2016. Les affects négatifs augmentaient avant l’élection et culminaient la nuit de l’élection.

Les études précitées montrent donc que voter et entendre les résultats peuvent être associés à une augmentation des affects négatifs et à une élévation du taux de cortisol.

Syndrome de stress électoral

Aux États-Unis, une enquête nationale, menée en 2018 par l’American Psychological Association, indiquait que plus de 60 % des répondants considéraient le climat politique comme une source de stress.

Une étude américaine portant sur 800 adultes et parue en 2019 dans la revue PLoS One, a rapporté que pour 12 % des participants, leur engagement politique avait eu des effets délétères sur leur santé physique. Vingt-six pour cent d’entre eux se sentaient déprimés et 4 % avaient des pensées suicidaires quatre mois après la défaite de leur candidat à l’élection présidentielle de 2016.

En 2021, une étude américaine parue dans le Journal of General Internal Medicine, a montré que l’on dénombrait, en décembre 2016, dans les États qui avaient voté un mois auparavant pour Hillary Clinton, 54,6 millions de jours supplémentaires de mauvaise santé mentale dans la population adulte par rapport à octobre 2016.

Publiée en 2019 dans la revue Psychological Reports, une étude américaine a montré que l’élection présidentielle de 2016 semble avoir eu un impact négatif sur la santé mentale des étudiants dans leur vie quotidienne. Les chercheurs de la Pennsylvania State University avaient analysé l’humeur, le stress et la santé mentale sur une période de 14 jours, avant et après l’élection. Leur étude indiquait aussi une moins bonne qualité du sommeil le soir de l’élection.

Ces résultats confirment ceux d’une étude publiée en 2018 dans la revue Psychiatry Research et conduite six semaines après l’élection présidentielle américaine de 2016, qui avait montré que les jeunes sont plus susceptibles de souffrir de détresse psychologique liée aux élections. Cette tendance concernait également ceux qui présentaient une grande dépendance aux médias, accordaient une grande importance à la politique dans la vie et présentaient une appartenance politique marquée.

Les étudiants connaissent un stress psychologique accru à l’occasion des élections

Plusieurs études américaines récentes indiquent que les jeunes étudiants adultes subissent un stress psychologique et physiologique accru à l’occasion des élections.

Publiée en 2016 dans le Journal of American College Health, une étude, portant sur de jeunes étudiants adultes du sud-ouest des États-Unis, a rapporté que près d’un sur quatre présentait, trois mois après l’élection de Donald Trump à la présidentielle de 2016, des symptômes de détresse psychologique cliniquement significatifs.

En outre, deux études, publiées en 2018 dans la revue Child and Adolescent Psychiatry and Mental Health et le Journal of American College Health, ont montré que le stress sociopolitique ressenti à un niveau élevé chez de jeunes adultes pendant la campagne électorale de 2016 s’est prolongé durant les trois à quatre mois suivant l’élection.

La proportion d’Américains signalant ces effets est restée stable ou a légèrement augmenté avant l’élection présidentielle, entre le printemps 2017 et l’automne 2020. Une détérioration des paramètres de santé physique a ensuite été observée à la suite des élections de 2020. Les jeunes et les personnes politiquement intéressées, engagés politiquement ou appartenant à la gauche politique, étaient plus susceptibles de signaler des effets négatifs.

Pour autant, l’impact de ce stress sociopolitique ne semble pas homogène sur cette population de jeunes adultes étudiants universitaires, les conséquences étant différentes sur le plan individuel.

Publiée en 2018, une étude parue dans Psychoneuroendocrinology, avait évalué les affects et mesuré le taux de cortisol dans une cohorte de jeunes adultes étudiants lors de l’élection présidentielle américaine de 2016. Elle avait rapporté une élévation des taux de cortisol avant l’élection parmi tous les votants, quel que soit leur bord politique, ainsi qu’une augmentation des affects négatifs, suivies par une phase de « récupération » après l’élection.

Une étude, publiée en 2023 dans la revue Comprehensive Psychoneuroendocrinology, a conclu à l’existence, chez ces jeunes adultes (18-29 ans), de quatre sous-groupes distincts selon le niveau de réaction au stress avant, pendant et après l’élection présidentielle américaine de 2020. Si plus de 40 % des étudiants ont éprouvé un stress de basse intensité avant et après l’élection, deux autres groupes (chacun représentant 25 % de l’ensemble) ont ressenti un stress très élevé avant l’élection et qui est resté à un niveau important ou a nettement décliné après l’élection. Enfin, un quatrième sous-groupe, ne représentant que 5 % des étudiants, était caractérisé par des jeunes ayant connu un stress relativement faible avant le jour du scrutin présidentiel, mais ayant éprouvé après l’élection un niveau de stress plus élevé que dans les trois autres sous-groupes.

Ces résultats témoignent de la diversité des manifestations psychologiques ressenties par ces jeunes adultes à l’occasion d’une élection majeure. Une plus grande implication personnelle dans l’action civique (rencontre avec des politiciens, affiliation à un parti, un club ou une organisation) a été trouvée associée à un stress important après l’élection.

Anxiété et dépression lors de l’élection présidentielle américaine de 2020

Publiée en 2022 dans PLoS One, une étude a été réalisée en mars 2017 et octobre 2020, soit une période allant de quelques mois seulement après l’investiture de Donald Trump à deux semaines avant l’élection de novembre 2020. Elle a montré qu’un grand nombre d’Américains ont déclaré que la politique entraînait des conséquences néfastes sur toute une série de marqueurs de santé, allant du stress, à la perte de sommeil, des pensées suicidaires, à l’incapacité d’arrêter de penser à la politique et de publier des messages sur les réseaux sociaux.

Une étude a examiné l’effet sur l’anxiété et la dépression des Américains lors de l’élection présidentielle de novembre 2020 qui a vu l’élection de Joe Biden (contre Donald Trump). Cette enquête, publiée en 2022 dans la revue Economics and Human Biology, a utilisé les données d’un sondage conduit sur un échantillon représentatif de la population mené chaque semaine en avril et juillet 2020, puis toutes les deux semaines jusqu’en décembre 2021. Au total, plus de 3,19 millions d’individus ont été interrogés à quarante reprises entre avril 2020 et décembre 2021. Il leur a notamment été demandé s’ils étaient anxieux et préoccupés, s’ils étaient dépressifs ou indifférents durant les deux semaines écoulées.

Il ressort que les symptômes autodéclarés d’anxiété modérée à sévère et de dépression ont augmenté régulièrement jusqu’à l’élection présidentielle et ont ensuite décliné.

Les niveaux d’anxiété et de dépression ont été nettement plus élevés autour de l’élection de novembre 2020 que six mois plus tôt, lorsque la majeure partie des États-Unis était soumise à un confinement, obligatoire ou recommandé, en raison de la pandémie de Covid-19.

Une élection très disputée peut accroître anxiété et dépression dans la population générale

La semaine de l’élection a été associée à une augmentation de 23 % du niveau d’anxiété modérée ou sévère par rapport au début de l’enquête. De même, il a été observé une augmentation de 52 % du nombre de dépressions modérées ou sévères, avec une tendance qui s’est maintenue durant les deux mois suivants.

Ce niveau d’anxiété et dépression s’est traduit par un plus grand nombre de consultations dans les cabinets médicaux, une augmentation de 29 % de visites chez des médecins spécialisés dans l’anxiété et la dépression et une plus grande consommation de médicaments.

Plus précisément, à partir d’août 2020, environ 27 % des répondants ont dit ressentir une anxiété modérée à sévère et 20 % ont déclaré être en dépression modérée ou sévère. Parallèlement, 6,3 % déclaraient avoir consulté un médecin et 12,3 % avoir pris un médicament contre leur anxiété ou dépression.

Après l’élection de novembre, les effets sur l’anxiété et la dépression ont commencé à diminuer, mais sont restés élevés en raison du contexte des contestations des résultats de l’élection présidentielle et ont culminé avec l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021. Début mai 2021, le niveau d’anxiété est retombé à son niveau du début de l’enquête.

Impact sur la consommation d’alcool

Publiée en 2022 dans la revue Sleep Health, une étude a été réalisée par questionnaire avant l’élection présidentielle américaine de 2020 (du 1er au 13 octobre), puis les jours suivants (du 30 octobre au 12 novembre). Les répondants ont indiqué qu’ils avaient présenté un sommeil perturbé la nuit précédant l’élection, associé à des changements de bien-être émotionnel et à une consommation accrue d’alcool le jour du scrutin. Cependant, de l’avis même des auteurs, du fait que cette période électorale ait coïncidé avec la pandémie de Covid-19, il est difficile d’évaluer la part respective des facteurs ayant spécifiquement contribué à ces modifications.

Stress anticipatoire de l’élection américaine de mi-mandat

Aux États-Unis, les élections présidentielles de 2008, de 2016 et de 2020 ne sont pas les seules à avoir donné lieu à des études sur les conséquences du stress lié à ces échéances électorales majeures. Une étude, publiée en 2022 dans l’International Journal of Psychology, a été conduite durant les élections de mi-mandat en 2018. Elle a analysé les effets sur la santé et le bien-être de l’anxiété anticipatoire, ressentie à l’idée que l’on se fait des prochains résultats électoraux.

Les participants à cette étude ont été invités pendant 29 jours consécutifs à renseigner leurs affects positifs et négatifs, à indiquer leur exposition à des facteurs de stress et ceux auxquels ils pensaient devoir être confrontés. Cette étude a montré que l’anticipation du stress peut entraîner des conséquences similaires en termes de détresse psychologique à celles de l’exposition au stress lui-même. En outre, l’anxiété a été plus prononcée durant la période précédant l’élection et le jour du scrutin que pendant les jours qui ont suivi l’élection, avec des différences selon l’idéologie politique. L’anxiété a ainsi été constamment plus importante à l’approche de l’élection chez les conservateurs que chez les libéraux.

Signalons par ailleurs qu’une étude réalisée à Taïwan, publiée en 2023 dans la revue Health Economics, a montré une augmentation de 19 % des dépenses de santé chez les primo-électeurs au cours des quatre semaines de campagne pour l’élection présidentielle. Il s’agissait notamment de traitements pour des infections respiratoires aiguës et des maladies gastro-intestinales.

Impact sur le temps de sommeil

Des chercheurs tchèques ont utilisé une application sur smartphone pour enregistrer de manière anonymisée les caractéristiques du sommeil pendant l’élection présidentielle américaine de novembre 2016 et le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne en juin 2016. Plus de 10,5 millions d’enregistrements ont été analysés chez plus de 69 000 utilisateurs en Europe et en Amérique du Nord.

Publiée en 2019 dans Social Science & Medicine, leur étude a rapporté une diminution significative du temps de sommeil chez les votants lors ces deux évènements politiques majeurs. Une réduction significative du temps de sommeil de plus de 16 minutes a été observée chez les participants britanniques dans la nuit suivant la consultation électorale sur le Brexit. Cette tendance à la baisse du temps de sommeil a également été observée chez un grand nombre d’expatriés britanniques en Espagne et au Portugal, ainsi que chez des touristes britanniques dans ces pays.

De même, une diminution statistiquement significative du temps de sommeil, de près de 13 minutes, a été enregistrée aux États-Unis durant la nuit suivant l’élection présidentielle de 2016 par rapport aux autres pays étudiés (en Europe et au Canada).

Les chercheurs ont également noté une augmentation de la proportion de sujets ayant un temps de sommeil très court. Après le Brexit, le pourcentage des personnes ayant un temps de sommeil compris entre 4 et 6 heures est passé de 20,6 % en 2015 à 26,6 % en 2016. Concernant l’élection présidentielle américaine, la proportion des temps de sommeil entre 4 et 6 heures est passée de 19,2 % en 2015 à 36,9 % en 2016.

Ces résultats montrent donc qu’un événement politique majeur peut provoquer des changements mesurables sur le temps de sommeil.

Reste à savoir s’il pourrait exister un effet cumulatif sur le sommeil en raison d’un climat prolongé d’incertitude politique, de manifestations violentes, voire d’émeutes. En effet, chez des personnes vulnérables, notamment celles souffrant de problèmes de santé mentale, il existe un lien clair entre les troubles du sommeil du fait d’influences extérieures et la survenue d’états dépressifs ou maniaques.

Fin de la première partie

Seconde partie

Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blogLe diabète dans tous ses états, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 66 billets).

Pour en savoir plus :

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Une réponse sur “Stress, anxiété, dépression, arythmie cardiaque : quand les élections nuisent à la santé”

  1. Oui effectivement. Ces élections, même si je vis en Scandinavie, ont déclenchées un état d’anxiété chez moi que j’ai du mal à contrôler.

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