JO de Paris 2024 : une IA désignée pour chanter à l’inauguration

Le comité français olympique a tranché cédant à des pressions intenses et parfois contradictoires de l’Élysée. La chanson inaugurale des JO 2024 sera chantée par AÏcha (prononcer É-aille-cha) Chantouvère.

Mais qui est cette AÏcha apparue récemment dans les radars de la chanson française ? Une bot conçue et réalisée par le collectif d’enseignants-chercheurs parisiens, Chantouvère. L’entreprise française Mistral aurait procuré les moyens de calculs pour la génération de la chanson. Des équipes bordelaises d’Inria et du CNRS lui aurait donné un visage et un corps. Le visage de la bot a été généré artificiellement à partir des visages de plusieurs chercheuses issues de la diversité pour être « le plus inclusif » selon une source proche. Leur représentante nous a déclaré : « Nous ne comptons pas garder un centime. L’essentiel des royalties pour l’usage de cette nouvelle image ira au blog Binaire ! »

Nous avons demandé à Olive Commun-Nhume, porte-parole de Chantouvère, quelles difficultés particulières ils avaient rencontrées. Elle nous a expliqué que, d’abord, il a été compliqué de convaincre l’IA de ne pas mélanger la musique de La Marseillaise et les paroles de Kostís Palamás de l’hymne olympique. Elle a ajouté : « Ensuite, pour choisir entre plusieurs propositions de notre IA, nous avons voulu utiliser un panel d’ados sur TikTok. Ils n’ont cessé de nous proposer des alternatives qu’ils inventaient en argumentant sur le fait qu’ils les trouvaient bien meilleures que les chansons de notre IA. Finalement, nous avons utilisé un panel d’IA (plusieurs copies de notre logiciel) qui a plébiscité la chanson d’AÏcha Chantouvère que nous avons sélectionnée. »

Polémique de Palais

L’Élysée a beaucoup hésité sur le choix de cette chanson. Une partie des conseillers, que l’on pourrait qualifier d’ « aile gauche » penchait pour celle d’Aya Nakamura. L’aile droite poussait pour AÏcha Chantouvère. (Les mots « gauche » et « droite » ont ici un sens bien relatif.) Alors qu’on pensait qu’AÏcha avait été choisie, l’ « aile madame » (l’aile du palais réservée à la première dame) s’est mise à pousser pour Michel Sardou. Ce débat existentiel a été tranché au plus haut niveau.

Polémique politique

Les partis politiques se sont positionnés, la gauche pour Aya, les macroniens pour AÏcha, et la droite pour Michel. L’extrême droite s’est élevée violemment contre le choix d’AÏcha. Selon un représentant du Rassemblement national : « Son prénom est clairement à consonance pas vraiment française, voire limite maghrébine ». « La France est plurielle », s’est contentée de répondre la porte-parole de Chantouvère. Pour Reconquête, « Les chansons d’AÏcha Chantouvère ne sont pas plus en français que celles d’Aya Nakamura ». Selon Olive Commun-Nhume, « le panel d’ado a déclaré la chanson sélectionnée 100% française. Un d’entre eux a précisé que la bot parlait plutôt comme son daron ».

Polémique paillarde

Une polémique a enfin été soulevée par des internautes. En prenant les premières lettres de chaque mot, on obtient comme texte « De Profundis Morpionibus », le titre d’une chanson paillarde (*). Nous avons pu vérifier. Est-ce une facétie des chercheurs du collectif ou de l’IA ? Olive Commun-Nhume a refusé de commenter.

Pour conclure, nous devons avouer qu’à titre personnel nous ne sommes fans musicalement d’aucun des trois. Pourquoi pas Zaz ?

Serge Abiteboul, Ikram Chraibi Kaadoud, Marie-Agnès Enard

Le comité éditorial de Binaire s’oppose à la publication de cet article qui soutient clairement le choix d’AÏcha Chantouvère. Au sein du comité, certains ont déjà tranché, ils veulent entendre IA Nakamura et personne d’autre. Le seul point de consensus est qu’ils sont tous d’accord, et c’est assez rare pour le souligner, sur le fait qu’on souhaite entendre une femme.

 

(*) Cette chanson du XIXe siècle aurait été écrite par Théophile Gautier. Il en aurait refusé la paternité pour se présenter à l’Académie Française. Il est resté bien plus populaire pour cette chanson que pour son passage à l’académie.

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