À la base, Halloween et Noël c’est pareil !

Une blague d’informaticiens que vous ne comprenez pas ?
Un T-shirt de geek incompréhensible ?
Binaire vous explique (enfin) l’humour des informaticien(ne)s !

Quelle est la différence entre Halloween et Noël ? Il n’y en a pas, car Oct 31 = Dec 25.

Les nombres entiers peuvent s’écrire en base 10 (c’est la façon usuelle pour les humains), en base 2 (c’est la façon usuelle pour les ordinateurs), ou en une autre base. C’était d’ailleurs un exercice classique en primaire il y a quelques décennies. Nous avons encore l’habitude de la base 60 en considérant les heures/minutes/secondes: 90 minutes correspondent à 1 heure et 30 minutes.

Citrouille d'Halloween
Citrouille d’Halloween, par 663highland (CC-BY-SA-3.0)

Revenons à la blague qui repose sur un changement de base.

« Dec 25 » signifie le nombre 25 interprété en décimal (base 10) donc 2×10+5. Il s’agit donc du 25 usuel.

« Oct 31 » signifie le nombre 31 interprété en octal (base 8). Il vaut donc 3×8+1=24+1=25. Il correspond donc au 25 usuel en décimal.

Les deux valeurs, interprétées comme des nombres avec l’indication de la base pour les représenter, sont donc égales. Vous pourrez dorénavant déposer une citrouille au pied du sapin !

Sylvie Boldo

Le professeur devenu doyen

Dans le cadre des Entretiens autour de l’informatique, Binaire interviewe Zvi Galil, doyen en informatique au « Georgia Institute of Technology » aux USA après une carrière de professeur et chercheur en algorithmique, complexité, cryptographie et conception expérimentale d’algorithmes. Il nous parle de la haute administration dans le monde universitaire et du développement des MOOCs. Claire Mathieu et Maurice Nivat.

Zvi Galil
Zvi Galil

B : Vous avez été doyen de l’école d’ingénierie à l’université de Columbia, président de l’université de Tel-Aviv, et, maintenant, doyen de l’informatique à Georgia Tech. Comment êtes-vous passé du statut de professeur et chercheur renommé à la haute administration ?
ZG : Quand j’étais directeur de département à l’Université de Columbia, je pouvais faire cela et continuer à faire de la recherche dans le même temps. Mais il y a eu un moment charnière en 1995, quand on m’a demandé d’être le doyen de l’ingénierie à Columbia. J’ai hésité. Je savais que si je disais oui, ce serait un changement de carrière. Je me rendais compte que cela signifierait pour ma recherche. Ce fut une décision importante pour moi : dans les années 1990, j’étais classé numéro un pour les publications aux conférences FOCS et STOC (*). Même en n’y ayant plus rien publié depuis 1995, je suis toujours le numéro huit. De plus, j’adore faire de la recherche avec les étudiants en doctorat, ils sont comme des membres de ma famille. Je me lie d’amitié avec eux. Il y en a certains qui sont devenus des amis très proches. Ainsi, c’était un choix difficile. Je me posais également la question : ai-je atteint le sommet de ma carrière de chercheur ? En 1995, j’étais âgé de quarante-huit ans. Je me disais que j’avais atteint le sommet, et je savais que la qualité de mon travail de recherche allait diminuer. L’informatique théorique est un domaine extrêmement concurrentiel, et vous devez rester au courant des dernières évolutions. Mes principaux domaines de recherche sont les algorithmes de graphes et la ”Stringologie” (terme que j’ai inventé). Ces travaux ont eu un certain impact, et certains des résultats sont encore actuellement les meilleurs. Mais d’un autre côté, il y avait  cette occasion qui se présentait d’être un leader du monde universitaire, d’être un doyen. Cette perspective m’intéressait aussi. Une chose qui est bien quand on est directeur ou doyen, c’est l’interaction avec de nombreuses personnes dans de nombreux contextes différents, et, pour ma part, de par mon caractère j’aime interagir avec les gens. Lorsque vous êtes doyen, vous essayez d’améliorer votre école. Finalement, je décidai de répondre oui. Et, pendant que j’y ai été doyen, l’école d’ingénierie de l’université de Columbia est passée du rang 31 au rang 19.

B : Quelles nouvelles idées avez-vous eu en tant que leader universitaire ?
ZG : Tout d’abord, l’enseignement est très important pour moi. Dans une université, un doyen n’a pas besoin de dire à la faculté que la recherche est importants, car c’est évident pour tout le monde, mais cela n’est pas vrai en ce qui concerne l’enseignement. J’insistais donc beaucoup sur l’enseignement. À Georgia Tech, j’ai fait augmenter le taux de participation des étudiants aux enquêtes, jusqu’à environ 75% de participation, et l’enseignement s’est amélioré. Les trois quarts des cours sont maintenant évalués au dessus de 4.17, dans un intervalle de 1 à 5 ! J’ai eu une influence sur l’enseignement en invitant les mauvais enseignants dans mon bureau pour une conversation …

Et puis, lorsqu’on est doyen, quelquefois on veut emmener son unité dans de nouvelles directions. À l’Université de Columbia, j’ai joué un rôle dans la création d’un nouveau département d’ingénierie biomédicale. À Georgia Tech, nous développons l’apprentissage machine. Je me rends compte que c’est une sous-discipline très important de la science informatique. Mais tout cela est initié par les professeurs. Moi, je parle aux gens et j’écoute leurs idées. Il faut une certaine humilité pour cela.

B : Et lorsque vous, personnellement, avez une opinion sur une certaine direction de recherche qui vous semble importante, comment faites-vous pour convaincre les universitaires d’aller dans cette direction ?
ZG : En tant que doyen, ma tâche principale est de recruter des gens. Les professeurs sont ceux qui décident qui embaucher. Pour collaborer avec les directeurs de département, je gagne leur confiance, et ensuite je peux à mon tour leur faire confiance. Par exemple, en ce moment aux États-Unis l’informatique est dans une situation de boom incroyable, tout le monde embauche partout, alors il est très difficile de recruter d’excellents candidats, car ils obtiennent plusieurs offres, et ils vont parfois à de meilleurs endroits. À Georgia Tech, les directeurs de département choisissent de n’embaucher personne plutôt que quelqu’un qu’ils n’ont pas vraiment aimé, ils préfèrent attendre et me font confiance pour leur redonner le poste l’année suivante.

Par l’enseignement de cours en ligne (MOOCs), nous apprenons de nouveaux aspects de ce que la technologie peut faire pour aider à l’éducation.

 Cours en ligne sur l'apprentissage automatique de Georgia Tech. Capture d'écran.
Cours en ligne sur l’apprentissage automatique de Georgia Tech. Capture d’écran.

Un Mastère en ligne

B : Comment le Mastère en ligne a-t-il commencé à Georgia Tech?
ZG : À Georgia Tech, nous avons la tradition de faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant. La dernière en date est le programme de Mastère en ligne. En Septembre 2012, cela faisait peu de temps que les MOOCs existaient, Sebastian Trun est venu me voir et m’a fait une suggestion : faisons un diplôme de Mastère pour un coût de mille dollars. J’ai répondu, mille dollars, ça ne marchera pas,  mais peut-être que quatre mille dollars pourraient suffire. En fin de compte, le diplôme coûte six mille six cents dollars. Même en France, un tel diplôme pourrait être intéressant parce que, même si les frais de scolarité sont très faibles en France, cela permettrait d’économiser de l’argent public. J’ai adoré cette idée. Il y avait là une occasion d’innover. Je savais aussi que ce serait une direction d’avenir pour l’enseignement supérieur. Donc, je me suis jeté à l’eau, et maintenant j’apprends à nager !

Quelqu’un a dit deux choses au sujet des MOOCs : qu’ils sont comme une œuvre philanthropique venant d’universités d’élite, et que, tant qu’il n’y a pas de référence pour les MOOCs, ils sont comme une sorte d’éducation de deuxième classe pour la plèbe.  Personnellement, je considère les MOOCs comme des sortes de manuels sophistiqués. Mais les gens veulent des diplômes, des références, et c’est pourquoi nous avons créé un Mastère. Je prévoyais que les médias allaient réagir, mais nous avons été totalement dépassés par l’ampleur de la réaction. Le premier groupe d’étudiants terminera en décembre. Parmi eux, beaucoup ont déjà des emplois, et après avoir obtenu ce diplôme certains d’entre eux vont déjà obtenir une promotion. Vingt-quatre des étudiants sont déjà titulaires d’un doctorat et veulent peut-être une réorientation de carrière. Jusqu’à présent, tout se passe très bien.

B : Quel a été votre plus grande surprise à propos de ce Master en ligne à ce jour?
ZG : Tout d’abord, le degré d’investissement des étudiants. Ils utilisent des réseaux sociaux tels que Google+ ou Facebook, beaucoup plus que les étudiants sur le campus, pour étudier, interagir et s’aider les uns les autres. Nous avons maintenant près de 2300 étudiants inscrits. Un défi majeur est d’obtenir des correcteurs et des assistants d’enseignement. Je croyais que nos étudiants en ligne ne seraient pas intéressés par ces emplois parce les assistants d’enseignement sont peu payés par rapport à leur emploi principal, et  parce qu’ils sont déjà très occupés. Mais si, ils le font, parce qu’ils aiment l’interaction, et ils aiment bien rendre service ; ils ne font pas ça pour l’argent ; ils le font pour donner en retour de ce qu’ils ont reçu. Ce programme permet d’attirer des gens différents des étudiants classiques, y compris beaucoup qui ne s’inscriraient pas à un Mastère traditionnel parce que ça coûte trop cher, mais de leur point de vue ce n’est pas un diplôme de Mastère mais  plutôt une formation continue. Ils ont onze ans de plus que les étudiants classiques, et nous avons donc atteint une population différente, qui n’empiète par sur le programme de Mastère classique sur le campus. Pour le moment, la plupart sont des étudiants des USA, mais à mesure que le temps passe, le Mastère va devenir plus international.

Ainsi, nous nous sommes jetés à l’eau, c’est une nouvelle expérience, et nous sommes nous-mêmes en phase d’apprentissage. Nous sommes surpris par ce qu’on peut accomplir avec la technologie. Par exemple, quelqu’un a dit qu’il pensait que les discussions qui ont normalement lieu en classe ne se produiraient pas en ligne. Mais en fait, il se trouve que le contexte en ligne fonctionne bien pour les discussions. Notre devise est : l’accessibilité grâce au faible coût et à la technologie. Nous ne savons pas encore où la technologie nous emmènera.

B : À quoi les MOOCs ne peuvent-ils pas servir ?
ZG : Initialement il y a un très grand nombre d’étudiants, mais la plupart d’entre eux abandonnent et ne reçoivent pas de diplôme. Cela ne fonctionne que pour ceux qui sont extrêmement motivés.

Nous sommes l’université

B : Y a-t-il autre chose que vous souhaitiez ajouter ?
ZG : Je crois en la communauté universitaire. Une université, c’est une communauté de professeurs, d’étudiants, de parents, de personnels. Tout le monde doit avoir droit à la parole. Dans la haute administration, nous ne sommes pas obligés de faire ce qu’ils nous disent, mais nous avons l’obligation de les écouter. En 1948, quand Eisenhower est devenu le président de Columbia, il a dit aux professeurs : « Vous autres, membres du corps professoral, êtes les employés de l’université ». I.I. Rabi (prix Nobel) a levé la main et a dit: « M. le Président, nous autres professeurs ne sommes pas les employés de l’université ; nous sommes l’université. » Et c’est un point de vue auquel j’adhère.

Claire Mathieu et Maurice Nivat

(*) Deux conférences sélectives et prestigieuses en informatique théorique.

Aux séminaires séminaristes !

@Maev59
@Maev59

Les équipes de recherche en informatique et leurs enseignants-chercheurs participent régulièrement à des séminaires. Ils sont sur le cœur du métier informatique et constituent un élément important de la démarche scientifique des chercheurs. Le but ici n’est pas de parler de ces séminaires mais de ceux organisés et animés aussi par des chercheurs, pas obligatoirement en informatique d’ailleurs, mais dans d’autres disciplines qui s’intéressent à l’informatique. Pierre Paradinas

 

Histoire de l’informatique

Le séminaire d’histoire de l’informatique a pour objectif de présenter et conserver la mémoire des travaux pionniers de l’informatique. Les intervenants sont soit les acteurs des débuts de cette discipline, soit des chercheurs s’intéressant aux développements de l’informatique dans l’industrie, l’économie, la recherche ou la société civile. Il est co-organisé par Francois Anceau, ancien professeur du Cnam, Pierre-Eric Mounier-Kuhn, historien, CNRS, Paris-Sorbonne et Isabelle Astic, responsable de collections au Musée des arts et métiers. Il a été initié dans le cadre du projet « Vers un musée de l’informatique et du numérique », vous pouvez accéder en ligne aux présentations sur le site du #MINF.

Le code objet de la pensée informatique

Histoire et philosophie de l’informatique

Le séminaire Histoire et philosophie de l’informatique, interroge sur « qu’est-ce que l’informatique ? » qui n’est pas seulement une question de philosophe ou d’historien cherchant à comprendre les concepts et les tensions que recouvre cette catégorie. La question se pose aussi, ce qui est plus rare, dans le champ scientifique, aux acteurs de ce domaine d’activité dont l’identité semble encore en devenir, cinquante-deux ans après l’invention du mot « informatique ». Ce séminaire réunit des informaticiens, des historiens, des spécialistes des sciences sociales et des philosophes, il est organisé par Maël Pégny (IHPST-CNRS), Baptiste Mélès et Pierre-Eric Mounier-Kuhn.

Interactions entre logique, langage et informatique. Histoire et Philosophie

Le but du séminaire Interactions entre logique, langage et informatique. Histoire et Philosophie est de penser les relations entre la logique, l’informatique et la linguistique. Pourquoi a-t-on besoin de la logique pour l’avancement de l’informatique et quel est le rôle de la linguistique ? Ce séminaire est organisé par Liesbeth De Mol (CNRS/STL, Université de Lille 3), Alberto Naibo (IHPST, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ENS), Shahid Rahman (STL, Université de Lille 3) et Mark van Atten (CNRS/SND, Université Paris-Sorbonne).

Cette liste n’est pas exhaustive, vous participez ou vous  animez un séminaire qui est en lien avec l’informatique, n’hésitez pas à nous faire part des informations complémentaires.

Pierre Paradinas, Professeur titulaire de la chaire Systèmes Embarqués au Cnam

En préparant cet article, je n’ai pu m’empêcher de repenser à nos professeurs d’informatique de l’Université de Lille 1 – peu nombreux à l’époque – qui en 1983  nous avaient obligé à nous rendre dans une université voisine pour aller écouter un séminaire où intervenaient Jacques Arsac et Marcel-Paul Schützenberger. La présentation de ce dernier portait sur La métaphore informatique (disponible dans Informatique et connaissance, pages 45–63. UER de philosophie, Université Charles de Gaulle Lille III, 1988. Conférence en novembre 1983). Si vous vous demandez qu’est-ce qui peut inciter à devenir informaticien, la réponse est : en écoutant Arsac et Schütz !

 

Sex and the Algorithm

« Sex truly was the original sin »
Christos Papadimitriou

Christos Papadimitriou.
Christos Papadimitriou

Ce que nous avons retenu de la sélection naturelle, c’est que les mieux adaptés, les plus forts, se reproduisent et finissent par l’emporter, et pour ce qui est de la génétique, c’est qu’on prend au hasard 50% des gènes de chacun des deux membres d’un couple pour obtenir un nouvel individu. Christos Papadimitriou, professeur à Berkeley, et ses collaborateurs étudient ces phénomènes. Christos est un des plus brillants chercheurs en informatique. Il s’est aussi intéressé, entre autre, à la finance, et la biologie. Nous allons essayer de vous présenter son point de vue, en le simplifiant à outrance tout en le prolongeant aussi. Si vous lisez l’anglais, et si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à aller lire un article plus technique [1].

Si par chance, on a obtenu un individu avec des gènes d’enfer, il se reproduit et ses enfants n’héritent que de la moitié de ses gènes. Cela se dilue à chaque génération. La reproduction sexuée détruit-elle ce qui marche bien ? Est-elle débile ? Et pourtant… La reproduction sexuée est la norme dans la nature, la reproduction asexuée rare. Pourquoi ? Les chercheurs ne sont pas d’accord sur les explications. Christos et ses collègues proposent une théorie passionnante. En fait, ils montrent que c’est à cause de l’effet de dilution que la reproduction sexuée « gagne ».

La structure d’une partie de la double hélice de l’ADN. Wikipédia.
La structure d’une partie de la double hélice de l’ADN. Wikipédia.

Une analogie est celle de l’investissement boursier. On pourrait imaginer qu’une bonne stratégie consiste à acheter quelques rares titres super performants. Mais en fait un bon investisseur va varier son portefeuille, achetant aussi des titres qui réussissent moins bien, pour pouvoir s’adapter à des changements de l’environnement bancaire. La reproduction asexuée serait parfaite dans une nature figée. Mais la nature change sans cesse, et la reproduction est bien plus à même de suivre ses transformations. C’est cette intuition qui conduit les investisseurs à panacher leurs portefeuilles.

Christos et ses collègues ont démontré cette thèse dans des simulations informatiques que nous allons vous expliquer. Pour cela considérons deux algorithmes très utilisés en informatique. Dans les deux cas, on part d’une population de candidats possibles pour résoudre un problème particulier et on essaie d’aller vers des candidats de plus en plus performants pour résoudre ce problème. Très grossièrement :

  •  Les algorithmes de recuit simulé et la reproduction asexuée. On laisse chaque individu se reproduire en se modifiant aléatoirement. Pour choisir au hasard qui se reproduit, on privilège ceux qui sont le plus performants.
  • Les algorithmes génétiques et la reproduction sexuée. On choisit au hasard deux individus et on les combine pour obtenir un nouvel individu. Là aussi, on biaise le processus en laissant les « meilleurs » se reproduire plus que les autres.

Si on donne un problème fixe aux algorithmes génétiques, qui semblent pourtant imiter la solution majoritaire dans la nature, ils marchent moins bien que les algorithmes de recuit simulé. Mais si on laisse le problème muter sans arrêt, c’est le contraire qui se passe. La reproduction sexuée est mieux adaptée dans un monde en changement perpétuel.

Une remarque essentielle est que la reproduction sexuée favorise les systèmes dont on peut combiner efficacement deux individus. Dans la nature, cela conduit donc à des systèmes biologiques se reproduisant de manière sexuée. En informatique, on est confronté à une difficulté, celle de combiner deux individus. Que convient-il de recombiner pour retrouver dans les algorithmes sexués, l’efficacité constatée dans la nature ? Un petit détour par la fiction s’impose.

et-sexuality-binaire-rayclid-vbIsaac Asimov a imaginé, dans la nouvelle « What is this thing called love » [2], une race extraterrestre ne connaissant que la reproduction asexuée (un parent donne naissance, tout seul, à un enfant qui lui ressemble beaucoup), et ayant appris que sur la planète Terre une race se reproduisait de manière sexuée (deux parents mélangeant leurs gènes pour donner un enfant). Pour eux, si c’est le cas, il leur faut absolument détruire cette race sans tarder, car un tel processus permettra fatalement aux humains de donner naissance un jour à une race supérieure qui dominera l’univers, du fait des possibilités infinies d’amélioration de leurs capacités, et ce de manière beaucoup plus rapide que les autres races. L’anecdote de l’histoire est qu’ils enlèvent un couple de terriens, et leur demandent naïvement de leur faire une démonstration de reproduction sexuée. La femme et l’homme, dignes représentants de la morale puritaine qu’Asimov caricature ici, refusent d’une manière telle que les extraterrestres repartent, convaincu que toutes ces histoires de reproduction sexuée ne sont qu’élucubrations de leurs savants, et qu’ils peuvent laisser cette planète tranquille. Bien entendu, quelques minutes plus tard, le couple passe à l’action, finalement…

ordMais imaginons que ces extraterrestres, au lieu d’être horrifiés à l’idée de cette race se reproduisant de manière sexuée, se soient au contraire mis en tête de tenter de l’imiter avec une compréhension du phénomène, et des expertises en biologie, très superficielles. Ils auraient par exemple tenté d’échanger des organes entre différents individus, genre « je prend le corps d’une personne pour y mettre le cerveau exceptionnel d’une autre ». Il est clair que le résultat aurait été en deçà de leurs espérances, à supposer qu’ils aient même réussi à garder les personnes en vie. Car la reproduction sexuée se déroule dans la nature au niveau des chromosomes, et qu’un chromosome n’est pas une partie de la solution (l’organisme), mais une partie de la machinerie qui construit l’organisme via le phénomène éminemment complexe de la morphogénèse. Pour que la reproduction sexuée donne les résultats escomptés, il faut donc qu’elle s’effectue à un niveau suffisant de complexité pour que la substantifique moelle de ce qui rend un individu supérieur aux autres (dans un concours de beauté, ou en mathématiques) soit effectivement recombinée.

Revenons aux algorithmes, et à l’autre face de l’informatique, lorsque celle-ci résout des problèmes hors de portée du mathématicien, en s’inspirant éventuellement de la nature, mais sans aucune obligation de réalisme. Ici également, ce qui rend une solution meilleure que les autres n’est pas forcément directement l’un des composants utilisés pour la représenter. Et un croisement qui se contentera d’échanger des « bouts de solutions » comme par exemple dans le modèle qu’utilise Christos, ne tirera effectivement pas partie de la puissance potentielle de la reproduction sexuée.

Prenons un exemple que les informaticiens adorent, par sa complexité malgré la simplicité de son énoncé, la résolution du problème dit « du voyageur de commerce » : un VRP doit visiter un certain nombre de villes en faisant le minimum de kilomètres. Une solution est donc décrite par la liste des villes dans l’ordre de parcours. Il est clair qu’ici, la méthode consistant à croiser deux listes en les coupant en deux au hasard et en raboutant le début de l’une avec la fin de l’autre ne permet même pas d’obtenir des nouvelles liste valides : il manquera quasiment inévitablement des villes dans les deux nouvelles listes. C’est d’ailleurs l’exemple qu’utilise Christos pour illustrer précisément la difficulté de concevoir un croisement par recombinaison basique de parties de solution. Mais un chercheur japonais a récemment proposé [3] un processus de croisement de deux listes, plutôt complexe, qui réussit l’exploit de mélanger deux listes en extrayant de chacune ce qui fait qu’elle est peut-être un début de bonne solution au problème, tout en contenant suffisamment de hasard pour créer cette race destinée inévitablement à dominer l’univers, c’est-à-dire ici trouver la meilleure solution possible pour notre VRP. Son algorithme génétique détient aujourd’hui plusieurs records du monde … sur des problèmes de VRP classiques, c’est-à-dire statiques.

Au fond, il existe plusieurs manières de pratiquer la sexualité, pour les algorithmes comme dans la vie, et toutes ne sont pas aussi performantes. Nous n’en sommes certainement qu’au début de cette direction de recherche mais elle est prometteuse.

Vous aviez peut-être l’impression que le sexe domine le monde. Vous aviez raison, mais peut-être pas pour les bonnes raisons…

Serge Abiteboul, Inria & ENS Cachan, and Marc Schoenauer, Inria & Université Paris Saclay

Pour aller plus loin :

[1] Algorithms, games, and evolution, Erick Chastaina, Adi Livnatb, Christos Papadimitriouc,1, and Umesh Vaziranic
[2] Isaac Asimov. What Is This Thing Called Love? (short story). Voir l’article Wikipedia avec ce titre (en anglais, la page française correspondante étant à peu près vide).
[3] A powerful genetic algorithm using edge assembly crossover for the traveling salesman problem. Yuichi Nagata and Shigenobu Kobayashi.  INFORMS Journal on Computing, 25(2):346-363, 2013.

Open Access : En avant !

On parle beaucoup d’open access en ce moment notamment avec un article très disputé de la Loi pour une République Numérique. Nous fêtons du 19 au 25 octobre l’Open Access Week, la semaine du libre accès, « un événement annuel du monde scientifique marqué par l’organisation de multiples conférences, séminaires ou annonces sur le thème du libre accès et sur le futur de la recherche académique dans de nombreux pays. » L’open access des résultats de la recherche académique, notamment quand elle est subventionnée par l’état, semble une évidence. À l’heure du Web, c’est pourtant loin d’être la règle. Laurent Romary, chercheur chez Inria, aborde le sujet. Serge Abiteboul.

Le libre accès (en anglais : open access) est la mise à disposition en ligne de contenus numériques, qui peuvent eux-mêmes être soit libres (Creative commons, etc.), soit sous un des régimes de propriété intellectuelle. L’open access est principalement utilisé pour les articles de revues de recherche universitaires, sélectionnés par des pairs… Wikipedia 2016.

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Le logo de l’open-access : une image … en accès libre !

La semaine de l’accès libre doit être aussi celle de la pensée libérée. Alors que le sujet n’a jamais été aussi prégnant dans les agendas politiques avec la discussion sur la loi pour une République Numérique et son fameux article 9 sur le « Libre accès aux publications scientifiques de la recherche publique », on peut essayer d’identifier qui a la maîtrise conceptuelle des débats. La lecture du projet d’article laisse perplexe. On ne peut que se féliciter que l’open access soit mentionné explicitement dans la loi et que la notion de « Commun », essentielle en particulier dans l’activité scientifique, apparaisse en tant que telle. Mais tout reflète ici une vision guidée par les vieux mécanismes de l’édition privée, pour ne pas dire papier. On sourirait presque à la référence faite à une parution d’« au moins une fois par an » alors que les journaux électroniques (et libres) modernes publient de plus en plus souvent au fil de l’eau, article par article. On grince à la lecture que des contraintes peuvent peser sur le manuscrit auteur alors que le chercheur et ses confrères chargés de la relecture ont été les seuls à fournir une création de l’esprit. On se désole de voir repris la notion d’embargo (i.e. de « délai de publication ouverte  »), inventée par l’édition commerciale et qui limite la diffusion des savoirs au moment même où cette diffusion serait la plus utile : le temps de l’expression des idées. On ne doute plus avec la dernière phrase dont le seul but est qu’ « aucune exploitation commerciale » ne puisse avoir lieu, alors que l’on souhaite évidemment que les contenus scientifiques (indépendamment de leur forme écrite) soient le plus vite possible des générateurs de prospérité scientifique, sociétale et économique, comme le demande d’ailleurs explicitement la puissance publique qui, faut-il le rappeler, finance une grande partie de la recherche.

Dans le même temps, on assiste à cette même perte de maîtrise de l’agenda au niveau européen avec des prises de position très conservatrices prises par des institutions telles que la société Max Planck en Allemagne ou exprimées dans des rapports officiels en Angleterre. On semble se précipiter dans les bras du modèle auteur-payeur là aussi inventé par l’édition privée, qui présente tous les risques de coûter au milieu académique bien plus cher que les abonnements eux-mêmes.

Les chercheurs sont perdus. Il ne savent plus à quel modèle se vouer. Quels droits ont-ils de déposer dans des archives ouvertes telles que HAL ou arXiv alors qu’un éditeur comme Elsevier change régulièrement de politique rendant celle-ci illisible ? Doivent-ils tout aussi bien se laisser tenter par les miroirs aux alouettes que sont Mendeley, Academia ou Research Gate, dont les perspectives économiques ne sont pas nécessairement compatibles avec les besoins de la communication et de la préservation des communs de la science ? Doivent-ils simplement obtempérer quand on leur demande dans le cadre de modèles dits hybrides (*) de payer pour que leur article de revue scientifique soit en « open access » à la date de publication ?

Que faire alors ? Probablement travailler à l’identification du modèle que l’on souhaite vraiment mettre en œuvre pour favoriser la diffusion libre des savoirs.

http://www.episciences.org une plateforme pour réaliser des revues à moindre coût et de mettre en œuvre le libre accès aux versions électroniques des articles.

De quoi parle-t-on ? De mécanismes de communication scientifique que les chercheurs et leurs institutions ont choisis et dont ils possèdent l’entière maîtrise, notamment pour décider des conditions de diffusion et de réutilisation des contenus. De plates-formes de publications qui dépendent de la force publique, et dont les services ne peuvent être délégués que dans un cadre réellement concurrentiel. De la possibilité de pouvoir — enfin — prendre toute la dimension du passage au tout numérique et de voir s’il est possible de communiquer les résultats de recherche autrement : nouveaux modes de qualification et de certification, impact sur les (et symétriquement, des) réseaux sociaux, prise en compte des données de recherche, nouveaux indices d’impact ou de notoriété.

Un doux rêve ? Il semble que certaines institutions ont décidé d’agir dans ce sens. Pour preuve, Inria, forcément bien placée pour comprendre les défis du numérique, demande à tous ses chercheurs de communiquer autrement :

  • un article de recherche est pris en compte dans l’évaluation d’une équipe uniquement s’il est disponible en accès libre dans le système public HAL,
  • le modèle hybride de financement des publications doit être refusé,
  • et enfin, l’institut encourage des contributions à la définition et à la vie de nouveaux journaux qui reposent sur des plates-formes publiques telles qu’Episciences.org.

Le message est clair : les chercheurs doivent mettre leurs productions scientifiques au service de toutes et tous !

Ce qui est possible chez Inria l’est-il plus largement dans d’autres institutions et dans la communauté de recherche au sens large ? Cette semaine de l’open access est-elle celle du conservatisme vis-à-vis des modèles existants ou celle de la créativité et du courage ?

Laurent Romary, Inria.

Pour ce qui est de la Loi sur la République numérique, Binaire soutient la proposition d’Inria.

(*) Modèle hybride : la revue est diffusée de façon traditionnelle sur abonnement, mais l’auteur d’un article peut également payer pour que celui-ci soit disponible en accès libre. Les chercheurs paient donc deux fois : pour publier et pour accéder.

Pour aller plus loin :

 

Du code au langage

Le progrès scientifique, la diffusion des sciences, reposent sur le langage. C’est pourquoi les mots ont tellement d’importance en sciences. C’est le cas aussi en informatique, une science naissante qui repose sur un vocabulaire forgé récemment et en évolution permanente. Un historien des sciences, Pierre Mounier-Kuhn revient pour Binaire sur la genèse de mots essentiels comme code ou langage. Serge Abiteboul et Gilles Dowek.

L’historien Mathias Dörries a noté que les scientifiques, quand une métaphore leur vient à l’esprit, ne se contentent pas de l’employer comme outil expressif : ils la poussent au bout de ses implications pour explorer toute sa valeur heuristique. C’est précisément ce que l’on observe en étudiant l’émergence de la notion de langage en programmation. Je la résumerai d’abord en évoquant les étapes de cette évolution dans le petit milieu des proto-informaticiens français aux temps héroïques des ordinosaures, puis en nous portant sur la scène internationale.

En novembre 1949, le fondateur d’une start-up abritée dans une ancienne usine automobile bombardée à Courbevoie, la Société d’électronique et d’automatisme (SEA), rédige un rapport interne qui constitue le premier projet d’ordinateur en France. En résulte aussitôt un contrat de recherche avec le bureau des missiles de l’Armée de l’Air. Cette synthèse des réflexions de François-Henri Raymond et de son équipe décrit brièvement l’architecture d’un ordinateur, donne le tableau des « codes d’ordre » de von Neumann prévus pour l’EDVAC de Princeton, et fournit un exemple d’application mathématique. Du point de vue de la programmation, il ne parle que de coding et de code, défini comme « la suite des ordres précis telle qu’elle se trouve enregistrée en mémoire. »

L'EDVAC installé au bâtiment 328 du Ballistics Research Laboratory. Wikipedia
L’EDVAC installé au bâtiment 328 du Ballistics Research Laboratory. Wikipedia

Quelques années plus tard, en 1955, la SEA installe ses premiers ordinateurs chez des clients. Dans une série d’articles destinés aux ingénieurs, le chef d’entreprise explique leurs principes et leur fonctionnement, insistant sur leur nouveauté : on doit les considérer non seulement comme des calculatrices, mais comme des systèmes conçus pour traiter des programmes ; non plus comme des machines, mais comme des automates. Raymond explique que le principe même de machine universelle fonctionnant en binaire implique « une traduction entre notre langage et le sien. » Et, filant la métaphore linguistique, il décrit le symbolisme permettant d’exprimer un processus de calcul comme « une convention d’écriture, qui constitue une règle de la grammaire du langage fonctionnel de la machine ». L’année suivante, dans un congrès à Milan, il parle à nouveau de ces « conventions de langage » qui permettent la « programmation automatique », laquelle revient à « un problème de traduction automatique ».

Tandis qu’IBM apporte Fortran à Paris en 1957, la SEA élabore son propre langage de programmation, PAF (Programmation Automatique des Formules), présenté en 1960. C’est d’emblée un langage conversationnel. La métaphore du langage et de la communication homme/ machine est poussée assez loin dans sa mise en œuvre technique, puisqu’il suffit de taper au clavier le début d’une formule pour que la machine la complète automatiquement : la « CAB 500 » donne à son utilisateur le sentiment qu’elle comprend même ses intentions !

CAB 2022 de la SEA, installée en 1955 chez Matra (photo SEA).
CAB 2022 de la SEA, installée en 1955 chez Matra (photo SEA).

Simultanément, le CNRS et l’Armement créent un Centre d’études de la traduction automatique, où se croisent la programmation, la logique et le traitement automatique des langues. Tandis qu’un aventurier français de la recherche mathématique, Marcel-Paul Schützenberger, écrit avec le linguiste américain Noam Chomsky un article qui apporte un éclairage théorique à la programmation et jette les bases de la linguistique computationnelle. Ce rapprochement est manifeste avec la création, dès 1963-1964, des premiers Instituts universitaires de programmation, à Paris et à Grenoble, où les théories du langage ont d’emblée leur place dans l’enseignement.

Comment l’informatique est-elle ainsi passée du codage au langage ? Au-delà du cas français que je viens d’évoquer, un groupe d’historiens fédérés dans un projet européen s’est plongé dans les archives et dans les mémoires des pionniers pour comprendre ce processus. Processus décisif pour la construction de l’informatique elle-même, comme discipline et comme activité professionnelle. Et qui s’observe d’abord dans les pays pionniers : l’Angleterre et les États-Unis, puis l’Allemagne.

L’idée de machines avec lesquelles on puisse communiquer s’est répandue après la guerre. Notamment avec l’ouvrage de Norbert Wiener, Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and the Machine (1948) et l’article d’Alan Turing, paru dans Mind en 1950, dont le fameux test décrivait un dialogue en langage naturel avec un être humain et un ordinateur. Si l’on pouvait construire des « cerveaux électroniques », le langage ne devait-il pas être un de leurs attributs ? Ces réflexions cybernétiques ouvraient des perspectives inédites, mais leur anthropomorphisme allait rapidement les éloigner des préoccupations des praticiens.

J. et J. Poyen,                            Le Langage électronique (1963)
J. et J. Poyen, Le Langage électronique (1963)

Si dès 1947 apparaît aux États-Unis le terme « langage machine » pour désigner le code binaire traité par les circuits électriques des grands calculateurs, c’est le mot code ou codage qui domine. Et, pendant des années, chaque ordinateur aura son système de codage particulier, développé localement par son équipe de programmeurs. Ce qui ne présente guère d’inconvénients tant que ces machines sont peu nombreuses – il en existe au plus 200 dans le monde en 1955. Les améliorations consistent à développer des autocodes, déchargeant le programmeur de tâches routinières comme la traduction de formules algébriques en langage machine. Le résultat le plus abouti est la première version de ForTran, présentée en 1954 sur l’IBM 704.

Les changements vont être impulsés par une convergence d’intérêts et de projets très divers. Le premier est d’ordre économique, lié à la croissance rapide du parc d’ordinateurs. Dès le milieu des années cinquante, les plus gros centres de calcul, dans l’armement ou l’aéronautique, possèdent plusieurs ordinateurs de modèles différents ou commencent à remplacer leurs premiers « cerveaux électroniques » par des machines de série. Ils découvrent le coût grandissant de la re-programmation : on doit non seulement réécrire chaque programme, mais aussi former de nouveaux programmeurs aux particularités de chaque architecture, dans une tension forte entre la rareté des compétences et la pression exercée sur la R & D par les besoins de la guerre froide.

Ces grands utilisateurs commencent donc à imaginer des techniques de programmation communes. IBM soutient cette tendance, comprenant que l’inflation incontrôlée des charges du software dissuaderait les clients d’acheter des matériels ; la mise au point de Fortran est un élément de solution. En mai 1954, lors d’un symposium sur les techniques de programmation automatique organisé par l’Office of Naval Research, plusieurs mathématiciens (Saul Gorn, John Carr, etc.) exposent leurs expériences : élaborer un « code universel » ou un « universal computer language », appuyé sur des méthodes de conception utilisant des schémas normalisés (ordinogrammes ou flowcharts), indépendants des modèles particuliers de machines, permettrait à la fois de maîtriser les coûts, d’améliorer la lisibilité et la qualité des programmes. Et de proposer aux étudiants des cours de programmation qui ne se limiteraient pas à des « recettes de cuisine ».

S’y ajoute une motivation politique. Ces universitaires voient dans un futur langage universel (« commun », précise-t-on souvent) un moyen d’échapper à l’emprise grandissante des constructeurs d’ordinateurs. Et de conserver la libre circulation des idées au sein des communautés de chercheurs, dans l’Université comme dans l’Armement.

En 1955 un autre mouvement s’amorce dans le même sens : les clubs d’utilisateurs. Les utilisateurs commencent à s’organiser en groupes spécialisés par type d’ordinateurs. Leur principale activité consiste à échanger, à mettre en commun  des programmes et des techniques de programmation, à établir des standards qui transcendent les particularismes locaux. La tâche se complique d’autant que commencent à se multiplier les langages adaptés à chaque famille d’application.

C’est dans ce contexte que sont initiés quatre projets. Inspirée par les travaux d’Alan Perlis sur la compilation, IBM s’appuie sur son groupe d’utilisateurs SHARE pour rendre Fortran utilisable sur ses différents calculateurs scientifiques. Le groupe d’utilisateurs d’Univac, USE, imagine un supra-langage qui faciliterait l’échange de bibliothèques de programmes, et qui inspire un projet similaire de l’US Army. Le Department of Defense réunit un comité pour définir un Common business-oriented language (Cobol). Enfin plusieurs organisations s’associent pour élaborer un « langage intermédiaire », entre les langages d’application et les codes machines ; ce Universal computer-oriented language (Uncol) serait plus économique, espère-t-on, que le développement d’un compilateur pour chaque langage d’application. Cette usine à gaz linguistique sera enterrée en 1961, tandis que Cobol et Fortran décolleront sur des trajectoires durables. Mais tous ces efforts installent progressivement l’idée que la programmation peut être pensée en elle-même, sans lien avec un matériel spécifique.

Instruction Fortran ORTRAN sur une carte perforée. Wikipedia
Instruction Fortran ORTRAN sur une carte perforée. Wikipedia

Entre temps, des sociétés savantes se sont attaquées au problème. L’Association for computing machinery (ACM) crée en 1957 un comité des langages. Elle est contactée par la société allemande de Mécanique et Mathématiques appliquées (GAMM), en vue de définir un langage scientifique commun. Démarche bien naturelle : les mathématiciens sont habitués à une représentation traditionnelle des mathématiques en termes linguistiques, comme « langage de la Nature », comme « grammaire de la Science », puis au XXe siècle comme un système symbolique formel. Rapidement le projet emprunte donc les chemins bien balisés de l’internationale des mathématiciens.

Ce projet Algol (Algorithmic Language) reflète aussi leurs valeurs : universalité, rigueur dans l’expression, définition in abstracto indépendamment des contingences matérielles. Il vise deux objectifs : être à la fois un langage utilisable sur tout ordinateur et un moyen rigoureux d’expression et de communication des algorithmes. Présenté en 1959 à Paris au premier congrès international de traitement de l’information, il est spécifié l’année suivante sous le nom Algol 60, et devient un véritable programme de recherches en même temps qu’un outil de programmation. Pour la première fois, un langage informatique est défini formellement : l’auteur du Fortran, John Backus, et le Norvégien Peter Naur inventent une notation qui porte leurs noms (Backus-Naur Form, BNF), permettant de décrire les règles syntaxiques des langages. La programmation devient une discipline scientifique. Cinq ans plus tard, deux des acteurs centraux de cette histoire, John Carr et Saul Gorn, décideront de créer un prix pour couronner d’éminents travaux dans cette spécialité en rendant hommage à la mémoire d’un pionnier tombé dans l’oubli : Alan Turing.

Pierre Mounier-Kuhn, Historien, CNRS et Université Paris-Sorbonne.

Pour aller plus loin,

[1] Pierre Mounier-Kuhn,  « L’Informatique en France de la seconde guerre mondiale au Plan Calcul. L’Émergence d’une science », Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2010.
[2] Le projet européen « Soft-EU » a rassemblé pendant quatre ans une douzaine d’historiens venus des deux côtés de l’Atlantique. Je résume ici l’article de D. Nofre, M. Priestley et G. Alberts, « When Technology Became Language: the Origins of the Linguistic Conception of Computer Programming », Technology and Culture, 55, 1 (2014):40-75.
[3] P. Mounier-Kuhn, « Les clubs d’utilisateurs : entre syndicats de clients, instruments marketing et logiciel libre avant la lettre”, Entreprises et Histoire, décembre 2010, vol. 60, n° 3, p. 158-169. http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=EH_060_0158.

[4] P. Mounier-Kuhn, « Du code au langage », article légèrement étendu,

C’est la fête !

logo_fete_de_la_science_459382Depuis 24 ans maintenant, durant toute une semaine, la science est à la fête partout en France. Avec plus d’un million de visiteurs, 7000 chercheurs impliqués et un foisonnement d’animations, d’expositions, de débats et d’initiatives originales, partout en France et pour tous les publics, la Fête de la science est une occasion de découvrir le monde des sciences et de rencontrer des scientifiques. Les sciences du numérique ne sont pas en reste, avec les multiples initiatives proposées par les établissements de recherche comme par exemple celles du CNRS et ou celles d’Inria que Marie-Agnès Enard a choisi de vous inviter à découvrir.

Bordeaux – Sud Ouest : Circuit scientifique bordelais

Dans le cadre du Circuit scientifique bordelais, les structures d’enseignement supérieur et de recherche et leurs laboratoires ouvrent leurs portes du 5 au 9 octobre, en proposant des ateliers ludiques aux élèves du primaire à l’université. C’est l’occasion de venir découvrir le monde passionnant de la recherche et les activités des scientifiques dans de nombreuses disciplines. Au centre Inria Bordeaux – Sud-Ouest, chercheurs et ingénieurs accueilleront les élèves de tous les niveaux et de toute l’académie pour leur transmettre leur passion pour les sciences du numérique. Pour vous inscrire, suivez le lien.

Grenoble – Rhône Alpes  : Portes ouvertes aux lycéens !

Inria Grenoble ouvre ses portes aux lycéens les 8 et 9 octobre pour une immersion dans le monde des sciences du numérique. Au programme : parcours de visite augmentée du centre de recherche, découverte de plateformes d’expérimentations, habitat intelligent, capture et modélisation de formes en mouvement, initiation aux notions de l’informatique par des activités ludiques sans ordinateurs, cryptologie et protection de messages, dialogue avec les scientifiques sur des problématiques de société.

Lille – Nord Europe  : Chercheurs itinérants

Les scientifiques du centre de Lille interviendront dans les établissements scolaires (collèges et lycées) de la Métropole lilloise, du lundi 05 au vendredi 16 octobre 2015. Au programme : réalité virtuelle, programmation objet, imagerie de synthèse, intelligence artificielle… un partage de connaissances sur des sujets qui les passionnent et enrichissent d’ores et déjà notre quotidien.Une manière pour nos chercheurs de communiquer sur leur métier, leurs thématiques et d’échanger avec des élèves afin d’enrichir leur perception de la recherche. Un partage de connaissances sur des sujets passionnants qui enrichissent notre quotidien.

Nancy – Grand Est  : Artem fête la science

Scientifiques et médiateurs du centre vous donnent rendez-vous sur le site d’Artem les 9 et 10 octobre prochain, pour une approche plurielle de la science, où informatique rimera avec ludique !  Au programme : robots humanoïdes, informatique sans ordinateur, jeu de société, reconnaissance d’images, envolées de drones, numérique et santé,… Manifestation co-organisée par Mines Nancy, le LORIA, l’Institut Jean Lamour et GeoRessources, avec le soutien d’Inria Nancy – Grand Est.

Paris – Rocquencourt  : L’eau, future énergie verte ?

Le centre Paris – Rocquencourt s’associe à la fête de la science Sorbonne Universités qui souhaite mettre en avant cette année le travail des scientifiques qui étudient le climat sous tous ses aspects. Du 9 au 11 octobre, l’équipe Ange du centre vous dira tout sur la dynamique des vagues, la houle, les énergies alternatives et vous propose une conférence sur le thème : Nouvelles vagues, de la simulation numérique à la conception.

Rennes – Bretagne Atlantique  : Programme ton robot !

Le centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique sera présent au Village des sciences de Rennes du vendredi 9 au dimanche 11 octobre 2015, au Diapason sur le Campus Universitaire de Beaulieu. A cette occasion, nos scientifiques vous proposeront de créer un programme sur ordinateur puis de le tester sur un robot. Plusieurs épreuves ou défis seront proposés selon trois niveaux de difficulté permettant une acquisition progressive du langage de programmation.

Saclay – Ile de France  : Parcours ludique à la découverte des sciences du numérique

Le centre de recherche Inria Saclay – Ile-de-France ouvre ses portes vendredi 9 et samedi 10 octobre et invite petits et grands à la découverte des sciences du numérique au travers d’animations ludiques reflétant l’interaction entre l’informatique, les mathématiques et les autres sciences. Au programme, plusieurs ateliers animés par les chercheurs du centre : découverte des secrets de la cryptographie, bio-informatique ludique, initiation aux bases de données, introduction à la programmation et aux robots, exploration du cerveau, et plongée au cœur d’un réseau.

Sophia Antipolis – Méditerranée  : Explorez les sciences du numérique ! 

Les scientifiques et médiateurs du centre invitent tous les publics, petits et grands  à venir découvrir les sciences du numérique au travers d’approches concrètes et ludiques. Une programmation riche et variée vous attend à Antibes Juan-Les-Pins, Montpellier et La Seyne sur Mer les 10 et 11 octobre ainsi qu’ à Vinon-sur-Verdon le 17 octobre. Au programme : Maths de la planète Terre, traitement d’images, graphes et algorithmes, manipulations, coding goûters, initiation à la robotique, jeux de société, activités débranchées, tours de magie… Du 5 au 9 octobre, les scientifiques d’Inria interviendront également dans des lycées, un moment privilégié pour dialoguer avec les jeunes et débattre sur des thématiques ciblées, mais aussi pour parler de leur métier de scientifique tel qu’ils le vivent. Enfin nos chercheurs interviendront également dans les médiathèques de la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis.

Nous vous souhaitons une belle semaine festive et scientifique ! Vous pouvez d’ailleurs partager vos découvertes sur Twitter en suivant le compte @FeteScience et son mot-dièse #FDS2015 ou sur Facebook.

Marie-Agnès Enard

Class’Code… c’est parti !

Former 300 000 éducateurs, animateurs, enseignants pour que ceux-ci puissent demain utiliser le code informatique dans leurs activités devant les enfants et les adolescents, c’est le défi fou de Class’Code. Faire aussi qu’apprendre à programmer ne soit pas une fin en soi mais un moyen de s’approprier vraiment le monde numérique : ils sont totalement fous !  A Binaire, nous sommes fans de Class’Code*. Nous croyons en ce projet d’une importance considérable pour la France. Nous vous tiendrons régulièrement informé de ses avancées. Serge Abiteboul.


L’introduction du numérique à l’école doit s’accompagner pour réussir de la formation des enseignants et d’éducateurs de qualité. Cette formation est l’objectif du projet Class’Code qui a été lancé le mardi 15 septembre.  Le projet est piloté par Inria, et soutenu par le Programme d’Investissements d’Avenir.

Class’Code s’est donné comme défi de former, dans les 5 prochaines années, 300 000 éducateurs, animateurs et enseignants, celles et ceux qui vont avoir à éduquer au numérique les prochaines générations.

Pour y arriver, le projet a regroupé des compétences de tous types : sociétés professionnelles de l’informatique et du numérique, acteurs de l’éducation populaire et de la médiation numérique, entreprises spécialisées dans la formation des enfants ou dans la production de MOOCs, régions, organismes de recherche et de l’enseignement supérieur… Ce sont ainsi plus de 20 partenaires qui travaillent ensemble !

Class’code en portraits (1)

Valérie est également Madame la Maire de Villeneuve-les-Bois. Elle a été convaincue de l’intérêt d’enseigner l’informatique en périscolaire. Elle a demandé à deux employés municipaux  qui gèrent des activités périscolaires dans la commune de suivre la formation Class’Code. Devant l’intérêt des parents (et surtout des enfants), elle a également recruté une animatrice supplémentaire : le fait que celle-ci ait suivi une formation reconnue la rassure.

Pour former à une telle échelle, Class’Code va construire ce qui sera le plus important dispositif de formation hybride jamais mis en place :

  • Un ensemble de formations en lignes dont le principal support est la vidéo, permettant à chacun de suivre gratuitement les cours.
  • Un dispositif à l’échelle nationale permettant à chacun de s’intégrer dans un groupe local d’éducateurs qui vont se rencontrer régulièrement pour s’entraider, ajouter des activités de terrain à leur apprentissage en ligne, bénéficier de l’expérience supplémentaire de certains animateurs aguerris ou de professionnels de l’informatique (techniciens, ingénieurs, chercheurs, étudiants, enseignants), faire le lien entre les connaissances et les sujets de société dans lesquels le numérique joue un rôle primordial.

Class’code en portraits (2)

Kevin est employé par la Mairie de Villeneuve-les-Bois. Il intervient dans les écoles, sur le temps périscolaire. L’idée d’animer un atelier sur « le code » lui semblait intéressante, mais il ne savait pas par où commencer. Il a suivi Class’Code et réussit aujourd’hui à parler de création, de technologie, d’applications et de sciences informatiques à des enfants de 10 ans… qui adorent ça !

L’ambition de ce projet va reposer sur beaucoup de pragmatisme, énormément de volonté, et un certain nombre de principes essentiels :

  • L’équité territoriale, un enjeu majeur et difficile. Pour éviter une possible fracture numérique demain, il convient aujourd’hui d’être attentif à ce qu’équipements et compétences atteignent toutes les banlieues, toutes les campagnes.
  • Le code comme point de rencontre de la science informatique, la technique et la société. A Class’Code, nous pensons résolument que le numérique, pour être compris, et pour ne pas faire peur, doit être abordé à travers la science et la technologie et non seulement par l’étude de ses usages ou l’analyse de ses conséquences.
  • L’informatique, comme support à une éducation ouverte. Proche des préconisations du Conseil National du Numérique, Class’Code va s’appuyer sur une pédagogie participative : le jeu, le partage, la découverte, la création… autant de leviers qui doivent trouver leur place dans la formation des éducateurs avant d’atteindre celle des enfants. Le code n’a aucune raison d’être rébarbatif. Ce n’est ni un gadget ni une fin en soi ; c’est un support privilégié pour acquérir les compétences en partageant le plaisir.
  • Le soutien des informaticiens et des professionnels du numérique (étudiants, élèves, techniciens, ingénieurs). En France, énormément de personnes, d’entreprises exercent dans leur métier l’informatique ou l’étudient… Ils ont, depuis longtemps, exprimé leur envie de contribuer à la formation de la jeunesse. Leurs entreprises, les écoles, universités et laboratoires de recherche sont souvent membres de réseaux, de fédérations, de collectifs qui ont adhéré à Class’Code et sont prêts à soutenir son action.

Class’Code en portraits (3)

Amine est animateur depuis 2 ans auprès d’un organisme d’éducation populaire. On lui a proposé la formation Class’Code pour devenir animateur en informatique. Il a dit oui, est vite devenue opérationnel et intervient déjà plusieurs fois par semaine auprès d’enfants de 7 à 10 ans. Il bénéficie de l’aide de Paule, ingénieure en informatique, qui lui explique les choses qui lui paraissaient trop compliquées et intervient parfois auprès de lui devant les enfants.

  • La création de ressources éducatives libres. Un enjeu majeur, mis en avant à la fois par l’UNESCO et l’OCDE est de rendre les objets du savoir librement accessibles. Le projet Class’code s’y est engagé : cela permettra, au-delà du projet, au-delà de la géographie, à d’autres initiatives de réutiliser, réadapter le matériel créé et de le partager.
  • Une démarche prenant en compte les enjeux de genre. Aujourd’hui encore, l’un des deux genres a peu accès à l’informatique. Si l’on est de ce genre, il est beaucoup plus difficile de se voir proposer les enseignements qui permettent d’avoir accès aux métiers du numérique, qui sont pourtant parmi ceux qui permettent aujourd’hui, mais surtout demain, d’exercer des emplois bien rémunérés, modernes, passionnants. Les obstacles sont nombreux et il est évident que Class’Code ne les fera pas tomber tous. Mais nous nous engageons à être vigilants sur ces questions, à remettre en cause régulièrement nos actions.

Class’code en portraits (4)

Paule travaille dans une entreprise du numérique. Son entreprise a été convaincue de l’intérêt de l’opération et lui a libéré du temps pour qu’elle suive le MOOC de Class’Code. Elle est ainsi devenu facilitatrice : elle contribue à la formation des animateurs et enseignants en expliquant, mais aussi en ajoutant des éléments de fond dans les débats concernant l’impact du numérique. Au début, Paule pensait n’avoir rien à apprendre car elle était informaticienne… Mais elle a vite vu qu’expliquer cela aux enfants n’était pas si simple : maintenant, elle accompagne Amine quand son emploi du temps le lui permet dans les ateliers périscolaires qu’il gère.

Les prochaines étapes

Grâce à un coup de pouce financier de la Région des Pays de la Loire et au soutien de la région PACA, le projet a pu se mettre en marche avant sa signature institutionnelle. Cela permet aux équipes de construire les premiers MOOCs, de mettre en place les premières infrastructures pour lancer des expérimentations dès le printemps 2016 et ouvrir les inscriptions pour la première formation à l’automne 2016.

Class’code en portraits (5)

Najat est Ministre de l’Éducation. Elle a compris que les ressources éducatives libres produites par Class’Code étaient susceptibles d’être réutilisées, réadaptées pour la formation des enseignants de l’Éducation Nationale. En suivant Class’Code, les enseignants peuvent non seulement se former au numérique en s’appuyant sur des connaissances scientifiques et technologiques, mais également suivre un MOOC et donc expérimenter cette nouvelle forme d’apprentissage !

L’équipe opérationnelle de Class’Code: Camila, Camille, Claude, Colin, Daniela, Florent, Guillaume, Martine, Romain, Sophie, Thierry,  …

Pour aller plus loin

  • Le projet Class’code. Il est possible, sur le site, de s’inscrire pour être informé(e), proposer de participer, d’aider à animer un territoire, une formation, etc.
  • Les Flots ou MOOCs (massive open online course) en anglais.
  • Les ressources éducatives libres et les positions de l’UNESCO et de l’OCDE.
  • Les questions de genre dans le secteur du numérique

Les partenaires de Class’code. Autour de la Société informatique de France, se retrouvent unis avec Magic Makers, porté par Inria, associant OpenClassrooms, La Main à la pâte, Pasc@line, Simplon.co, Les Petits Débrouillards, la fédération des Pupilles de l’Enseignement Public, Atelier Canopé des Alpes-Maritimes, les régions des Pays de la Loire et PACA, les universités de Evry, Côte d’Azur, Nantes, et Franche-Comté, le CIGREF, l’AFDEL, en lien avec le CNAM, l’université d’Orléans, la médiathèque d’Antibes, l’initiative jecode.org, France-IOI, et ce n’est pas fini…

(*)Label PIA Class’Code est soutenu -sous le nom de MAAISoN- au titre du Programme d’Investissements d’Avenir dont la Caisse des Dépôts est opérateur.