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De M. Debré à M. Rocard Fausses démissions et vrais licenciements

Les présidents de la V République n'ont pas le pouvoir de révoquer leur premier ministre. Celui-ci ne peut, constitutionnellement, être contraint à la démission que par un vote de défiance ou de censure de l'Assemblée nationale. Mais le général de Gaulle s'est arrogé, dans la pratique, ce pouvoir régalien et ses successeurs ont suivi, quitte parfois à demander au premier ministre une lettre de démission en blanc. Dans son dernier livre, M. Giscard d'Estaing (lire en première page) apporte une pièce inédite à ce dossier.

Le Monde

Publié le 19 mai 1991 à 00h00, modifié le 19 mai 1991 à 00h00

Temps de Lecture 3 min.

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" A l'heure où il me faut présenter la démission de ce gouvernement, je tiens à vous dire... " : comme nombre de ses prédécesseurs, M. Michel Rocard n'a pas manqué de souligner, dans sa lettre de démission, qu'il partait à la demande du président de la République. Réflexion faite, le premier ministre démissionné a écarté un premier projet de rédaction qui comprenait une mention plus neutre : " A l'heure où je présente la démission... " Le climat lourd qui a entouré le départ de M. Rocard explique sans doute ce changement rédactionnel.

Avant lui, d'autres premiers ministres ont voulu souligner qu'ils étaient en fait licenciés. M. Georges Pompidou, le 10 juillet 1968, dans sa courte et sèche lettre de démission de dix lignes, écrivait : " Vous avez bien voulu me faire part de votre intention (...) de procéder à la nomination d'un nouveau gouvernement. J'ai l'honneur, en conséquence, (...) de vous présenter... " Quatre ans plus tard, M. Jacques M. Chaban-Delmas sera encore plus explicite à l'égard du président Pompidou : " Vous m'avez fait part de votre intention de changer de gouvernement... "

Depuis Michel Debré, tous les premiers ministres ont accepté cette formule, non constitutionnelle, de révocation-démission. En effet, il ne peut être mis fin à leurs fonctions que s'ils présentent la démission de leur gouvernement (art. 8 de la Constitution). Dans l'absolu, le premier ministre n'est donc révocable que par l'Assemblée nationale. Mais dans une conférence de presse célèbre, en janvier 1964, le général de Gaulle avait estimé que le chef de l'Etat, qui " choisit le premier ministre ", a " la faculté de le changer ". Toutefois, les présidents de la République ont toujours cherché à maintenir la fiction des départs volontaires. Seul M. Jacques Chirac, le 25 août 1976, rompra brutalement, à la télévision, avec cette pratique en affirmant, sur le ton de la colère : " Je ne dispose pas des moyens que j'estime aujourd'hui nécessaires pour assumer efficacement les fonctions de premier ministre et, dans ces conditions, j'ai décidé d'y mettre fin. "

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