(New York) Le groupe de médias Paramount Global va fusionner avec la société de production Skydance Media (Top Gun : Maverick), dont les actionnaires vont prendre le contrôle de la nouvelle entité, un mariage de raison pour tenter de rivaliser avec les barons du streaming.

Bâti sur le légendaire studio centenaire Paramount Pictures et la grande chaîne américaine CBS, l’entreprise de divertissement était, depuis de longs mois, en quête d’un partenaire.

Le groupe affiche près de 15  milliards de dollars de dette et peine à équilibrer ses comptes. Il reste sur un exercice 2023 déficitaire et a encore perdu 554 millions de dollars au premier trimestre de cette année.

Pas endetté, pas coté, Skydance Media a convaincu l’actionnaire de référence Shari Redstone, fille du magnat Sumner Redstone, de lui céder la holding National Amusements, qui contrôle 77 % des droits de vote de Paramount Global.

Les investisseurs de Skydance vont ensuite fusionner les deux groupes et racheter une partie des titres restants. À l’issue de l’opération, ils détiendront environ 70 % des actions du « nouveau Paramount », comme l’ont appelé les deux partenaires dans un communiqué conjoint.

C’est une étape majeure pour Skydance, relativement peu connu du grand public. Ce studio, qui ne fait que créer du contenu pour d’autres, mais ne dispose pas de ses propres canaux de diffusion, a produit notamment plusieurs volets de la saga Mission : Impossible, ainsi que Top Gun : Maverick.

Skydance détonne dans le paysage des studios de cinéma. Il a été créé en 2010 par David Ellison, fils du co-fondateur d’Oracle, Larry Ellison, qui l’a positionné comme une start-up très performante sur le plan des nouvelles technologies.

Le studio a notamment noué rapidement un partenariat avec Paramount, avec lequel il a déjà produit 30 films.

Le groupe d’investisseurs, qui comprend également la société d’investissement RedBird Capital Partners, s’est aussi engagé à apporter 1,5 milliard de dollars en numéraire au capital du nouveau Paramount pour renforcer sa situation financière.

Les deux groupes estiment à 28 milliards de dollars la valeur de la nouvelle entreprise une fois la fusion réalisée.

L’accord avec Skydance prévoit néanmoins une période de 45 jours durant laquelle le comité pourra étudier d’autres offres de rachat ou de fusion avec Paramount.

« Un nouveau départ »

« Nous pensons que c’est un nouveau départ pour cette entreprise avec les actifs combinés » de Skydance et Paramount, a déclaré celui qui doit devenir le nouveau directeur général de l’ensemble, Jeff Shell, lors d’une conférence téléphonique.

Outre les films en prises de vue réelles et la télévision, Skydance a investi massivement, ces derniers mois, dans l’animation et est aussi actif dans les jeux vidéo.

Les deux sociétés estiment que leur union devrait générer environ deux milliards de dollars d’économies par an après finalisation, attendue au premier semestre 2025.

« Aussi sombre que semble la situation financière de Paramount, ce changement n’est peut-être pas si mauvais », a commenté Ross Benes, analyste d’Emarketer, tout en prévenant que « la façon dont Skydance va faire croître la marque Paramount et prolonger son histoire n’est pas claire ».  

« Nous pensons que le nouveau groupe a des opportunités majeures dans le domaine de la production et de la distribution de contenus, mais être compétitif dans le monde en mouvement du cinéma et du divertissement reste un défi », a estimé, lui, Kenneth Leon, analyste de CFRA.

Parmi les grands enjeux qui se présentent à cette nouvelle entité, redresser la trajectoire du service de vidéo en ligne Paramount+. La plateforme comptait plus de 71 millions d’abonnés fin mars, mais le streaming a fait perdre à Paramount près de 3,5 milliards de dollars ces deux dernières années.

La société fait face à plusieurs mastodontes, en particulier Netflix, Disney et Amazon, qui ont chacun dépassé les 200 millions de téléspectateurs.

« Notre plan prévoit que Paramount reste un groupe indépendant », qui ne soit pas absorbé purement et simplement par un concurrent, a expliqué lundi David Ellison, futur président du nouveau Paramount. « Et nous pensons que nous pouvons réussir. »