Deux MRC qui devraient accueillir le gros parc éolien de TES Canada en Mauricie n’ont pas eu l’occasion de devenir partenaires dans le projet et de recevoir leur part des profits de la vente d’énergie comme les autres MRC du Québec.

Le traitement spécial accordé à TES Canada, qui pourra construire un parc éolien privé de 800 mégawatts pour alimenter une usine d’hydrogène, a été dénoncé récemment par des élus des municipalités concernées lors d’une assemblée publique.

Les collectivités de la Mauricie qui accueilleront les éoliennes de TES Canada sur leur territoire recevront des redevances de la part de l’entreprise, mais ce serait beaucoup plus intéressant financièrement d’être associées dans le projet, selon des élus des municipalités concernées.

Le Projet Mauricie de TES Canada ne se réalise ni dans l’esprit de la nouvelle stratégie d’Hydro-Québec, ni dans l’esprit du développement éolien qui a cours au Québec depuis près de 20 ans.

Résolution adoptée par la MRC de Mékinac lors d’une assemblée tenue le 19 juin qui demande l’implication d’Hydro-Québec dans ce projet privé.

Des élus ont même rencontré Dave Rhéaume, vice-président exécutif d’Hydro-Québec, pour savoir s’il serait possible pour la communauté locale d’être partenaire d’un projet éolien pour vendre l’électricité produite à Hydro-Québec, qui pourrait ensuite approvisionner l’usine d’hydrogène de TES Canada.

Ce modèle de développement éolien qui s’associe aux collectivités locales est celui que privilégie Hydro-Québec. Il vient d’ailleurs d’être réaffirmé avec l’entente conclue par la société d’État avec deux communautés autochtones et la MRC de Domaine-du-Roy, qui deviendront copropriétaires à 50 % des parcs éoliens qui seront construits au Lac-Saint-Jean. Ces partenaires recevront une partie équivalente des profits prévus par l’exploitation des parcs éoliens.

Éric Blouin, maire du village de Sainte-Thècle, qui fait partie de la MRC de Mékinac, était de ceux qui ont rencontré récemment le numéro deux d’Hydro-Québec pour savoir s’il est possible de faire la même chose. « Ils ne ferment pas la porte », a-t-il retenu de cette rencontre.

De son côté, le préfet de la MRC des Chenaux, Guy Veillette, souligne qu’il a été mis au courant du projet de TES Canada la veille de l’annonce publique. Si les collectivités locales avaient été impliquées dès le début dans le projet, elles auraient pu s’y associer, selon lui. « Ça aurait certainement fait une différence pour ce qui est de l’acceptabilité sociale », dit-il, alors que le projet divise profondément les citoyens.

Il admet que ça aurait pu faire une différence aussi sur le plan financier pour des municipalités qui cherchent désespérément de nouvelles sources de revenus. « À condition de ne pas vendre l’électricité à l’entreprise, mais d’avoir un contrat à long terme avec Hydro-Québec », précise-t-il.

Guy Veillette estime qu’il est trop tard pour changer la trajectoire d’un projet qui ne vient pas d’Hydro-Québec, mais « qui a été poussé sur le plan politique ».

Le ministre de l’Énergie a même qualifié le projet de « magique », rappelle le préfet. « On espère juste que le magicien ne disparaîtra pas en nous laissant avec les problèmes. »

Le jour et la nuit

La différence entre des redevances et une participation aux profits, c’est le jour et la nuit, explique Michel Lagacé, préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et président du conseil d’administration de l’Alliance de l’énergie de l’Est.

L’Alliance regroupe 209 collectivités de l’est du Québec qui participent activement au développement en s’associant avec les promoteurs privés pour implanter des parcs éoliens.

Il donne l’exemple des MRC partenaires d’un parc éolien en exploitation dans l’est du Québec, qui reçoivent annuellement 1,5 million en redevances et 7,5 millions en bénéfices nets chaque année.

Selon Michel Lagacé, il n’est pas étonnant que les promoteurs privés aient mis du temps à accepter de partager le profit des contrats à long terme conclus avec Hydro-Québec avec les collectivités locales. Il y a beaucoup d’argent à aller chercher pour les municipalités, avec un risque minime.

Les municipalités doivent financer leur part du projet, mais compte tenu des profits attendus, les risques sont très faibles, précise-t-il.

« Aujourd’hui, aucun promoteur privé ne pense qu’il peut faire des projets éoliens en l’absence des communautés municipales, assure Michel Lagacé. TES Canada est une exception. »

Les besoins en énergie de TES Canada

  • Parc éolien de 800 mégawatts
  • Parc solaire de 200 mégawatts
  • Approvisionnement de 150 mégawatts d’Hydro-Québec
  • Investissement prévu : 4 milliards