La patronne des affaires internes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) vient d’être écartée parce qu’elle fait elle-même l’objet d’une enquête policière, a appris La Presse.

Cette décision survient quatre ans seulement après la fin d’une période de vives turbulences au sein de ce service, chargé d’assurer la probité des policiers du SPVM.

Selon trois sources policières, l’inspecteur-chef Brigitte Barabé a perdu la semaine dernière son poste à la tête du Service de l’intégrité. Jusqu’ici, l’information aurait relativement peu circulé dans les couloirs du SPVM.

Le corps de police a refusé de confirmer à La Presse que Mme Barabé avait été écartée, mais a confirmé qu’elle n’était plus à la tête du Service de l’intégrité.

« Le SPVM ne transmet pas d’information sur les dossiers de ses employés, car il s’agit de renseignements personnels et confidentiels », a indiqué le service des communications dans un courriel non signé. « Le Service de l’intégrité est dirigé par l’inspecteur-chef David Bertrand. »

Mme Barabé n’a pas répondu aux messages de La Presse.

Toujours selon trois sources policières, la mise à l’écart de Mme Barabé serait liée à l’ouverture d’une enquête de nature financière. La nature exacte des allégations demeure inconnue.

Crises et départs en série

Le service jusqu’à récemment dirigé par Mme Barabé a traversé des années extrêmement difficiles au cours de la dernière décennie.

Le service des affaires internes s’est d’abord retrouvé sous les projecteurs pendant la controverse sur l’espionnage des journalistes : ce sont des policiers des affaires internes qui avaient demandé et obtenu l’autorisation de surveiller le cellulaire de Patrick Lagacé afin de découvrir ses sources.

Un des prédécesseurs de Mme Barabé, l’inspecteur-chef Costa Labos, avait d’ailleurs été suspendu avec salaire pendant près de cinq ans dans la foulée de cette affaire. L’homme a poursuivi son employeur pour 2,5 millions et a obtenu 315 000 $.

Puis, en 2017, les affaires internes du SPVM se sont retrouvées au cœur d’allégations d’enquêtes truquées et de fabrication de preuves formulées par d’ex-policiers. Une équipe mixte dirigée par la SQ et le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a été chargée de toutes les enquêtes criminelles en cours et futures sur des policiers du SPVM pendant les trois années suivantes. Jusqu’à 43 personnes travaillaient au sein de cette équipe.

Cette seconde crise avait mené à la suspension du directeur adjoint Bernard Lamothe, dont la direction englobait les affaires internes. Une fois blanchi, le policier a poursuivi le SPVM pour 1,85 million et a obtenu 750 000 $.

L’ex-chef de police Philippe Pichet, qui avait décidé de la suspension de M. Lamothe, a lui-même été suspendu de son emploi en lien avec cette affaire, fin 2017, avant de quitter son emploi. Il poursuit maintenant le SPVM pour 1,1 million.

À l’automne 2019, le corps policier assurait s’être doté d’un « nouveau Service des affaires internes » complètement réformé. « Aux affaires internes, notre mantra, c’est : “plus jamais” », assurait la patronne de l’époque, la directrice adjointe Sophie Roy. « On a mis des choses en place qui viennent assurer l’indépendance et la transparence de cette unité-là. »

Plus de 20 ans de service

Brigitte Barabé, pour sa part, est policière à Montréal depuis plus de 20 ans. Elle a évolué au sein de différents services, des communications aux enquêtes générales en passant par la lutte contre l’exploitation sexuelle.

En 2022, elle avait même proposé sa candidature à la tête du SPVM. Fady Dagher a obtenu le poste.

Elle a reçu la Médaille de la police pour services distingués de la gouverneure générale du Canada, en 2019.