Surprise et soulagement : La Presse a récolté dimanche les réactions à chaud de ressortissants français aux résultats du deuxième tour des élections législatives, qui place la gauche en tête.

« Ouf, c’est bon ! », s’exclame Rémy Maillot, posant sa main sur sa poitrine comme pour reprendre son souffle.

Jusqu’à il y a quelques minutes, le jeune homme pensait que c’était cuit.

Après une percée historique au premier tour des législatives, le Rassemblement national (RN) partait en tête à l’ouverture des bureaux de vote dimanche.

Contre toute attente, le parti d’extrême droite devrait terminer en troisième position, derrière l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et le camp macroniste.

« C’est un soulagement, résume Rémy, croisé sur l’avenue du Mont-Royal. On était vraiment très, très stressé. »

Selon lui, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a changé le climat politique français en normalisant des discours qui auraient été « inacceptables » il y a quelques années.

Ils ont toujours été dans la provocation. “C’est la faute d’un tel, c’est la faute d’une telle.” Mais ils n’ont jamais de solutions concrètes.

Rémy Maillot, électeur de gauche

Plus loin, Adam Ait Aarab pouvait lui aussi souffler. « J’étais un peu pessimiste », avoue-t-il d’emblée. Originaire de La Réunion, le jeune homme habite au Québec depuis dix ans.

Selon sa famille, l’ambiance était anxiogène sur le territoire français depuis le premier tour. Comment expliquer ces résultats qui ont causé la surprise au-delà de la France ?

« Je pense que les gens se sont renseignés pendant la semaine. Et je pense que les alliances pour faire front [à l’extrême droite] ont marché », avance Adam.

Selon lui, le RN tient des discours au mieux « incohérents », au pire « dangereux », notamment sur la question des binationaux que le parti souhaitait barrer de certains postes « stratégiques ».

« Je comprends que les gens en ont marre et veulent voir l’autre chose, mais il ne faut pas l’oublier », souligne le jeune homme.

Assis sur la terrasse d’un restaurant, un touriste français tient un autre discours. « Ça me fait peur. C’est l’extrême gauche qui est passée », lâche Richard, qui n’a pas voulu donné son nom complet.

« Ça me fait peur pour les entreprises, les impôts, la dette publique de la France », énumère-t-il. Il craint que l’alliance de gauche « ne tienne pas », replongeant le pays dans une crise.

Qu’on ne s’y trompe pas : l’homme n’aime pas davantage le RN. Mais il l’aurait tout de même préféré au NFP. « C’est la peste ou le choléra », compare-t-il à la blague.

« Je pense que les problèmes qu’ont évoqués les gilets jaunes n’ont jamais été réglés. C’est un vote de contestation. Que ce soit à gauche ou à droite, les Français ne croient plus en la politique. »