La haute direction de la Société de transport de Montréal (STM) doit s’attaquer au climat de violence qui règne à son garage Legendre : des cadres locaux ont peur de s’aventurer sur le plancher ou n’ont pas le pouvoir de changer les choses.

C’est l’avis émis par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) dans un rapport d’inspection datant de la fin mai et obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information. Un rapport précédent, révélé par La Presse en mars, décrivait au moins deux batailles entre employés et une « détérioration du climat laisse présager des incidents de violence plus graves ».

Cette fois, l’inspecteur du travail au dossier – dont le nom est caviardé – se réjouit de la mise en place d’un plan d’action par la STM et le syndicat local pour solutionner la crise, mais ajoute que ces actions sont « insuffisantes ».

« La situation s’est tellement détériorée à ce centre que les mesures de correction devront être proportionnellement importantes pour remédier au problème », a-t-il écrit. « L’implication de la haute direction est cruciale. »

Le rapport mentionne notamment des « embûches », notamment bureaucratiques, « qui parsèment [le] chemin » des responsables qui tentent de régler le problème. Par ailleurs, « encore en ce moment, certains gestionnaires craignent d’aller sur le plancher », ajoute le rapport en relatant les propos d’un responsable de la STM.

Les causes du climat toxique demeurent floues à la lecture du rapport, mais employeur et syndicat s’entendent pour montrer du doigt un « noyau dur » de responsables. « Des travailleurs se détestent tellement qu’ils ne peuvent s’endurer », décrit le rapport.

« Les discussions dans différentes langues peuvent avoir pour effet qu’une personne qui ne comprend pas ce qui est dit se sente exclue », mentionnait un rapport précédent de la CNESST. « C’est un problème récurrent à travers tout le réseau de la STM. »

Plan d’action accéléré

L’immense garage d’autobus Legendre est situé près du boulevard Saint-Laurent, juste au nord de la Métropolitaine. C’est au sein du service d’entretien, qui compte une centaine d’employés chargés de réparer les autobus, que les dérapages surviennent.

Dans une déclaration transmise par courriel, la STM a fait valoir qu’elle s’attaquait de front au problème.

« Nous avons élaboré un plan d’action pour améliorer le climat de travail au CT Legendre », a indiqué la conseillère en communications Amélie Régis. « Tel que le recommande l’inspecteur, nous allons accélérer son déploiement supervisé par la haute direction, notamment grâce à la mise en place d’un groupe d’intervention multidisciplinaire. »

Mme Régis a souligné la collaboration entre syndicat et employeur dans ce dossier.

Mais « il faut savoir qu’un climat de travail tendu ne se change pas du jour au lendemain », a-t-elle ajouté. « Nous devons donner les bons outils aux gestionnaires afin qu’ils soient en mesure d’identifier, de corriger, de contrôler et de prévenir les risques psychosociaux au travail, comme les situations conflictuelles entre employés. »