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Teddy Riner, Paris 2024 et au-delà

Double médaillé d’or olympique en individuel et onze fois champion du monde de judo, Teddy Riner aborde les Jeux olympiques de Paris 2024 avec l’ambition et l’assurance naturelles qui le caractérisent. Toujours en quête de victoires, le sportif français a déjà un œil sur les JO de Los Angeles en 2028 et l’autre sur son après-carrière.
Teddy Riner photographi pour GQ
Cardigan, Loewe. Manteau, culotte, drapeau et galons, National Theatre Costume and Props Hire department. Médaille olympique, perso (propriété du talent).© Damian Foxe

Avec ses lunettes avant-gardistes vissées sur le nez, son total look sombre et sa longue veste tombant jusqu’aux chevilles, affinant ainsi son imposante silhouette, Teddy Riner ressemble davantage à un super-héros ou à un personnage de Matrix qu’à un judoka prêt à en découdre sur le tatami. Le grand public n’a pas l’habitude de le voir porter des tenues aussi pointues et fashion. Nous sommes le 3 mars et le sportif de 34 ans s’apprête à assister au défilé automne-hiver 2024–2025 de Balenciaga, en compagnie de sa femme Luthna. L’athlète fait ses premiers pas dans le monde de la mode mais s’offre surtout une parenthèse bienvenue à l’horizon Paris 2024. “Chaque moment qui me permet de décompresser, de m’évader en découvrant un nouvel univers et de penser un peu moins aux Jeux olympiques, ça fait du bien”, reconnaît Teddy Riner, qui se réjouit d’exprimer une facette méconnue de sa personnalité. “On me voit toujours en tenue de judogi ou en vêtements sportswear et jamais au grand jamais bien habillé. Pourtant, c’est souvent le cas dans ma vie en dehors du sport, et ça surprend les gens.” Il faut dire que le double champion olympique n’a pas la taille mannequin et affiche des mensurations hors norme – une taille de 2,04 m et un poids de forme qui oscille entre 135 et 140 kg. La tenue décrite ci-dessus a donc évidemment été conçue sur mesure par les équipes de Demna, le directeur créatif controversé de Balenciaga.

Veste et pantalon, Balenciaga. Collier et boucles d’oreilles, Cartier.© Damian Foxe

Les amateurs de sport de haut niveau les plus observateurs ne sont aujourd’hui plus vraiment surpris d’assister aux tunnels fits de la NBA, ces avant-matchs où les joueurs sortent leurs styles les plus élégants ou extravagants. Sous l’impulsion de Lewis Hamilton, la Formule 1 a également pris un virage mode et chaque écurie ou presque a désormais noué un partenariat avec une marque de luxe ou un label cool (Tommy Hilfiger collabore avec Mercedes, Boss avec Aston Martin et Palm Angels avec Haas). Plus récemment, l’arrivée des joueurs de l’équipe de France à Clairefontaine s’est transformée en un mini défilé permettant deux choses à Kylian Mbappé, Jules Koundé, Antoine Griezmann et leurs coéquipiers : troquer leurs joggings et autres tenues officielles contre des vêtements plus intimes ; chiper un gros contrat d’habillement ou, si c’était déjà fait, l’honorer. Ce phénomène touche sans surprise d’autres sports, comme le tennis ou le golf, et semble s’étendre petit à petit à certaines disciplines olympiques. Le groupe LVMH a mis son grappin sur les prochains JO en signant un partenariat sans précédent, allant du design des médailles et de la malle renfermant la flamme olympique à l’habillement des athlètes pour la cérémonie d’ouverture, en passant par un soutien aux sportifs à haut potentiel, tels que le nageur Léon Marchand, la gymnaste Mélanie de Jesus dos Santos ou encore l’escrimeur Enzo Lefort.

Alors, au milieu de cette vague de sponsoring particulièrement propice, en quoi le profil de Teddy Riner diffère-t-il ? Au top de son sport depuis près de quinze ans, l’hendécuple champion du monde de judo (oui, on utilise aussi des mots compliqués chez GQ) a eu son lot d’opportunités de sponsoring en tout genre. À 35 ans, le natif de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, veut s’entourer de partenaires pertinents et ne pas brouiller son image en se contentant d’empiler de juteux contrats. En début d’année 2024, Riner a ainsi rejoint l’AM, une agence assez unique fondée en 2020 qui entend tisser de subtils liens entre les univers du sport et de la mode. L’entreprise représente des athlètes internationaux comme les tennismen Stefanos Tsitsipas et Alexander Zverev ou le rugbyman français Cameron Woki, et a aussi travaillé avec le pilote de Formule 1 Charles Leclerc ou encore le footballeur néerlandais Memphis Depay. Pour l’expérimenté judoka, c’est une manière de remettre les choses à plat, de solidifier des partenariats de longue date, comme avec l’horloger suisse Audemars Piguet, par exemple, et de commencer à tracer sa trajectoire d’après-carrière, entre sport, mode et entreprenariat.

Blouson, pantalon, sac Keepall, ceinture, lunettes de soleil, collier et boucles d’oreilles, Louis Vuitton. Débardeur, LGN Louis Gabriel Nouchi.© Damian Foxe

Le parcours du combattant

Mais pour l’heure, Teddy Riner reste bel et bien focalisé sur les Jeux olympiques. Si l’athlète réfléchit évidemment à sa reconversion après le sport, sa détermination à marquer de son empreinte l’histoire des JO ne faiblit pas. Après avoir accumulé pas moins de onze titres de champion du monde, cinq titres européens et glané autant de médailles olympiques, le Français a toujours la niaque, l’envie de progresser et ne s’est pas laissé abattre par les blessures ou les très rares défaites. On peut en effet compter sur les doigts d’une main le nombre de combats perdus (5) par Teddy Riner en plus de quinze ans d’activité, et on aurait pu croire que le dernier revers du judoka aurait laissé des traces, voire même signifié la fin d’une carrière déjà légendaire. Le 30 juillet 2021 lors des JO de Tokyo, le Russe Tamerlan Bashaev l’élimine en quart de finale, contre toute attente. Un coup de tonnerre pour le monde du judo qui prive le Français d’un triplé olympique historique et le force à se contenter du bronze. Teddy Riner a beau récupérer une médaille d’or par équipe en battant le Japon – une performance significative qui lui permet de devenir le seul judoka, avec la Japonaise Ryoko Tani, à compter cinq médailles olympiques –, cette mésaventure l’aura fait douter.

“J’ai pensé m’arrêter là, mais ça a duré une semaine”, se rappelle-t-il. “Quand on a été reçus à Paris, au Trocadéro, que les avions de la Patrouille de France passaient au-dessus de nous, j’ai décidé de rempiler pour 2024 et de participer une nouvelle fois aux Jeux.” Teddy Riner ne pouvait pas nous quitter après une compétition en demi-teinte, qui plus est perturbée par la pandémie mondiale de Covid. “Cette olympiade est passée à une vitesse folle et quand je vois le staff que j’ai construit autour de moi, je me dis que c’est impossible d’arrêter maintenant”, dit-il en affirmant son ambition de poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux olympiques de 2028, qui auront lieu à Los Angeles. “Je ne veux pas vivre avec des regrets, et surtout je sens que je progresse encore vachement et c’est ce qui me fait avancer. Si ce n’était pas le cas, j’aurais arrêté. C’est un vrai challenge, de repousser la date de départ à la retraite”, explique le Français. “À chaque fois que j’ai demandé à de grands champions comment ils ont su à quel moment arrêter, tous m’ont répondu que le corps te le dit. Il n’y a pas de sonnette d’alarme, juste un clap de fin. Tu continues avec en tête une seule question: ‘Jusqu’à quand ?’” Teddy Riner marque un temps d’arrêt, répète “Jusqu’à quand ?”, mimant avec malice un questionnement hautement introspectif. “Quand je vais moi-même me dire stop ?”

Manteau, legging et chaussures, Dolce & Gabbana. Boxer, CDLP. Montre, Audemars Piguet. Casque, Craig Green.© Damian Foxe

Il n’a qu’une chose en tête : aller chercher deux nouvelles médailles d’or, l’une en individuel, l’autre avec ses coéquipiers et coéquipières. Pour atteindre cet objectif, rien ne doit être laissé au hasard. Notre discussion s’oriente alors naturellement vers sa préparation physique pour cet été. Le Covid ne devrait a priori pas s’inviter dans l’Hexagone cette fois, et toutes les conditions semblent réunies pour que le judoka arrive au top de sa forme fin juillet, du côté du Grand Palais éphémère, renommé pour l’occasion “Arena Champs-de-Mars”. Comment se sent-il ? Le chemin lui paraît-il encore lointain, à quelques mois d’une échéance capitale ? Les dernières semaines de préparation s’annoncent-elles intenses ? Teddy Riner, qui vient de remporter le Grand Chelem d’Antalya, en Turquie, lors de notre troisième rencontre, respire la sérénité. “Je suis déjà extraordinairement bien avancé dans la préparation musculaire et je ne vais pas me mettre d’un seul coup à pousser des charges plus lourdes car les Jeux arrivent”, souligne l’athlète en comparant sa pratique à un contrôle continu. “Je ne suis pas inquiet car je ne pars pas de loin et que je peux compter sur une équipe de spécialistes de la haute performance. Dans deux semaines, je démarre un nouveau bloc et j’ai juste à me mettre en mode autopilote. Quand on s’entoure de bonnes personnes, la qualité du travail change du tout au tout.”

Combinaison et chaussures, Rick Owens. Montre, Audemars Piguet.© Damian Foxe
Combinaison et chaussures, Rick Owens. Montre, Audemars Piguet.© Damian Foxe

Dream Team

Comme tout sportif, Teddy Riner a mis du temps à trouver la bonne formule pour pleinement développer son potentiel. “Au début de ma carrière, c’était folklorique”, admet-il. “Mon entraîneur de judo était à la fois préparateur mental, coach technique et préparateur physique. Dès que j’ai eu mes premières médailles, j’ai dit stop et je me suis entouré d’une équipe.” La légende du judo cite son entraîneur Franck Chambily ; Julien Corvo, préparateur physique et spécialiste de la haute performance ; Christian Chaumont, son coach technique depuis 2012. Il souligne l’importance des kinés et du suivi médical tout autant que celle d’avoir de bons sparring-partners. “Tout ça te permet d’être meilleur et chirurgical au bon moment”, affirme l’expérimenté combattant. Le diable est dans les détails mais la réussite s’y cache aussi. Teddy Riner raconte que rien de son quotidien n’échappe à son entourage professionnel, cette cellule haute performance savamment constituée. Quand ce dernier participe à un long entretien couplé d’un tournage vidéo avec un média comme le nôtre, cette donnée doit être impérativement communiquée et prise en compte par son équipe. “Ma cellule va intégrer tout ça et adapter mon programme afin de limiter le risque de blessure. Il ne faut vraiment rien garder pour soi”, assure-t-il. Pas même le fait d’avoir été assis trop longtemps sur un tabouret de bar métallique terriblement inconfortable au début de notre interview ? Teddy Riner sourit à cette plaisanterie, soulagé d’être désormais assis sur une chaise certes moins design mais plus fonctionnelle, puis reprend son explication : “Tous les soirs, j’ai des notes à prendre à propos de mes sensations de la journée. Toute la cellule haute performance a accès à ces informations, que ce soit ceux qui s’occupent de la préparation physique ou de la nutrition.”

Un mental à toute épreuve

Teddy Riner incarne la figure d’un héros accessible, celle d’un athlète extraordinaire, sûr de ses forces et qui n’est jamais tombé dans l’arrogance, digne représentant de son sport qui a tout gagné mais su garder la légèreté, l’énergie et la force tranquille qui le caractérisent. C’est sans doute pour ça que le trentenaire fait partie des personnalités préférées des Français depuis une bonne décennie. Le judoka pointait en effet à la 17e place de l’habituel baromètre publié par le JDD à la fin de l’année 2023. Nul doute qu’après les JO, il grapillera quelques places. Cela dit, la sympathie de Teddy Riner nous a parfois fait perdre le fil de l’interview, comme lorsque que nous abordons le sujet des blessures. Le judoka estime avoir connu des pépins physiques qui auraient pu être évités si sa dream team avait été constituée plus tôt. “J’ai subi trop de blessures car certaines personnes autour de moi n’étaient pas aware”, dit-il dans une imitation inattendue de Jean-Claude Van Damme. Je retiens un fou rire, lui aussi. “J’ai connu beaucoup d’entraîneurs qui voulaient juste aller à fond sans avoir de réflexion en amont”, reprend l’athlète, qui tire sa réussite d’une hyperconscience de son corps et de ses besoins spécifiques, mais aussi de ceux de son esprit.

Hoodie et pantalon, Maison Mihara Yasuhiro.© Damian Foxe

Pionnier de la préparation mentale dans le sport de haut niveau en France, Teddy Riner travaille depuis l’âge de seulement 14 ans avec la psychologue Meriem Salmi, spécialiste qui accompagne de nombreux champions et défend la santé mentale des athlètes de haut niveau. À l’époque, au début des années 2000, ce fut un “vrai coup de pied dans la fourmilière”, se rappelle le judoka, qui m’explique toutefois pourquoi ce choix coulait de source. Selon lui, “le mot psy fait encore peur et on devrait le remplacer par des termes moins connotés comme ‘thérapeute’ ou ‘préparateur mental’”. “Mais tu as besoin de l’aide d’un spécialiste, en judo comme en musculation ou en nutrition, et pour le cerveau c’est pareil. Le message passe plus facilement quand on gagne, et le jour où je me mettrai à perdre on m’écoutera peut-être un peu moins… Mais je crois que le plus dur est fait et que l’efficacité de ma méthode n’est plus à prouver.”

En thérapie

En quoi a consisté cet exercice, au début ? Surtout à travailler sur le stress que peut logiquement ressentir un ado amené très tôt à se confronter à des adultes sur le tatami. “Le but, c’était de comprendre comment bien grandir et garder la tête sur ses épaules quand les adversaires en face veulent te bouffer”, se souvient Teddy Riner. “Tu as la possibilité de prendre leur place et ils ne vont pas te laisser faire.” Meriem Salmi et son patient ont ainsi mis un place un schéma que suit encore en partie le judoka aujourd’hui. Des rituels tout simples qui permettent de se mettre dans sa bulle, de rester concentré et de ne pas perdre ses moyens au moment critique : consommer certains aliments le jour d’une compétition, écouter de la musique ou encore toujours porter la même ceinture. “Tout ça me conditionne pour me sentir bien”, confirme le champion. Au fur et à mesure que les saisons passent, que les médailles s’accumulent, que son physique et ses ambitions changent, le Guadeloupéen et sa conseillère historique ont adapté sa préparation mentale. Le leitmotiv, aujourd’hui : aller chercher une médaille d’or au pied de la Tour Eiffel, mais surtout savoir comment évacuer le stress au moment voulu. Car oui, Teddy Riner ressent aussi la pression. “Tout ça passera surtout par mon rapport à ma famille et mes enfants mais aussi à tous les gens qui vont être avec moi pendant l’échauffement”, confie-t-il.

Mais ce travail psychologique ne s’arrête pas aux portes des gymnases, et le duo travaille sur tous les aspects de la vie du judoka. “J’ai différentes casquettes, qui sont celle de sportif qui veut réaliser ses rêves, celle de père de famille, celle de mari et celle d’entrepreneur. Je veux m’améliorer et devenir bon partout, c’est sûrement lié à mon mental de sportif de haut niveau qui veut toujours réussir”, estime-t-il. “Je n’aurais pas envie d’être un très bon père de famille et un mauvais amant, par exemple.” Quand je lui demande s’il continuera de travailler avec un ou une thérapeute après sa carrière, la réponse de Teddy Riner est sans ambages : bien sûr. “Mon fils aîné voit un psychologue, ma femme aussi et c’est bénéfique pour tous.”

Pull et écharpe-bonnet, Craig Green. Boxer, CDLP. Montre, Audemars Piguet.© Damian Foxe

Même si mon interlocuteur m’a répété que sa carrière sportive ne s’achèvera pas de sitôt – rendez-vous en Californie dans quatre ans pour son jubilé – , nous discutons pour finir cet entretien de sa vision de la retraite. “Est-ce que j’aurai un pied dans le sport ? Oui, c’est normal, et c’est déjà le cas. Est-ce que je serai président d’un club de sport ? Ça je ne sais pas, on verra”, prévient-il. “Mais par contre, j’aime le côté entrepreneurial, que je découvre depuis quelques années. Il y a quelque chose d’excitant dans l’idée de partir de rien et d’aller le plus haut possible. Je retrouve ce goût de la compétition que je ressens dans le judo.” Teddy Riner a notamment lancé en 2022 Fightart, une marque de kimonos et d’accessoires pour la pratique des arts martiaux (judo, karaté, ju-jitsu taekwondo, boxe et MMA). Le principe : des pièces originales en édition limitée qui permettent d’exprimer sa personnalité et d’apporter une touche de fun à des disciplines souvent très codifiées. Les motifs fantaisie proposés sont uniquement imprimés sur l’intérieur des kimonos. Le judoka évoque également l’envie de lancer une application pour partager ses connaissances en termes de préparation physique, de problèmes de posture et de blessures ou encore de nutrition. “Ce serait trop bête de ne pas transmettre tout ce qui a fonctionné pour moi. Il ne reste plus qu’à trouver la bonne façon de la faire.”

Alors que l’après-midi s’achève et que nous avalons chacun un daifuku, des pâtisseries traditionnelles japonaises achetées plus tôt dans un salon de thé à deux pas de la rédaction, nous parlons un peu de golf et des autres sports que Teddy Riner pratique et continuera de pratiquer pour le plaisir après avoir raccroché le kimono. “Ça restera mon petit kiff à moi. Et en dehors du judo, je joue au basket avec le fiston, je fais du tennis et du foot avec les potes, et j’aime bien le padel et la pétanque aussi.” En lui souhaitant bonne chance pour les JO, je lui pose une toute dernière question. Est-ce que ce sera vraiment un avantage de combattre à la maison cet été ? “Oui et non. D’un côté, j’aurai ma famille sur place et pas mal de supporteurs pour me soutenir. De l’autre côté, ça met une pression supplémentaire qui peut empêcher certains athlètes de se transcender, les ralentir et les bloquer”, estime-t-il. “Ce n’est pas mon cas, mais on ne sait jamais.” Le temps nous le dira.

Manteau, legging et chaussures, Dolce & Gabbana. Boxer, CDLP. Montre, Audemars Piguet.© Damian Foxe

Photographe : Damian Foxe
Styliste : Elad Bitton
Groomer: Khela
Assistante photo : Sarah Merrett
Assistants styliste : Vénus Azari et Pierre Dufait
Production: Psychic Prod, Agnes Bouille, Sasha Desrousseaux et Bruno Claire
Remerciements : INSEP