Édito | Léa Boschiero L’ombre des déserts pharmaceutiques

L'Est Républicain - 26 juin 2024 à 06:00 - Temps de lecture :
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Photo Alexandre Marchi
Photo Alexandre Marchi

Si le pouvoir d’achat est la première priorité des Français, la santé reste dans le top 5 des thèmes qui les préoccupent, selon les dernières enquêtes d’opinion. La préservation du système de soins de notre pays, si précieux et aujourd’hui si malmené, devient source d’inquiétude. Alors que les déserts médicaux continuent d’avancer, il reste un petit rempart à leur étendue, c’est la pharmacie. Mais ce petit rempart est fragile. C’est en substance ce qu’a rappelé Carine Wolf-Thal, la présidente de l’Ordre des pharmaciens ce mardi à l’occasion de la présentation du panorama annuel de la profession. Pas encore de cata, mais pas loin. En tout cas, elle pourrait se profiler à l’horizon si le nombre de pharmaciens à peu près stable depuis 2016 n’inverse pas la courbe. Car le nombre des pharmacies, lui, poursuit sa lente décroissance, passant depuis l’an dernier sous la barre des 20.000. Cette baisse s’est accélérée en 2023, et part sur la même lancée en 2024 avec déjà 124 fermetures. Dans un maillage territorial des soins de santé qui se précarise, avec une population vieillissante, et avec un contexte de gestion de pénurie de médicaments, les pharmaciens sont toujours plus sollicités, et voient également leurs missions s’étoffer. Ils peuvent par exemple, depuis le 19 juin dernier, prescrire des antibiotiques sans ordonnance pour des angines et cystites. Tension maximale pour le secteur qui oscille entre difficultés de recrutement, des officines qui ne trouvent pas de repreneurs, et globalement un déficit de vocation pour ce métier qui ne se limite pas, justement, au travail en officine. L’attractivité de la filière étudiante « pharma » est une des clés, selon l’Ordre, pour remonter la pente. Avec un objectif : éviter à tout prix l’émergence de « déserts pharmaceutiques ».