Édito | Alexandre Poplavsky Législatives : la peur de la France d’après

L'Est Républicain - 24 juin 2024 à 05:05 - Temps de lecture :
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Alexandre Poplavsky, rédacteur en chef adjoint.  Photo Pascal Brocard
Alexandre Poplavsky, rédacteur en chef adjoint.  Photo Pascal Brocard

Il y a ceux qui continuent d’applaudir à tout rompre la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Un électrochoc nécessaire, estiment-ils, pour réveiller les consciences et sortir le gouvernement du pétrin de la majorité relative dans l’hémicycle. D’autres qualifient ce pari extrême de pure folie, d’un tapis rouge déroulé pour les partis les plus radicaux. Pour d’autres encore, les scrutins des 30 juin et 7 juillet à venir augurent d’une formidable occasion de renverser la table et de changer de gouvernance. Et puis il y a la société. Il ne faut pas se mentir, elle est groggy, plongée dans une sorte d’ « escape game » électoral où chacun hésite à pousser une porte interdite et où tous s’interrogent sur ce qu’ils vont découvrir dans la pièce d’après. Dans la France d’après. Depuis que le Président a décidé de renvoyer tout le monde dans l’isoloir, les Français somatisent. L’incertitude, l’anticipation, la crainte de ce qui va arriver, autant de symptômes d’une santé mentale qui se dégrade. Des couples se déchirent, tandis que d’autres réfléchissent sérieusement à quitter la France par peur du spectre des extrêmes. Ce n’est ni un cauchemar ni un mauvais film, encore moins une campagne électorale digne de ce nom, mais un défouloir, le ressac de la réalité politique nationale.

 Dans ce climat plombé, l’Euro de foot et la perspective des JO ne parviennent pas à nous remonter le moral. Alors que faire face à cette peur du lendemain, du jour d’après ? Il faut s’écouter les uns les autres, conseillent les spécialistes. Débattre au sens originel, en acceptant la contradiction et en n’éludant aucun aspect des enjeux. Car le plus dur, puisque nous ne sommes pas tous égaux face à l’inconnu, ce ne sera jamais de prendre une décision seul face à son bulletin. Mais de renoncer à ses certitudes pour apprendre à vivre avec des incertitudes.