Édito | Alexandre Poplavsky Législatives : les femmes le RN et l’effet halo

L'Est Républicain - 23 juin 2024 à 05:05 - Temps de lecture :
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Alexandre Poplavsky, rédacteur en chef adjoint  Photo Pascal Brocard
Alexandre Poplavsky, rédacteur en chef adjoint  Photo Pascal Brocard

Les mouvements féministes se mobilisent. Ce dimanche encore, partout en France, ils manifesteront pour défendre les droits des femmes. Des droits qu’ils jugent potentiellement menacés par l’arrivée du Rassemblement national aux portes du pouvoir. Ce mouvement d’envergure s’est déclenché en réaction à l’opération de séduction menée par Jordan Bardella. Dans un message adressé aux femmes le 17 juin, le président du RN vantait l’action de son parti d’extrême droite pour la défense de leurs droits. Une manœuvre torve dénoncée par une avalanche d’organisations mais aussi par des élus, notamment de gauche, rappelant que le RN a été, entre autres, le groupe à s’être le plus opposé à la constitutionnalisation du droit à l’IVG. L’inquiétude de ces mouvements est d’autant plus grande que si le RN est arrivé en tête au soir des élections européennes, c’est en partie grâce au vote des femmes. Elles auraient été plus nombreuses que les hommes à soutenir la liste du Rassemblement national. Alors évidemment, dans la perspective du scrutin législatif , les féministes s’emploient à rappeler que l’extrême droite et ses parlementaires ont très souvent été absents sur la lutte contre les violences sexistes ou sexuelles, l’égalité hommes-femmes ou encore la PMA. La question, cependant, est de comprendre pourquoi la digue du vote des femmes contre le RN s’est rompue. En l’espace de 5 ans, entre 2019 et 2024, selon un récent sondage de l’Ifop, son électorat féminin a bondi de 10 points. Cette évolution ne concerne certes pas que le vote des femmes, il touche toutes les catégories sociales et tous les âges. Le fruit sans doute de l’opération de dédiabolisation menée depuis l’arrivée à la tête du FN puis du RN de Marine Le Pen. Un effet halo amplifié par Jordan Bardella dont l’âge, l’apparence et l’éloquence parviennent aujourd’hui à faire oublier la longue histoire de son parti qui n’a jamais fait du droit des femmes une priorité.