Découverte Un couple de pygargues à queue blanche au parc animalier de Sainte-Croix

Le Pygargue à queue blanche est l’un des plus grands rapaces diurnes d’Europe. Avec l'accueil d'un couple de ces majestueux aigles, le parc se positionne comme un acteur clé dans un programme de réintroduction ambitieux coordonné par le parc les Aigles du Léman (Sciez sur Léman). Retour sur un projet qui allie rigueur scientifique et engagement pédagogique en compagnie d’Anthony Kohler, directeur zoologique du parc.

Réalisé en collaboration avec le Parc animalier de Sainte-Croix - 26 juin 2024 à 00:00 | mis à jour le 12 juil. 2024 à 18:27 - Temps de lecture :
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Pygargue à queue blanche. Photo Martha de Jong Lantink

Pygargue à queue blanche. Photo Martha de Jong Lantink

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Dès le mois de juillet, le parc animalier de Sainte-Croix inaugurera une volière unique en son genre, s'étendant sur 650 m² et culminant à 8 mètres de hauteur. Installée partiellement sur une île et l'étang des Cormorans, cette structure a été conçue pour reproduire fidèlement le milieu naturel des pygargues à queue blanche.

Une volière exceptionnelle pour une première en France

L'objectif est double : étudier le comportement des oiseaux dans cette volière novatrice par son emplacement dans le milieu d’origine et de former un couple capable de se reproduire qui retournera aux Aigles du Léman afin de réintroduire leurs jeunes sur place.

« La conception de la volière repose sur le répertoire comportemental de l'espèce, nous avons aménagé des perchoirs, un couloir d'eau pour la pêche, et des zones terrestres diversifiées en substrats afin que les oiseaux puissent manifester leur comportement naturel », explique Anthony Kohler, responsable du projet.

Photo D.Lorentz

Photo D.Lorentz

Un programme de réintroduction ambitieux

Depuis 2007, le parc animalier des Aigles du Léman mène un programme de réintroduction des pygargues à queue blanche. En 2022, quatre oiseaux ont été relâchés, suivis de dix autres en 2023. Ce projet s'inscrit dans une démarche de conservation ex situ et in situ, soulignant l'importance de travailler conjointement sur le terrain et en captivité. La Moselle, lieu de retour naturel pour cette espèce philopatrique (qui revient se reproduire sur ses lieux de naissance), a vu arriver son premier couple en 2009.

En 2023, la France ne comptait que cinq couples, dont trois dans le Grand Est. « Ces oiseaux migrent dans des zones riches en ressources, où ils peuvent chasser, pêcher et se nourrir de charognes. Leur présence hivernale à Sainte-Croix est observée depuis 2006, témoignant de l'importance de ce territoire », précise Kohler.

Une étroite collaboration et des défis de conservation

Le partenariat étroit entre Sainte-Croix et les Aigles du Léman permet d’avancer ensemble pour la sauvegarde de l’espèce. Ce travail de conservation se heurte à plusieurs défis, notamment la mortalité due aux collisions avec les infrastructures humaines, comme les pylônes électriques et les éoliennes, et les menaces de destruction volontaire.  « Sur les 20 pygargues réintroduits, cinq sont morts. Il est crucial de sensibiliser le public, car l’espèce reste encore méconnue », déplore Anthony Kohler.

Pour ce projet, le parc s’appuie sur son pilier “conservation” et développe une information pertinente au travers d’une muséographie très pédagogique destinée au public. En parallèle, il participe au travail sur la protection de l’espèce au travers d’actions sur le terrain, piloté par le Plan Régional d’Action pour les aigles pêcheurs et géré par l’association LOANA (principalement en Moselle) et aspire à la reconquête sur le territoire avec d’autres partenaires. 

Anthony Kohler au baguage des pygargues. Photo C. Gentillhomme

Anthony Kohler au baguage des pygargues. Photo C. Gentillhomme

La technologie au service du projet

La technologie joue un rôle essentiel dans ce projet. Des balises GPS sont placées sur les jeunes pygargues nés en milieu naturel pour suivre leurs déplacements et comprendre leurs comportements. L'histoire de "Moselle", un pygargue né en 2023, illustre parfaitement l'importance de ces dispositifs. Après avoir parcouru entre 12 000 et 15 000 kilomètres en un an, traversant plusieurs pays européens, Moselle a été secouru en Autriche grâce à sa balise GPS. « Ces dispositifs nous permettent d'acquérir une meilleure connaissance de l'espèce et de détecter les menaces potentielles », souligne Anthony Kohler. Il ajoute que : « Chaque individu apporte une histoire unique qui enrichit notre compréhension et renforce notre engagement pour leur protection. »

Vers un avenir prometteur

D'ici 2030, l'objectif est de réintroduire 85 pygargues à queue blanche sur les bords du Lac Léman. Les premiers résultats montrent que les oiseaux issus des programmes de réintroduction adoptent des comportements similaires à ceux nés en milieu naturel, démontrant l'efficacité des méthodes employées. « Nous sommes fiers de contribuer à la conservation de cette espèce au Parc de Sainte-Croix. En combinant rigueur scientifique et partage des connaissances, nous espérons inspirer et engager les visiteurs dans la protection des pygargues à queue blanche », conclut le directeur zoologique.