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Environnement À cause de la pollution lumineuse, les moineaux plus matinaux... juste quand il le faut

Une étude du CNRS révèle l’impact de la pollution lumineuse sur la vie et la reproduction des moineaux, très présents en ville. Résultat ? Les oiseaux se lèvent plus tôt, mais « uniquement quand ils doivent aller travailler ».
U.M. - 26 juin 2024 à 18:03 | mis à jour le 05 juil. 2024 à 10:28 - Temps de lecture :
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Une femelle moineau nourrit ses deux oisillons. Photo Sipa/Ardea/Mary Evans

Une femelle moineau nourrit ses deux oisillons. Photo Sipa/Ardea/Mary Evans

Selon une étude du CNRS, la pollution lumineuse a bien un impact sur le rythme quotidien des moineaux. Les Passer domesticus se lèvent plus tôt… mais seulement lorsqu’ils doivent « aller travailler ». Soit lors de certaines étapes de la reproduction, ou lorsqu’il faut défendre leur territoire.

L’étude part d’un constat : les populations de moineaux domestiques sont depuis 20 ans en grave déclin dans les grandes villes européennes, notamment à Paris. Si plusieurs hypothèses ont été avancées, « de manière surprenante, l’impact de la pollution lumineuse n’a pas été étudié », relèvent les auteurs de l’étude Erika Beaugeard, François Brischoux et Frédéric Angelier. D’autant que de nombreuses recherches montrent l’impact négatif de cette lumière artificielle sur des mammifères, des reptiles, des oiseaux nocturnes, etc. Mais aussi sur la reproduction des mésanges et des pinsons. En outre, les études sont antérieures à l’installation de plus en plus généralisée de diodes électroluminescentes dans l’éclairage public, en lieu et place des lampes à sodium.

Un lever plus matinal, seulement quand il apporte un avantage

Pour analyser le comportement des moineaux, notamment lors de la période de reproduction, les chercheurs ont comparé, dans de très grandes volières, un groupe test de 25 couples impactés par une pollution nocturne à un groupe de 25 couples sans lumière artificielle la nuit. Surprise : si les deux groupes s’affairent sur une même amplitude horaire au moment de l’incubation et de la période post-reproduction, le groupe test est nettement plus matinal lorsqu’il est en période d’incubation des œufs et de soin aux oisillons. « Deux périodes pendant lesquelles une heure d’activité précoce peut fournir des avantages en termes de reproduction : défense du territoire et approvisionnement des jeunes », soulignent les chercheurs. « Au contraire, les oiseaux n’ont pas modifié leur heure de lever lorsque cela ne leur procurait pas d’avantage évident. »

« Nos travaux suggèrent pour la première fois que certaines espèces sont capables d’ajuster leur activité en réponse à cette pollution lumineuse nocturne afin d’en tirer profit. » Et leur performance reproductive n’est pas impactée. Cette flexibilité pourrait expliquer « le succès historique de colonisation des zones urbaines » par les moineaux.

La pollution lumineuse n’aurait-elle alors aucun impact négatif ? Les volatiles de l’étude étaient « maintenus dans des conditions de captivité, il est vrai, optimales », abondent les chercheurs. Si conséquences il y a, elles ne sont « peut-être pas dramatiquement préjudiciables à la reproduction de cette espèce », du moins « tant que la nourriture est facilement accessible ». Si cette étude n’éclaire pas le mystère du déclin des moineaux dans les grandes villes, elle évacue au moins une hypothèse.