Édito | Benoît Gaudibert Stress thermique

Le temps maussade et les fortes précipitations de ces dernières semaines en France agissent comme un trompe-l’œil. Le dérèglement climatique n’a pas levé le pied, au contraire. Un peu partout à travers le monde, la canicule fait des ravages. Trois touristes sont décédés en Grèce depuis huit jours. Jusqu’à 42 °C ont été relevés à Athènes. C’est 8 °C de moins qu’en Arabie saoudite, où le Mercure a franchi la barre des 50 degrés à la Mecque. Au moins 22 personnes sont mortes à cause de la chaleur lors du hadj, l’un des plus grands rassemblements religieux du monde. En Inde, les vacances scolaires ont été avancées en raison des températures extrêmes. La population suffoque aussi au Mexique, où les chaleurs records ont fait plusieurs dizaines de victimes… Plus près de chez nous, l’observatoire européen Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont dévoilé une étude selon laquelle l’Europe avait subi, au cours de l’été 2023, un nombre record de jours de « stress thermique extrême ». Rien à voir avec l’éco-anxiété. Le stress dont il est question ici est physique. Il survient, selon les experts, quand la température ressentie dépasse 46 °C. Sous l’effet combiné de la chaleur et de l’humidité, l’organisme dit stop. Personne n’a oublié les épisodes de canicule de l’été 2023 au cours duquel plus de 5 000 décès liés à la chaleur avaient été recensés dans l’Hexagone. Les vagues de chaleur ont indubitablement gagné en fréquence et en intensité dans le pays depuis un demi-siècle. Météo France en a dénombré vingt-deux depuis 2010. C’est plus qu’entre 1947 et 2000. On en viendrait presque à espérer que la fraîcheur et la grisaille du moment persistent, mais ce n’est pas ce que prévoient les météorologues. À la veille de l’été, les spécialistes nous promettent des mois de juillet et août « plus chauds que la normale » en métropole. Où quand l’anormal devient la norme…