Législatives « Peur », « discrédit », « humiliation »... la presse étrangère fustige Macron

Partout en Europe ou ailleurs, bien plus loin de nous, les Unes de la presse consacrent une large place à la première place obtenue par le Rassemblement national dimanche soir. 

J.C. avec AFP - 01 juil. 2024 à 13:42 | mis à jour le 01 juil. 2024 à 15:00 - Temps de lecture :
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Emmanuel Macron dimanche. Photo Sipa/AP/Yara Nardi
Emmanuel Macron dimanche. Photo Sipa/AP/Yara Nardi

« La démocratie française parle et elle fait peur », assène le quotidien suisse Le Temps, ce lundi, dans son éditorial. Avant de dérouler : « Le premier tour des élections législatives en France s’achève sous le regard effaré de ses voisins européens. » Le quotidien évoque une « effarante débandade », et estime que « malgré le polissage, le RN est bien un parti d’extrême droite », qui « tire ses racines de fondateurs à l’idéologie négationniste, ségrégationniste, néofasciste et raciste. Et il en reste des traces. »

Le grand quotidien helvétique germanophone TagesAnzeiger, titre lui : « La vague Le Pen efface l'aura de pouvoir de Macron ». Et déplore que « le pays des Lumières, des droits de l'homme et du cosmopolitisme dérive plus à droite que jamais – et peut-être vers l'obscurité, l'isolement et la xénophobie ».

>> Le premier tour des législatives françaises à la Une de la presse internationale :

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« Un président qui vient de fracasser son pays »

En Belgique, c'est le président de la République qui est directement visé : « Le discrédit a le visage désormais d'Emmanuel Macron, un président qui, loin de protéger pour de bon son pays contre l'extrême droite, l'a légitimée en lui abandonnant délibérément les urnes [...] Un président qui vient de fracasser son pays », écrit Le Soir.

La Libre Belgique, elle, titre sur une « chute vertigineuse dans l’inconnu » : « Ce dimanche restera sans doute dans l’histoire comme un prélude au triomphe de l’extrême droite française : après avoir fait exploser l’échiquier politique en 2017, Emmanuel Macron a dynamité ce qu’il en restait. […] Résultat, l’extrême droite a séduit 12 millions d’électeurs. Du jamais vu », se désole le site.

En Allemagne, le Süddeutsche Zeitung dénonce « le coup de poker » de Macron qui « a ouvert en grand la porte à l'extrême droite » : « Si les lepénistes arrivent au pouvoir, ce sera aussi son échec, sa faute », analyse le journal, car « son optimisme et son autoglorification entrent tellement en conflit avec le pessimisme des Français que beaucoup veulent simplement le voir partir ».

« Mauvais calcul »

Pour Die Welt, « cette élection enterre le macronisme » et un président qui « a fait le mauvais calcul » avec sa stratégie « moi ou le chaos ». Pour sa part, le Frankfurter Allegemeine fustige « la réaction inconsidérée aux élections européennes » du président français : « Le pays se dirige vers une cohabitation, peut-être vers un blocage de son système politique. La France pourrait être absente de l'UE et de l'Otan pendant des années. Cela ferait plaisir à Moscou », assène le quotidien.

Au Royaume-Uni, les législatives françaises font la Une de la plupart des quotidiens, qui n'ont pas ménagé leurs critiques envers l'exécutif : « La droite française humilie Macron » écrit The Times, à la Une. Une vision partagée par le tabloïd Daily Mail, qui écrit que le président a « ouvert la porte à l'instabilité économique et politique ». 

De De Gaulle à Vichy

En Italie, le Corriere della Sera constate que « le cordon sanitaire anti-Le Pen a cédé : pendant des décennies, il avait maintenu le RN hors du pouvoir et du système ». Mais dimanche, le vote « marque, à droite, le passage des héritiers de De Gaulle à ceux de Vichy et de l’Algérie française, une France provinciale et rancunière qui se croyait battue par l'Histoire ». « L'Histoire dira si Macron a été l'homme qui a retardé cette inquiétante métamorphose ou celui qui a offert la France à la nouvelle droite », résume le journal.

Le quotidien La Repubblica ou encore La Stampa relèvent néanmoins que « rien n'est encore fait », en saluant les accords de désistement annoncés pour contrer le RN.

« Trois années difficiles » pour Macron

Le New York Times n'est pas en reste et pointe dès ce dimanche le « sérieux revers » d’Emmanuel Macron face au « score important du RN » : il « a perdu le contact avec les personnes auxquelles le RN s’adressait ». Et d'annoncer pour le président « trois années difficiles » : « On se souviendra de lui comme du président qui a permis à l’extrême droite d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État » écrit le quotidien new-yorkais.

Le Washington Post observe un « référendum contre Macron », devenu « un dirigeant extrêmement impopulaire ». The Economist, lui, décrit par la plume de Sophie Pedder un « séisme politique » avec l’« avance massive » du RN et de ses alliés, malgré la « bonne soirée » du Nouveau Front populaire. Elle anticipe pour la France « une période de profonde incertitude et d’instabilité politique ».