Édito | Michel Klekowicki Présidentielle américaine : un premier débat déjà décisif ?

En France, il faut être doué en géométrie du triangle pour comprendre les élections législatives. Chacun, dans l’Hexagone, s’exerce à calculer le carré de l’hypoténuse qui permettrait au pays d’obtenir un gouvernement… en capacité de gouverner. Aux États-Unis, les choses sont plus simples : deux camps établis de longue date s’affrontent dans un duel à la Sergio Leone. Cette fois, les deux pistoleros ne sont plus de la première jeunesse. Joe Biden a 81 ans, une démarche hésitante et une mémoire incertaine. Donald Trump, lui, a 78 ans et ses incohérences légendaires dissimulent encore le tribut qu’il paie au temps qui passe.

Les deux hommes ont rendez-vous ce jeudi pour leur premier débat. Sans notes, sans public mais avec une foultitude d’incertitudes entourant leur capacité à tenir la distance. Quatre-vingt-dix minutes, c’est long. Très long pour un président sortant affaibli, que les conseillers de la Maison-Blanche tentent d’exposer le moins possible aux situations imprévues. Bien que plus jeune de trois ans, son challenger n’est pas à l’abri d’un dérapage incontrôlé. Géographie approximative, langue maternelle torturée : Donald Trump clame haut et fort qu’il a réussi tous les tests médicaux… mais se trompe sur le nom de son fidèle médecin personnel. Bref, même si le scrutin n’a lieu qu’au mois de novembre prochain, les deux candidats sont tout à fait capables de se saborder demain. Ne pas gaffer en direct à la télé : voilà l’enjeu dont devront se contenter des citoyens américains, un tantinet désabusés.

Car, à l’évidence, les électeurs du Nouveau Monde doivent regarder la situation française avec des yeux tout rond. De l’enjeu, du suspense, des débatteurs de moins de 40 ans (Bardella, Attal, Bompard) et un Président à la retraite à 49 ans, en 2027. Sur le terrain politique aussi, il faut croire que l’herbe est toujours plus verte ailleurs…