Édito | Benoît Gaudibert La course à Matignon

L'Est Républicain - 25 juin 2024 à 05:00 - Temps de lecture :
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Photo Alexandre Marchi
Photo Alexandre Marchi

En dissolvant l’Assemblée, Emmanuel Macron a ouvert la boîte de Pandore des ambitions. En temps normal, le président désigne le Premier ministre à l’issue des élections législatives. Une fois n’est pas coutume, un autre scénario se dessine dans cette séquence folle, avec des noms de « premiers ministrables » avancés avant même le premier tour. Gabriel Attal a lui-même encouragé cette personnalisation de la course à Matignon en appelant les Français à le « choisir » comme Premier ministre et en désignant ses concurrents, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon. L’actuel titulaire du poste aurait toute légitimité, en tant que chef de campagne, à conserver son fauteuil en cas de victoire. Le problème, outre le fait que les sondages rendent l’hypothèse improbable, c’est qu’on le dit (déjà) en froid avec son patron. Du côté du RN, Jordan Bardella feint de poser ses conditions et affirme qu’il n’acceptera de diriger le gouvernement qu’en cas de majorité absolue à l’Assemblée, ce qui n’est rien d’autre qu’une stratégie pour tenter de mobiliser ses électeurs. Quant à l’Insoumis Mélenchon, dont l’accession à Matignon est brandie comme un épouvantail par ses opposants, il rêve du job en cas de victoire de la gauche, mais se heurte au veto des autres leaders du Nouveau front populaire. Certains parmi eux pencheraient plutôt pour la nomination de Laurent Berger. Mais « l’urgence », « c’est d’éviter le RN », pas « la course aux petits chevaux », a balayé l’ex-numéro 1 de la CFDT. Pendant ce temps, en coulisses, d’autres prétendants piaffent d’impatience. Édouard Philippe, Marine Le Pen ou encore, dit-on, François Hollande, se préparent à se lancer dès le 7 juillet au soir dans une autre course d’obstacles, celle de la présidentielle normalement programmée en 2027. À moins d’un nouveau coup de tonnerre, improbable mais pas impossible, sous la forme d’une démission de Jupiter avant le terme de son mandat… !