Édito | Michel Klekowicki Les ténors prennent leurs distances : ambiance de fin de règne en Macronie

L'Est Républicain - 22 juin 2024 à 05:05 - Temps de lecture :
 | 
Michel Klekowicki, rédacteur en chef adjoint. Photo Pascal Brocard
Michel Klekowicki, rédacteur en chef adjoint. Photo Pascal Brocard

Où sont passées les clés de la machine à perdre ? Elles ont souvent servi à droite comme à gauche. Cette fois, elles sont au centre. Entre les ténors de la Macronie et leur patron, rien ne va plus. Alors que les législatives ne sont pas encore tout à fait jouées, Édouard Philippe et Bruno Le Maire, pour ne citer qu’eux, ne retiennent plus leurs coups.

Pour le maire du Havre et prétendant à la couronne élyséenne en 2027, les choses sont claires : le Président a tué sa propre majorité. Les précautions oratoires utilisées juste après la dissolution ne sont plus à l’ordre du jour. Il est vrai qu’il se trouve en position délicate. Obligé de prendre ses distances pour ne pas avoir à assumer l’intégralité de l’héritage, il ne peut toutefois pas se brouiller avec un centre qui lui assurera, demain, un bon matelas électoral. Bref, en pointant du doigt l’impéritie présidentielle, Édouard Philippe tire sur l’ambulance et exerce un droit d’inventaire anticipé. Adroit. Dans cette ambiance de fin de règne, Bruno Le Maire, autre prétendant à la plus haute fonction, sort la sulfateuse. Pour lui, ce sont les « cloportes » incrustés dans l’entourage de Jupiter qui portent la responsabilité du naufrage annoncé. Encore ministre mais déjà candidat, le romancier qu’il est connaît le poids des mots. En s’attaquant frontalement l’entourage présidentiel, il suggère, indirectement, qu’Emmanuel Macron est un homme sous influence. Habile. À part ces deux grands fauves, d’autres prédateurs de la savane attendent le bon moment pour mordre. Gérald Darmanin s’y prépare tandis que François Bayrou semble à cours de circonlocutions et de patience. Pendant ce temps, l’encore Premier ministre fait campagne. Préférant être seul que mal accompagné, il se sacrifie pour sauver les meubles. Pourtant, s’il en est un qui pourrait affirmer sans contredit « Emmanuel m’a tuer », c’est bien Gabriel Attal