Éditorial

Les explorations d'Alexander Mackenzie

L'article suivant est un éditorial rédigé par le personnel de l'Encyclopédie canadienne. Ces articles ne sont pas généralement mis à jour.

« Maintenant, je mélange un peu de vermillon et de graisse fondue et j'inscris, en gros caractères, sur la face sud-est du rocher où nous avons dormi la nuit dernière, cette courte mention : Alexander Mackenzie, du Canada, par voie terrestre, le vingt-deux juillet de l'an mil sept cent quatre-vingt-treize. »

Mû par son esprit d'aventure et attiré par la traite des fourrures, sir Alexander Mackenzie est le premier Européen à traverser le continent nord-américain au nord du Mexique. Son périple de 6400 km vers le Pacifique pour le compte de la Compagnie du Nord-Ouest fait naître la promesse du Nord-Ouest canadien et fait mieux connaître la géographie de l'ouest de l'Amérique du Nord. Ses successeurs, y compris Lewis et Clark 12 ans plus tard, profitent de ses tentatives mais, en bout de ligne, le Canada est le grand gagnant.

Le voyage de Mackenzie permet de relier le Nord-Ouest et le Canada, « plutôt que de le laisser aller à notre grand voisin du sud. » La Compagnie du Nord-Ouest, en tant qu'acteur principal de cette expansion vers l'ouest, est considérée comme le précurseur de la Confédération. Mackenzie fait sienne cette idée.

La célébrité de Mackenzie repose sur les deux voyages qu'il a entrepris jusqu'en Arctique et dans l'océan Pacifique. Gravure de Thomas Lawrence ( avec la permission des Archives nationales du Canada/C-2146).

Né en Écosse, Mackenzie immigre en Amérique du Nord en 1774, juste avant qu'éclate la Révolution américaine. Il a 12 ans. Déjà orphelin de mère, lorsque son père entre dans l'armée britannique, il est confié à deux tantes qui l'envoient à Montréal en 1778.

En 1779, le centre de traite des fourrures qu'est alors Montréal pousse Mackenzie, qui est presque un homme, à se lancer dans ce qu'il voit comme un métier excitant. À peine cinq ans plus tard, Finlay, Gregory and Company l'envoie à Detroit en tant que négociant. Les associés, remarquant son sens des affaires et son leadership, lui propose une association à condition qu'il aille en contrée indienne le printemps suivant (1785). La « contrée indienne » est en fait le Nord-Ouest canadien.

Mackenzie y voit une occasion d'explorer et de s'enrichir. Son histoire donne un visage à celle de la traite de fourrure au Canada, qui parle autant d'exploration que d'économie. La concurrence dans ce domaine est vive, en particulier depuis que la Nouvelle-France s'est séparée de la Grande-Bretagne en 1763. La Compagnie de la Baie d'Hudson et la Compagnie du Nord-Ouest engagent des explorateurs et des cartographes pour étendre leur réseau de traite. De 1774 à 1821, les compagnies rivales fondent 601 postes dans le Nord-Ouest, essayant de gagner la confiance des populations autochtones et acquérant les compagnies plus modestes.

La compagnie de Mackenzie résiste d'abord à la fusion avec la Compagnie du Nord-Ouest. Au cours d'un conflit entre les compagnies, Peter Pond, un de ses associés, est impliqué dans un meurtre. Cette affaire accélère la fusion. Pond, qui est considéré comme un original mais qui a de l'expérience, est trop précieux pour être renvoyé. En 1788, on l'envoie dans la région d'Athabasca avec Mackenzie, la seule personne peut-être capable de le contenir, en tant que commandant en second - et remplaçant.

Pond croit que le détroit Cook est l'embouchure d'une large rivière qui coule vers l'ouest et qui ouvrira une voie vers le Pacifique. L'influence de Pond fera aboutir les deux expéditions qui rendront Mackenzie célèbre.

En 1789, Mackenzie quitte Fort Chipewyan sur la rivière Athabasca pour vérifier la théorie de Pond. Après un difficile périple de 2500 km en canot, il se retrouve dans un formidable cul-de-sac : la rivière coule vers l'océan Arctique et non vers le Pacifique.

Malgré les difficultés de la première expédition, Mackenzie en amorce immédiatement une seconde. Il pense qu'il pourrait y avoir une route par la rivière Peace. En mai 1793, il repart avec Alexander Mackay, six trappeurs et deux autochtones, des Castors. Ils franchissent des rapides traîtres, effectuent de nombreux portages difficiles et s'arrêtent souvent pour rafistoler leur canot d'écorce lourdement chargé. À plusieurs reprises, le courant rapide risque d'emporter leur embarcation et les hommes qui essaient de la maintenir à flot. Le leadership de Mackenzie est mis à rude épreuve quand les hommes veulent faire demi-tour. Un peu de rhum les persuade finalement de continuer.

Ils achèvent la partie terrestre de l'expédition, guidés par des Nuxalk-Carrier, un trajet de plus de 400 km dans un paysage accidenté. L'étape finale vers l'ouest consiste en la descente en canot de la rivière Bella Coola, qui se jette effectivement dans le Pacifique.

Quand Alexander Mackenzie « du Canada, par voie terrestre » atteint le Pacifique, il joue un rôle considérable dans l'établissement d'associations lucratives pour le Canada. Toutefois, il aura surtout participé à la création d'une grande nation.