Succès inattendu de l'alliance de Gauche, évolution constante du RN, émancipation de Gabriel Attal,.. Alexandre Mortelette, politologue à l'Université du Luxembourg, analyse les élections législatives anticipées au micro de RTL.

Entre 2022 et 2024, la gauche a gagné 31 sièges, "ce qui est assez conséquent et ce qui les place en tant que première force politique du pays", selon Alexandre Mortelette. Mais le Rassemblement national a également gagné des sièges.

Chez le RN, nous constatons "une constante évolution de ce parti qui arrive à gagner des sièges. Entre 2022 et 2024, ils ont gagné 58 sièges au Parlement." Le RN a fait une campagne sur trois thèmes principaux: le pouvoir d'achat, les questions de sécurité en mettant en avant le retour de l'autorité et les questions de migration. "Je pense que pour beaucoup, ça a pu convaincre," indique le politologue. Mais certains électeurs ont aussi voulu "tester autre chose", aller voir un parti hors cadre qui n'avait jamais été au pouvoir jusqu' à présent."

Qu'est-ce qui a finalement mis en échec le Rassemblement national? Le taux de participation, près de 67% pour ce deuxième tour, a été très important pour la victoire de la gauche. Lors des dernières élections, il était de 47,5%.

Il y a eu aussi "ce front populaire qui a émergé au soir de la dissolution" et qui, déjà fort des résultats de la gauche aux élections européennes "s'est fortifié au long de cette semaine de campagne." Et il faut y ajouter le "barrage républicain qui a été appelé par différents partis de droite comme de gauche". Ce sont "toutes ces raisons qui font qu'au final, le parti du Rassemblement national, minore un peu son succès attendu," selon Alexandre Mortelette.

Quel scénario pour la suite?

Après ses élections, "on a trois blocs: le bloc de gauche, le bloc de l'ancienne majorité présidentielle, centre, centre droit et le bloc d' extrême droite." D'après le politologue, "on peut estimer que le président Emmanuel Macron va appeler ce bloc de gauche à désigner un premier ministre et à nommer son gouvernement". Ce ne sera pas facile, car "avec seulement 180 députés, il leur faudra trouver des alliés."

Il leur faudra soit former une coalition soit former des majorités pour chaque texte de loi, "ce qui est très difficilement envisageable pour les Français."  C'est d'ailleurs ce que n'a pas réussi à faire le parti Ensemble d'Emmanuel Macron depuis deux ans.

Sinon, "ce qu'on peut aussi envisager, c'est un gouvernement technique," selon le politologue, c'est-à-dire un gouvernement de technocrates et d'experts, comme récemment en Italie. Alexandre Mortelette explique que si ça ne fonctionne, pas le recours à une "autre dissolution" reste possible, "mais seulement dans un an".

Démission du Premier ministre, Gabriel Attal

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Le Premier ministre, Gabriel Attal a remis sa démission à Emmanuel Macron ce lundi matin. Il a dit récemment "cette dissolution, je ne l' ai pas choisie, mais je refuse de la subir." Gabriel Attal "n'a pas choisi" cette dissolution, mais le président de la République. Non seulement Gabriel Attal "n'a jamais voulu cette dissolution", mais en plus, "c'était un argument de campagne du Rassemblement national pendant la campagne pour les européennes. En cas de mauvais résultats, on va exiger une dissolution", rappelle le politologue.

Cette phrase est une "forme de rupture avec Emmanuel Macron", admet le politologue. Et Gabriel Attal "est monté au front" en faisant une "bonne" campagne et il a été "vif".

Gabriel Attal est toujours "très populaire, surtout chez les jeunes". "C'est quelqu'un qui, pourra, a fortiori, tirer son épingle du jeu, en marquant une certaine rupture avec Emmanuel Macron, pour lequel les Français ont marqué une certaine forme de désaveu."

Les élections françaises au Luxembourg et dans l'UE

Alexandre Mortelette a également précisé que "les Français du Luxembourg ont renouvelé leur confiance au candidat de l'ancienne majorité présidentielle du parti d'Emmanuel Macron", à près de 50,24%. En face de lui, il y avait Cécilia Gondard, candidate socialiste du Nouveau Front populaire, qui a obtenu 49,76% des voix. C'est donc une victoire "d'une courte tête". En général, le parti d'Emmanuel Macron est solidement ancré parmi les Français de l'étranger, constate le politologue.
 
Pendant longtemps, les bonnes relations franco-allemandes ont été considérées comme le moteur de l’UE. Mais ces derniers temps, le couple franco-allemand "était un peu sur le déclin." La relation entre le chancelier et le président français s'est "détériorée". Il faudra voir à présent "quel type de gouvernement on aura, quel premier ministre on aura aux manettes, quel projet aussi pour l'Europe."

En outre, "il ne faut pas oublier que le Rassemblement national a aussi envoyé un bon nombre de députés européens à Bruxelles. Donc il faudra aussi compter sur cet équilibre entre le Parlement européen et le nouveau Parlement français", a ajouté Alexandre Mortelette.

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