Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna récompensées : un prix Nobel de Chimie 2020 historique, qui interroge la place des femmes en science

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Le 7 octobre 2020, l’Académie suédoise a remis à la Française Emmanuelle Charpentier et à l’Américaine Jennifer A. Doudna le prestigieux prix Nobel de Chimie, pour leurs travaux sur l’édition des gènes - une méthode révolutionnaire appelée « ciseaux moléculaires », capable de « réécrire le code de la vie ». Ce prix est historique : c’est la première fois depuis le Nobel remis à la chimiste britannique Dorothy Crowfoot Hodgkin en 1964 (et la troisième fois seulement dans l’histoire après le prix remis à Marie Curie en 1911), qu’un prix Nobel scientifique met à l’honneur un palmarès 100% féminin.

Comme celles qui les ont précédées, Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna vont plus que jamais pouvoir jouer un rôle crucial pour inspirer et encourager les carrières féminines dans la science. Car ces distinctions brillantes sont encore trop rares : depuis la création des prix Nobel en 1901, parmi les 621 scientifiques récompensés en Physique, Chimie et Médecine, on compte seulement 22 femmes. Moins de 4 %[1] des Nobel scientifiques leur ont ainsi été attribués.

Les discriminations envers les chercheuses grèvent encore très largement les sciences. Aujourd’hui dans le monde, seulement 29 %[2] des chercheurs sont des chercheuses. En Europe, seulement 14 %[3] des hautes fonctions académiques en science sont exercées par des femmes. La crise sanitaire offre un nouvel exemple édifiant de ce fossé femmes-hommes : 90 %[4] des articles de recherche publiés sur la Covid-19 sont signés par des hommes. En France, le CSA et l’INA ont en outre montré que les femmes scientifiques ont été nettement sous-représentées dans les media entre mars et mai 2020[5].

Les stéréotypes qui conduisent à ce constat inacceptable doivent être résolument combattus. C’est l’ambition du Prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science qui, depuis 22 ans, a mis en lumière et soutenu 112 éminentes chercheuses du monde entier pour leur contribution exceptionnelle au progrès scientifique. Emmanuelle Charpentier et Jennifer A. Doudna en ont d’ailleurs été toutes deux Lauréates en 2016, pour les travaux de recherches qui leur valent aujourd’hui le prix Nobel.

Ce combat pour la mixité et l’égalité des chances au sein des parcours scientifiques doit commencer le plus tôt possible : en France, nous nous positionnons légèrement en-dessous de la moyenne mondiale puisqu’on ne compte que 28 %[6] de femmes chercheuses. Si elles sont mieux représentées en biologie, en mathématiques et informatique, elles ne sont que 23 %, et en physique 22 %.[7] C’est pourquoi, en complément du Prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science, destiné à des femmes scientifiques accomplies, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec la Commission nationale française pour l’UNESCO, décernent le Prix Jeunes Talents France depuis 13 ans. Chaque année, il récompense et encourage 35 jeunes doctorantes et post-doctorantes, sélectionnées par un jury d’excellence parmi plus de 700 candidatures, dans des champs aussi divers que la médecine, l’astronomie, l’informatique ou la chimie. Toutes talentueuses et passionnées, elles ont envie d’encourager les générations futures à croire en leurs possibles et à se lancer en sciences. Parce qu’elles ont parfois pu s’inspirer en chemin de femmes audacieuses et courageuses, elles espèrent à leur tour être des role models pour les plus jeunes. Au total, dans le monde, ce programme soutient tous les ans près de 250 brillantes scientifiques au début de leur carrière.

La décennie qui s’ouvre sera cruciale pour l’avenir de l’humanité. Les défis qui sont les nôtres – écologiques, sociaux, économiques, sont d’une magnitude inédite. Pour les surmonter, nos sociétés auront besoin de tous les talents, de tous les engagements - ceux des femmes comme des hommes. Les jeunes chercheuses d’aujourd’hui doivent pouvoir sans obstacle, sans préjugé, sans différence de traitement, devenir les prix Nobel de demain. Pour qu’Emmanuelle Charpentier, Jennifer A. Doudna, Christiane Nüsslein-Volhard, Ada Yonath, Elizabeth H. Blackburn[8] et les autres ne se comptent plus jamais sur les doigts d’une main. L’avenir sera inclusif, ou ne sera pas.

[1] Source www.nobelprize.org

[2] Rapport de l’UNESCO sur la science vers 2030 (2015).

[3] She Figures, 2018.

[4] ANNALSATS Articles in Press, 15 juillet 2020.

[5] « La représentation des femmes dans les médias audiovisuels pendant l'épidémie de Covid-19 », Les Collections CSA, juin 2020.

[6] Source UNESCO, 2017 : http://uis.unesco.org/en/country/fr?theme=science-technology-and-innovation

[7] Étude « Vers l’égalité femmes-hommes ? Chiffres-clefs », Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (2019).

[8] Toutes Lauréates du Prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science.


Cet évènement est en effet historique. Je suis tellement fière d'Emmanuelle Charpentier et de Jennifer A. Doudna, toutes deux également lauréates FWIS # Women #Science #Nobelprize #2020 BRAVO !

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