Post de Damien Mancellon

✍🏼 Comme le Garde des Sceaux s’y était engagé, le rapport de l’Inspection générale de la justice à la suite de l’attaque du convoi pénitentiaire du 14 mai 2024 au péage d’Incarville, a été rendu public. 😟 Ce jour-là, deux agents de l’Administration pénitentiaire ont été tués, trois autres ont été blessés dont deux grièvement, et le détenu Mohamed Amra a pris la fuite. 🔍 Que nous apprennent les 61 pages de ce rapport ? Que le ministère de la Justice savait tout ou presque de la dangerosité de Mohamed Amra et de ses projets d’évasion mais que ces informations n’ont pas été correctement partagées entre les différents services qui le composent. Le fossé entre le judiciaire et le pénitentiaire n’est pas nouveau mais il n’en reste pas moins préjudiciable. 👨⚖️ Sur Mohamed Amra, le judiciaire savait tout ou presque : sa dangerosité croissante, sa capacité à organiser ses trafics en détention, son hyperviolence, ses parloirs sexuels et même son insistance à vouloir être auditionné physiquement par les juges après une extraction judiciaire plutôt que d’être entendu dans le cadre d’une visioconférence. 👮♂️ Sur Mohamed Amra le pénitentiaire, quant à lui, ne savait rien ou presque : depuis le début de son parcours délinquant à l’âge de 13 ans, Mohamed Amra avait été condamné à 15 reprises, essentiellement, pour des vols, dont certains aggravés, et des délits routiers. Or, les mises en examen en cours, couvertes par le secret de l’instruction, concernent des faits de nature criminelle (tentative d’homicide et complicité de meurtre en bande organisée notamment) et recèlent, par conséquent, tous les marqueurs de la dangerosité grandissante de Mohamed Amra. 🕵🏻♂️ Dans ce contexte, le rapport pose une question centrale : celle du partage de l’information entre le judiciaire et le pénitentiaire avec le renseignement pénitentiaire à l’interface des deux mondes. Qui peut comprendre, et encore moins admettre, que le Service national du renseignement pénitentiaire (SNRP) dont une des missions consiste précisément en la prévention des évasions, n’ait reçu aucun signalement relatif à la dangerosité croissante de Mohamed Amra alors que les investigations judiciaires conduites, notamment à Marseille, l’établissaient formellement ? 🤫 Secret de l’instruction répond-on comme on répondait secret défense pour les affaires de terrorisme, avant que Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, ne réforment puis ne renforcent considérablement les dispositifs de partage et de traitement de certaines informations par et entre les services de renseignement. 🚨 Le secret bien sûr que cela compte. Mais l’Administration pénitentiaire ne peut être maintenue dans l’ignorance de tout, par tous et tout le temps. Il en va de la sécurité de ses établissements et de ses personnels. Et deux d’entre eux, l’ont récemment payé de leur vie.