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KARLOVY VARY 2024 Proxima

Critique : Lapilli

par 

- Paula Ďurinová enchevêtre chagrin personnel et réflexion environnementale, et livre un essai documentaire qui réfléchit sur le deuil et la résilience à travers des images de formations géologiques

Critique : Lapilli

La réalisatrice slovaque Paula Ďurinová, installée à Berlin, se lance avec son premier long-métrage, Lapilli [+lire aussi :
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, (un titre qui se réfère à des fragments de roche éjectés d'un volcan), dans un parcours à travers le deuil et la géologie. Ce film, qui a fait sa première dans le cadre de la compétition Proxima du Festival de Karlovy Vary, entrelace le sujet personnel du deuil avec des réflexions environnementales. Le résultat est un essai documentaire contemplatif et intime. Le travail précédent de Ďurinová, le court-métrage Constant – an Homage to the Apartment était un hommage à ses grands-parents et à l’appartement où elle a partagé de nombreux moments heureux avec eux. Lapilli est comme un prolongement spirituel de ce film où elle revisite le souvenir de ses grands-parents en leur absence. Leur mort pendant la pandémie de Covid-19 a été le déclencheur du film, où Ďurinová emploie un médium visuel pour aborder son deuil, entrelaçant l’histoire de sa famille avec la nature pérenne des formations géologiques. La convergence thématique du récit personnel et du récit environnemental se reflète dans la structure du film : il progresse à travers les différentes phases du deuil, présentées parallèlement aux processus géologiques.

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Ďurinová appartient à une nouvelle génération de documentaristes slovaques femmes qui adoptent une approche plus environnementale du médium. Elle est dans la lignée du travail de contemporaines comme Viera Čákanyová, connue pour ses essais documentaires très personnels, notamment Notes from Eremocene [+lire aussi :
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, qui plongent aussi dans la nature expérimentale des documentaires à la première personne. Čákanyová est justement joué le rôle de productrice créative sur Lapilli. En plus d’avoir réalisé le film, Ďurinová en est aussi la cheffe opératrice : elle a filmé des paysages naturels qui vont des restes désolés de la mer d'Aral et des déserts volcaniques à des cavernes sombres. Le rythme lent et contemplatif du film souligne cette exploration du temps et de la mémoire.

Cet essai documentaire largement non-figuratif se concentre sur l’observation et la représentation des formations géologiques. Ďurinová intervient occasionnellement en voix off pour lire des lettres à ses grands-parents ou formuler des réflexions philosophiques sur la géologie et l’écologie. À mi-chemin, le récit passe des observations de surface à un parcours spéléologique à travers des niches exiguës et des crevasses souterraines. À mesure que le film avance, Ďurinová fait subtilement son entrée physiquement, complétant sa voix désincarnée par sa présence à l’écran. Cette transition rend plus profond le lien entre la peine personnelle et le chagrin environnemental, tandis que le deuil de la réalisatrice suite à la mort de ses grands-parents évolue pour se transformer en une réflexion plus vaste sur la transformation écologique et l'impermanence de la matière.

Les gros plans non-figuratifs sur des formations géologiques, souvent fixes et longs, font basculer pour le spectateur le documentaire du côté de l'épreuve d'endurance proche de l'art vidéo. Bien que Lapilli ait été filmé dans différents lieux, c’est moins un carnet de voyage qu'un exercice contemplatif caractérisé par des regards longs et ininterrompus posés sur les choses. Les scènes spéléologiques, où l’on voit la réalisatrice ramper dans des crevasses étroites (un des rares plans figuratifs du film), offrent quelques moments chargés de tension et viscéralement étouffants. La structure du film reprend les cinq étapes du deuil, auxquelles Ďurinová fait allusion à travers différents plans de formations rocheuses à la surface, sous terre, dans les montagnes et autour de l’eau, en utilisant des symbolismes subtils. L'alignement thématique permet au mélange entre chagrin personnel et processus immuables du monde naturel de fonctionner, et d'aboutir à une exploration méditative du deuil.

Lapilli a été produit par la société slovaque guča films en coproduction avec Paula Ďurinová elle-même.

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(Traduit de l'anglais)

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