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Brad Wall

Brad Wall, homme d’affaires, homme politique, 14e premier ministre de la Saskatchewan de 2007 à 2018 (né le 24 novembre 1965 à Swift Current, en Saskatchewan). Brad Wall a porté au pouvoir une nouvelle formation politique, le Parti saskatchewanais. Il est en poste pendant une remarquable période de prospérité pour sa province et est devenu un des principaux représentants de la pensée conservatrice au Canada du début du 21e siècle.
Brad Wall
Premier ministre de Saskatchewan.

Jeunesse et passage en politique

Né dans une ville des prairies, Swift Current au sud de la Saskatchewan, Brad Wall grandit dans une famille mennonite. Il développe un intérêt précoce pour les affaires sous l’influence de son père, qui est entrepreneur. Il obtient un diplôme avec mention d’honneur enadministration publique de l’Université de la Saskatchewan. Il obtient aussi un certificat de l’Institut des fonds d’investissement du Canada.

Au cours de ses études secondaires et universitaires, Brad Wall s’est impliqué dans la politique étudiante. Après ses études, il travaille à Ottawa. Dans les années 1980, il fait partie du personnel politique d’un député fédéral d’arrière-ban du Parti progressiste-conservateur. De retour en Saskatchewan, Brad Wall devient un des fondateurs de l’Alliance for the Future of Young Canadians, un regroupement de jeunes défenseurs du libre-échange.

Toujours dans la vingtaine, Brad Wall se joint au second gouvernement du premier ministre conservateur de la Saskatchewan, Grant Devine. Il travaillera alors comme assistant pour un certain nombre de ministres du Cabinet provincial. L’un des hommes politiques auxquels il est rattaché est John Gerich, l’une des douze personnes (ou plus) condamnées dans un scandale de comptes de dépenses irréguliers qui allait gravement esquinter le Parti conservateur provincial et finalement mener le régime Devine à sa perte.

Dans les derniers mois du gouvernement Devine (dont l’impopularité est alors grandissante à cause de ses excès financiers et de l’amplification du scandale sur les dépenses), Brad Wall effectue une tentative ratée pour devenir le candidat conservateur dans Swift Current, en prévision de l’élection provinciale de 1991. Malgré ce rejet par les électeurs de sa ville natale, il fait campagne pour Grant Devine et ses conservateurs, ce qui est désormais sans espoir. C’est la défaite et la victoire éclatante du Nouveau Parti démocratique (NPD) de Roy Romanow.

Le Parti saskatchewanais

Après l’élection de 1991, Brad Wall retourne à la vie civile à Swift Current. Il y devient le directeur du développement économique de la ville. Il est aussi consultant en commerce. Il lance une entreprise de tourisme saisonnier, The Last Stand Adventure Company. Il s’en tire très bien dans ses nouvelles fonctions. En 1998, il reçoit le Prix de l’intervenant en développement économique de l’année de la Saskatchewan Economic Developers Association (SEDA).

Swift Current

Mais, entre-temps, Brad Wall sent revenir en lui l’attrait pour la politique active. Le Parti saskatchewanais est fondé en 1997. Il s’y intéresse. C’est une coalition unissant des progressistes-conservateurs à quelques libéraux provinciaux. Brad Wall est nommé candidat du Parti saskatchewanais pour Swift Current, en prévision des élections de 1999. Il remporte son siège et devient alors un membre de l’Opposition à l’Assemblée législative à Regina. Aux élections de 2003, le Parti saskatchewanais perd de nouveau devant le NPD, mais Brad Wall est réélu dans son comté. L’année suivante, il devient le chef de son parti. Il succède ainsi à Elwin Hermanson, qui avait démissionné, après l’élection de 2003.

En concentrant plutôt l’attention du parti sur les affaires et la politique commerciale et en atténuant l’ancien ton dur du parti sur les politiques sociales (par exemple, plusieurs membres s’opposent à l’avortement et prônent l’envoi des jeunes contrevenants dans des camps de type militaire). Par ces changements de perspective, il rend le Parti saskatchewanais plus attrayant aux yeux des électeurs urbains, ce qui en élargit la base, initialement d’origine principalement rurale. Il met en place une série de révisions de la ligne politique du parti. Il publie des documents de travail détaillés, mettant de l’avant un nouveau modèle de développement économique. On peut citer notamment The Promise of Saskatchewan: A New Vision for Saskatchewan's Economy (2004).

Premier ministre provincial

La révision de sa ligne politique n’est qu’un des éléments de l’attrait renouvelé du Parti saskatchewanais auprès de l’électorat. L’autre élément s’avérera n’être rien de moins que le talent politique de Brad Wall même. Il se révèle un orateur charismatique. Il est doté d’un sens commun très sûr et il est un meneur de campagnes naturel. Aux élections de 2007, il remporte, avec le Parti saskatchewanais, un gouvernement majoritaire. Le 21 novembre de la même année, il succède à Lorne Calvert du NPD, comme premier ministre provincial (voir Premiers ministres de la Saskatchewan).

En 2011, le gouvernement de Brad Wall est réélu, sans équivoque. Il obtient 64 % du vote populaire, le plus haut pourcentage d’appuis électoraux dans l’histoire de la Saskatchewan. Cinq ans plus tard, en 2016, il remporte, avec le Parti saskatchewanais, une troisième majorité consécutive. Il obtient alors 63 % du vote populaire, un résultat remarquable pour un gouvernement aspirant à un troisième mandat.

Saskatchewan , parlement de la
Cet édifice illustre le style beaux-arts, mouvement architectural qui a profondément marqué l'architecture d'édifices publics au Canada au XXe si\u00e8cle (photo de Edward Gifford/Masterfile).

Pendant ces deux premiers mandats, Brad Wall a eu la chance de gouverner au cours d’une période d’exceptionnelle croissance et de prospérité pour la Saskatchewan. « Pauvre petite province démunie » pour la majeure partie de son histoire, la Saskatchewan est avantagée, depuis environ 2005, par l’explosion du marché mondial des produits de base. Elle touche des revenus record pour ses produits agricoles et les fleurons de ses ressources minières (dont le charbon, l’uranium, la potasse et le pétrole). Avec l’économie qui tourne et les revenus provinciaux en hausse, le gouvernement de Brad Wall dépose une suite de budgets équilibrés. Il y a eu aussi des baisses d’impôts et de gros investissements dans les services sociaux, en santé et en infrastructures.

Les vaches grasses économiques ont pris fin en 2015, quand le prix du pétrole a décliné et que la demande mondiale pour les produits de la province s’est amoindrie. Le gouvernement de Brad Wall a été obligé d’annoncer son tout premier budget déficitaire, en 2016. Ce facteur ne semble pourtant pas avoir compromis sa réélection, la même année.

Pendant ses mandats successifs de premier ministre provincial, Brad Wall a su esquiver les critiques portant sur son passé comme membre du personnel politique d’un gouvernement Devine grevé par les scandales. On l’a aussi attaqué pour avoir rompu sa promesse de ne pas signer l’Accord sur le commerce, l’investissement et la mobilité de la main-d’œuvre, rebaptisée New West Partnership Trade Agreement. Il s’agit là d’une entente controversée datant de 2010 entre la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique qui uniformise les réglementations entre ces trois provinces et amplifie, entre elles, le commerce et la circulation interprovinciale des travailleurs (voir aussi Accord de libre-échange canadien).

La question du leadership national

Contrairement à bon nombre de premiers ministres provinciaux issus de petites provinces (la Saskatchewan a tout juste un peu plus d’un million d’habitants), Brad Wall est parvenu à se faire un nom en dehors de sa province en se prononçant régulièrement sur des questions d’envergure nationale. Il a fait la promotion au plan national de la réforme des soins de santé. Il s’est opposé à une taxe nationale du carbone. Il a été une des figures de proue de la promotion de l’abolition du Sénat canadien. Il a aussi critiqué le gouvernement fédéral sur ses choix en matière de politique étrangère. Il a, par exemple, soulevé la question de savoir si le plan des libéraux fédéraux visant à faire venir des réfugiés syriens au Canada, en 2015, représentait ou non une menace terroriste.

En 2016, Brad Wall a remporté un troisième mandat provincial alors que de nombreux gouvernements conservateurs, tant au niveau provincial que fédéral, ont connu une succession de défaites. Il est donc (avec le premier ministre provincial conservateur du Manitoba, Brian Pallister) un des deux chefs de gouvernements explicitement et ouvertement de droite au Canada. On peut aussi faire valoir que Brad Wall est aujourd’hui le plus puissant de tous les hommes politiques d’orientation conservatrice au pays. La question du leadership national s’est donc posée, dans son cas. Brad Wall lui-même a cherché à faire taire les rumeurs dans les médias voulant qu’il envisagerait de se tourner vers la politique nationale et de briguer la position de premier ministre fédéral.

Le 10 août 2017, Brad Wall annonce son retrait du poste de premier ministre provincial, aussitôt que son parti aura choisi un nouveau chef. Le 27 janvier 2018, Scott Moe, membre du conseil exécutif de Brad Wall de 2014 à 2017, est élu à la chefferie du Parti saskatchewanais. Il est assermenté comme premier ministre le 2 février 2018, date à laquelle Brad Wall démissionne.