Reportage

A Sciences-Po, des étudiants mobilisés contre la «dictature macronienne»

Ce mercredi, le principal bâtiment de l’école parisienne était occupé par des étudiants afin de protester contre la politique du chef de l’Etat.
par Juliette Pietraszewski
publié le 18 avril 2018 à 20h36

Rue Saint-Guillaume, au cœur de quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Au bâtiment 27, plusieurs dizaines d’étudiants bloquent les portes d’entrée. Aux balcons, les banderoles annoncent que les étudiants de Sciences-Po se dressent «contre la dictature macronienne».

«Mardi soir, l'assemblée générale composée de 250 élèves a voté en très grande majorité l'occupation du "27". Une action qu'elle a souhaitée pacifique», témoigne Djibril, étudiant en master. «Des mails ont été envoyés lundi soir pour prévenir tous les étudiants de ce mouvement.» Devant la porte principale du bâtiment, la sécurité de Sciences-Po maîtrise les entrées et les sorties des étudiants «bloqueurs». «C'est une occupation avant d'être un blocage, poursuit Djibril mais la sécurité présente devant le bâtiment laisse uniquement passer les étudiants mobilisés. Et quand quatre d'entre eux veulent sortir du bâtiment, ils en laissent quatre autres rentrer.»

Un peu plus loin, Hugo, également en master, observe les banderoles accrochées sur lesquelles on peut lire «Ici sont formés ceux qui sélectionnent, bloquons la fabrique à élites» ou encore «Macron, ton école est bloquée». Sur le trottoir d’en face, Samira, étudiante à Sciences-Po et membre de l’association l’Intersection souhaite tirer les choses au clair : «On entend des critiques parce qu’à Sciences-Po, nous sommes sélectionnés… Nous ne serions donc pas légitimes dans ce mouvement de contestation. Mais justement, si toutes les filières deviennent sélectives, de nombreuses inégalités vont émerger : les études supérieures, ça doit rester un choix !» A ses côtés, Lila poursuit : «Notre mobilisation est solidaire, Sciences-Po reste un espace universitaire. On s’inscrit dans les mouvements de Paris-8, Nanterre ou Tolbiac.»

Samira et Lila sont issues de la procédure «égalité des chances». Mais si toutes les deux sont le résultat de mesures mises en place en faveur de plus de diversité à l’école, les étudiants mobilisés estiment que Sciences-Po offre un aperçu de ce à quoi va ressembler l’enseignement supérieur avec les réformes du gouvernement. «L’accès à l’école reste fortement inégalitaire, une sélection sociale qui se renforce au cours de la scolarité du fait de la pression scolaire et mentale subie», expliquent les bloqueurs.

Un symbole fort, c'est aussi ce que souhaitent mettre en place les occupants du «27». «Sciences-Po sert de laboratoire aux politiques néolibérales et racistes telles que celles orchestrées aujourd'hui par le gouvernement», peut-on lire sur les tracts distribués. «A travers cette occupation, on s'oppose à plusieurs mesures : la loi ORE [Orientation et réussite des étudiants, ndlr] n'en est qu'une parmi tant d'autres. Les occupants se dressent aussi contre la loi asile et immigration, la réforme SNCF, les expulsions des zadistes à Notre-Dame-des-Landes, ou encore la réforme d'austérité dans la fonction publique…», explique Simon, étudiant en master. «Le contenu de certains cours laisse clairement transparaître une idéologie néolibérale qu'on dénonce. Alors cette mobilisation aujourd'hui est hautement symbolique.»

Les bloqueurs manifesteront ce jeudi aux côtés des cheminots, fonctionnaires, syndicats, personnels des hôpitaux et d'autres confrères étudiants. Ils annoncent également vouloir reconduire l'occupation. «Cette décision vaut jusqu'au retrait de la loi ORE et de toutes les lois antisociales et racistes portées par le gouvernement», lit-on sur un tract.

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